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Economie

TRANSFERTS D’ARGENT - Charges prohibitifs : L’informel vit de la cherté des circuits officiels

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TRANSFERTS D’ARGENT - Charges prohibitifs : L’informel vit de la cherté des circuits officiels

Tant que les frais d’envoi seront excessifs, de nombreux usagers vont se tourner vers l’informel.

Si l’argent entrant coûtait moins cher, beaucoup de choses changeraient au Sénégal. Le nombre de bureaux de réception ou d’envoi de l’argent montre à quel point de nombreux Sénégalais sont dépendants de l’argent venu d’ailleurs. Mais à côté des enseignes officielles, Sandaga, le marché Hlm ou Tilène, abritent bien d’officines discrètes, sans aucune enseigne, qui pratiquent le transfert d’argent sans bruit. Connus des initiés, ces bureaux font des affaires florissantes sous le dos des opérateurs reconnus. «Mais c’est la faute de ces derniers», assure Matar Ndiaye, venu retirer de l’argent dans un de ces bureaux, au Point E, vers la mosquée. «Ils pratiquent des taux si élevés que mon frère a préféré renoncer à envoyer de l’argent par eux. Ici, il m’a assuré que 500 euros envoyés ne lui coûtent pas plus de 3 000 francs Cfa. Là où les autres taxes plus de 15 000 Cfa. Il n’y a pas photo !»

Les transferts d’argent représentent, pour le Sénégal, l’équivalent de 30% de ses recettes d’exportation, ou de 8% du Produit intérieur brut, selon des chiffres tirés des bases de données de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (Fmi). Selon ces deux critères, le Sénégal se classe, respectivement, en quatrième et sixième position continentale, des pays récepteurs de fonds venant des citoyens émigrés. Mais en termes absolus, le Sénégal est en troisième position des pays récepteurs de fonds individuels venant de l’étranger, après les deux géants anglophones que sont le Kenya et le Nigeria. Ces données montrent, si besoin en était, l’inanité de tous les efforts qui tendent à retenir les enfants du pays au terroir si on ne leur offre pas d’alternatives crédibles. Alors qu’ils voient par-là, une manière efficace de soutenir des familles et de préparer leur avenir. Mais ces efforts pourraient être encore mieux récompensés si les frais de transfert ne rongeaient pas une portion importante de ces fonds.

Les études de la Banque et du Fmi, notamment celles menées par Sanjeev Gupta, Catherine Pattillo et Smita Wagh, sur l’impact des transferts d’argent sur la lutte contre la pauvreté dans les pays d’Afrique au sud du Sahara, ont cherché à démontrer que si elles sont bien conduites, les politiques de gestion des transfert d’argent, non seulement pourraient aider à réduire la pauvreté dans les pays d’Afrique, mais pourraient en plus permettre d’accélérer l’insertion de nombreux flots d’argent dans l’économie formelle.

Les auteurs indiquent, à la suite de nombreux autres, que les près de 10 mille milliards de francs Cfa (environ 20 milliards de dollars américains) qui entrent en Afrique par les circuits officiels de transfert d’argent, ne sont que la moitié, au mieux, des flots d’argent transférés annuellement par les migrants. Et la raison principale de cette désaffection des circuits officiels de transfert, est le taux élevé des frais de transfert. Tous ceux qui reçoivent de l’argent de France, d’Italie, ou des Etats-Unis d’Amérique connaissent les complaintes de leurs proches qui leur envoient l’argent, sur les lourdes charges que cela représente pour eux.

Cela est tel que les circuits parallèles qui se développent partout voient leurs affaires prospérer. Ainsi, à part Matar Ndiaye dont le frère est à Milan, des exemples existent dans d’autrres pays. Pour les Etats-Unis, par exemple, là où l’envoi de 100 dollars au Sénégal coûte près de 20 dollars à l’expéditeur qui s’adresse à Western Union, les circuits informels lui taxent moins de 10 dollars pour le même montant. Et ces dits circuits sont comparables à ceux formels en termes de rapidité et de fiabilité. D’Allemagne, envoyer 100 euros ou plus au Sénégal coûte aussi 20 euros à l’expéditeur.

Bien entendu, Western Union, Money Gram et les autres clament que leurs charges les obligent à maintenir des taux quasi prohibitifs. Ils assurent que la majeure partie de leurs gains va dans les caisses des Etats sous formes de taxes ou d’impôts. Mais beaucoup d’experts sont convaincus qu’ils ne se ruineraient pas en procédant à des réductions sensibles de leurs profits pour le bénéfice de leurs usagers.

Ces efforts ont déjà commencé d’ailleurs, bien qu’ils restent encore marginaux par rapport aux véritables sources de profit. Où se trouve l’intérêt de réduire les frais de transfert à l’intérieur du pays, quand on sait que la majeure partie de l’argent des transferts provient de l’étranger ? Au même moment, de nombreux banquiers reconnaissent que cet argent venu de l’extérieur sert à lancer de petites activités génératrices de revenus pour des individus ou des familles. Or, ces derniers, souvent rebutés par les pratiques bancaires, confient leur argent à des institutions de microfinance. D’où le succès grandissant de ces dernières, que les banques classiques cherchent maintenant à investir. Or, la confiance passerait peut-être, pour les banques et leurs institutions partenaires, dans les transferts d’argent, à permettre à ces individus ou familles de pouvoir recevoir plus d’argent de l’extérieur, par la pratique de taux moins usuraires.



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