Le président de la République semble avoir été tenu à l’écart des transactions qui ont abouti à la perte, par le Sénégal, de son seul avion de surveillance côtière. La nouvelle ayant été portée sur la place publique par Le Quotidien, il a demandé des comptes aux ministres concernés, ainsi qu’à la haute hiérarchie de l’Armée.
La réaction à l’article publié par Le Quotidien, sur le troc perdant de la Marine nationale, n’a pas tardé. Le Président Wade, qui ne cache jamais son aversion pour la Presse de son pays, mais qui se tient bien informé de tout ce qu’elle rapporte, a pris la mouche en tombant sur les informations publiées dans le N°1824 du journal, daté du vendredi 6 février. Il a aussitôt envoyé des demandes d’explications aux ministres chargés des Forces armées et de l’Economie maritime.
Le président de la République a voulu comprendre comment une transaction de cette nature a pu avoir lieu, engager un patrimoine de l’Etat chèrement acquis, sans qu’il n’ait été, à aucun moment, informé. Peu content, sans doute, des réponses que lui ont fournies ses ministres, le chef de l’Etat a convoqué la hiérarchie militaire, avec, à sa tête, le chef d’Etat-major général de l’Armée (Cemga), le général Abdoulaye Fall. Le colonel Alain Charlemagne Preira, chef d’Etat-major de l’Armée de l’Air, a, lui aussi, été «cuisiné». Selon les informations obtenues par Le Quotidien, le chef de l’Etat a été scandalisé par la manière dont s’est déroulée cette transaction, qui a abouti, au finish, à la perte, par le pays, d’un aéronef de qualité.
A ce jour, c’est le branle-bas au sein de la haute hiérarchie de l’Armée. Le mot d’ordre semble être, «Tous aux abris !», chacun rejetant la responsabilité de la transaction sur d’autres. Si les civils semblent plus ou moins épargnés dans l’affaire, ils ne sont pas pour autant exempts de blâmes, le Twin Otter canadien ayant, en dernier ressort, appartenu à la Marine. Il était du devoir du ministre de tutelle de faire preuve d’un peu plus de vigilance. Cela dit, les plus lourdes responsabilités reposent sur les gradés de l’Armée. Et au jeu des reproches, aucun n’échappe à la vindicte présidentielle. Même le colonel Mouhamadou Moustapha Diawara, de la haute autorité de l’Aéroport international Léopold Sédar Senghor, a reçu sa part des reproches présidentiels.
Le Quotidien, dans son édition du vendredi citée plus haut, avait relaté les péripéties par lesquelles le Sénégal est arrivé à se dessaisir d’un appareil de surveillance côtière, acquis à l’état neuf grâce à un concours de la coopération canadienne. Le coût de sa maintenance ayant été jugé trop élevé par l’Armée de l’Air, la hiérarchie militaire a trouvé plus avantageux de l’échanger contre un appareil Pilatus Britten Norman, échappé de la casse en Europe. Dans la transaction, l’intermédiaire européen, du nom de Zellair, a récolté un bon pactole de millions de francs Cfa. Malheu-reusement, le Pilatus Britten qu’il a refilé à l’Armée de l’air, pour le compte de la Marine, n’a quasiment jamais fonctionné, et il a été déclassé après un lourd bilan. Son dernier accident a failli coûter la vie à deux sous-officiers de l’Air, après avoir endommagé un autre avion de l’Armée de l’Air. Il semble que ce sont tous ces problèmes, dont il semble avoir tout ignoré, qui ont mis le Président Wade dans tous ses états.
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