Après la visite conjointe effectuée sur le fleuve Casamance pour identifier les contraintes physiques au développement du port de Ziguinchor par le ministre de l’Economie maritime, de la Pêche et des transports maritimes et l’ambassadeur des Pays-Bas au Sénégal, le Sénégal s’est attaqué à la formulation de sa demande de financement dans le cadre du programme des Pays-Bas, intitulé Orio. Ce projet qui vise à rendre accessible le port de Ziguinchor aux gros navires permettra de mieux désenclaver la zone par la création de voies d’accès aisées. Selon le secrétaire général du ministère de la Pêche, Boubacar Bâ, qui présidait la cérémonie, l’évolution intervenue dans les transports maritimes par une massification des flux, génératrice d’économie d’échelle, qui est indispensable à la compétitivité, a amené les armateurs à mobiliser des navires de plus en plus grands qui ne peuvent plus se satisfaire des conditions nautiques existantes dans les ports secondaires, en général, celui de Ziguinchor, en particulier. En outre, la concentration de l’activité portuaire à Dakar est telle que la configuration du site et l’inadaptation des modes de transports terrestres de personnes et de marchandises aidant, la situation risque de confiner à l’apoplexie du système de production pour constituer un obstacle majeur au développement. Ainsi, signale-t-il, ce projet qui est en train d’être négocié par l’Etat a pour but de renforcer la plate forme portuaire globale du Sénégal, et de favoriser le développement des régions concernées, ainsi que l’intégration économique sous régionale, particulièrement avec les pays limitrophes.
Ce programme des Pays-Bas vise, selon Johan Voorthuizen, expert du cabinet Royal Haskoning, commis par l’ambassade des Pays-Bas pour préparer le dossier, à stimuler les infrastructures en accordant des aides financières aux pouvoirs publics des pays en voie de développement et éligibles pour mener à bien des projets dans les domaines des infrastructures publics. Et ces projets doivent être en adéquation avec la lutte contre la pauvreté, la croissance économique et le soutien au secteur privé. Selon l’expert, les critères de sélection des projets sont très rigoureux et le Sénégal doit faire une proposition très concurrentielle pour se qualifier. Ce qui semble ne pas être acquis pour le moment. Car, à quelques semaines de la date butoir de dépôt du dossier de candidature, l’Etat tarde encore à fournir son engagement à prendre en charge la moitié du financement au moment de sa réalisation. ‘Il nous manque encore des informations vitales pour la recevabilité de la demande du Sénégal pour le port de Ziguinchor. Et il nous les faut avant le 19 Avril’, soutient l’expert de Royal Haskoning. Mais, pour Boubacar Bâ qui signale que la mer assure 90 % du transport mondial de marchandises et que l’Afrique ne représente que 1 % de ce transport maritime international, la croissance économique de notre pays est largement tributaire du développement des Transports maritimes. ‘Nous ne pouvons pas laisser passer une telle occasion. L’Etat donnera tous les engagements qu’il faut pour boucler le dossier à temps’, indique Bâ. Dans sa lancée, le directeur des transports maritime fluviaux et des ports, Magaye Guèye soutient que les autorités prendront toutes les mesures nécessaires pour donner leur engagement vue que ce projet va impulser le développement de la région sud mais parce qu’il constitue aussi un facteur d’intégration entre les régions au sud du pays et les pays limitrophes.
Ce projet comporte trois composantes qui sont l’aménagement des voies navigables avec le dragage du fleuve Casamance sur une profondeur de 7 m, avec une largeur de chenal de 400 m. Estimé à environ 16 millions d’euros, soit un peu plus de 10 milliards de francs Cfa, il permettra, selon les experts, aux navires de 5 milles tonneaux de pouvoir accéder au niveau du port de Ziguinchor. L’autre composante est l’aménagement d’une zone d’hydrocarbures. Les camions citernes font tout le tour pour aller ravitailler la région sud alors qu’avec une zone d’hydrocarbures au niveau de Ziguinchor, dimensionné sur la région naturelle de la Casamance mais aussi les pays limitrophes, on pourrait acheminer par des tankers tous les besoins en hydrocarbures de cette région par voie maritime. Enfin, la troisième composante permettra de mettre en place une plateforme aéroportuaire pour la transformation des produits halieutiques et agricoles pour faciliter le conditionnement et l’emballage de ces produits en vue de les exporter dans les meilleures conditions dans les grands marchés d’Europe, d’Afrique et même d’Amérique.
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