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POUR ALLEGER LES FINANCES DE LA SOCIETE AFRICAINE DE RAFFINAGE - L’Etat alourdit la bouteille de gaz

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POUR ALLEGER LES FINANCES DE LA SOCIETE AFRICAINE DE RAFFINAGE - L’Etat alourdit la bouteille de gaz

Cela devait arriver si l’on considère le programme de suppression de la subvention du GPL entamé depuis le 1er janvier 1998 et qui devrait en principe se terminer depuis 2002. Aussi, les raisons avancées par le ministre de tutelle pour justifier la réduction de la subvention sur le gaz butane apparaissent d’autant plus graves que c’est le consommateur qui endosse la responsabilité des opérateurs « mafieux ». Pour peu que l’on veuille alléger les finances de la Société africaine de raffinage (Sar) et appliquer la vérité des prix, il serait plus simple de la part des autorités de dire… la vérité à l’opinion.

De 2200 FCfa à 2700 FCfa voire 3000 FCfa, la bouteille de gaz GPL de 6 kg, très usitée par les ménages sénégalais, est de plus en plus intouchable. Déjà dopés par les pénuries sans précédent du produit, les prix du gaz Gpl vont se retrouver à des niveaux jamais égalés sur le marché local, pesant ainsi trop lourd sur la tête du consommateur, l’Etat ayant pris la mesure de réduire la subvention qui frappait la bonbonne de 6 kg. Réduire est bien le terme utilisé par le ministre de tutelle qui a confirmé la mesure, mais il faut comprendre qu’il s’agit bien d’une suppression progressive programmée depuis 1998. Aussi, quand bien même les raisons avancées par le ministre Madické Niang et qui seraient relatives à un trafic du gaz vers les pays frontaliers comme la Mauritanie et la Gambie étaient avérées, elles apparaissent trop molles et s’avèrent plutôt graves car, des pratiques « mafieuses » d’opérateurs ne justifient pas que ce soit le consommateur qui trinque. C’est à l’Etat de prendre ses responsabilités pour y mettre un terme, mais pas de faire payer au consommateur déjà fortement éprouvé les responsabilités des autres.

Cette responsabilité-là, si les autorités de l’Etat ne sont pas en mesure de la prendre, elles en ont au moins une autre, celle de dire la vérité à l’opinion.
La vérité ou ce qui s’en rapproche le plus, à l’analyse, c’est d’abord le souci de l’Etat d’alléger la chape de plomb qui pèse sur ses recettes budgétaires à travers les énormes subventions encore que celles-ci ne semblent pas effectivement versées, du moins si l’on en croît les anciens dirigeants de la Sénélec, mais aussi ceux de la Sar(Société africaine de raffinage). Dans ce même contexte, il y a le souci pour ces mêmes autorités sénégalaises, de faire plaisir (ne soyons pas méchants), disons d’alléger également les finances de la Sar dont les avatars sont entre autres à l’origine des sempiternelles pénuries de gaz sur le marché local. Cette même Sar avait d’ailleurs eu à agiter la menace de jeter l’éponge dans l’approvisionnement du marché en gaz butane car n’étant plus en mesure de sortir du cadre infernal des dettes sous lesquelles elle croule.

Sous ce rapport, l’Etat étant pris dans cet engrenage de dettes qui, économiquement, n’est pas viable pour un pays comme le Sénégal et dans un bras de fer perdu d’avance par les autorités face aux majors, ce n’est ni plus ni moins le maillon le plus faible, c’est-à-dire le consommateur, que l’Etat a décidé de sacrifier.
Surtout sous la pression de la Sar qui, lors de son dernier conseil d’administration du 19 décembre dernier, avait posé ses exigences relatives, outre la mise à disposition d’une garantie financière équivalente au prix d’un butanier, à l’apurement de ses dettes et le payement des subventions que les distributeurs refuseraient de payer.

Malick NDAW

Un programme de suppression sur cinq ans

Le contexte de dégradation progressive des formations forestières et la sécheresse de 1974 ont décidé les Pouvoirs Publics à la généralisation de l’utilisation du gaz butane comme combustible de cuisson (« butanisation »)
L’objectif majeur était de réduire notablement la pression sur les ressources ligneuses et remplacer progressivement le charbon de bois dans la pratique énergétique des ménages.
Il se posait cependant des contraintes techniques, socio-culturelles et de prix. Les équipements disponibles (gasinières, réchaud à contenance de 2,75 kg) n’étaient pas adaptés au pouvoir d’achat des ménages (pour la gazinière) ou à la taille des ménages (moyenne de 10 personnes). Par ailleurs, l’habitude au charbon de bois et au bois de feu constituait une barrière à la diffusion du GPL, malgré les fréquentes incendies dans les ménages qui en disposaient. Il se trouve en outre que le coût abordable du charbon de bois a limité l’adoption du gaz butane et le coût élevé du gaz et de son équipement freinait son essor.
Devant la faible percée du gaz butane qui n’a bénéficié que de mesures de détaxation de son équipement (bouteille-réservoir, brûleur et support) qui était importé, les Pouvoirs Publics, toujours confrontés aux questions environnementales, ont cherché à doper la demande par : la sensibilisation des populations à travers des séances de tests comparatifs de cuisine charbon/gaz butane pour montrer les avantages du butane ; l’adoption d’une politique de l’énergie domestique à travers une structure de prix incitative qui encourageront les opérateurs privés à investir sur ces marchés émergents et les consommateurs à recourir à ce combustible pour remplacer le charbon de bois

42 milliards de subventions en 24 ans

Ce n’est qu’en 1986 qu’il a été institué la subvention sur le combustible pour garantir la compétitivité du gaz et d’un système de stabilisation des prix en vue de compenser les effets de la fluctuation des cours internationaux du gaz.
Le système de péréquation revenait à une surtaxation de certains produits pétroliers comme l’essence super, le pétrole lampant pour financer la subvention du gaz, tandis que la structure de prix proposait des marges suffisamment attractives pour les différents intervenants (importateurs, transporteurs, grossistes, détaillants, etc…).
Il s’en est suivi un accroissement du taux d’équipement des ménages et ce sont près de 87% des ménages des zones urbaines et 35% des ménages ruraux qui possédaient un réchaud à gaz butane. La consommation moyenne de gaz butane par an est de : 22 kg de GPL par an en milieu urbain contre 8 kg de GPL par an en milieu rural, selon les chiffres du Progede. En termes de « pauvreté », 72% des ménages non pauvres disposent d’un réchaud à gaz contre 54 % des ménages dits « pauvres ». (seuil de pauvreté : 250 et 180 F/jour/adulte en milieu urbain et rural).

En 2002, la consommation de gaz butane était de 104 000 tonnes; ce qui revient à dire qu’elle équivaut à 337 500 tonnes de charbon bois économisées (soit l’équivalent de 40 500 ha de forêts épargnés pour la coupe. Il s’avère qu’1kg de GPL équivaut à 3,375 kg de charbon de bois en terme d’énergie utile.)
Il semble, selon l’étude du Progede, que le gaz butane ne s’est pas substitué au charbon de bois, ces deux combustibles cohabitent dans nombre de ménages.
Toujours est-il que le cumul des subventions annuelles accordées au gaz de 1974 à 1998 tourne autour de 42 Milliards de FCfa, selon l’étude réalisée par le PROGEDE et portant sur “ les coûts d’approvisionnement, de conditionnement, de transport et de distribution du gaz butane au Sénégal ”.

Vérité des prix, vérité à l’opinion

Le programme de suppression de la subvention accordée au gaz butane a été entamé le 1er janvier 1998 et devait s’achever le 1er janvier 2002 sur la base des engagements de l’Etat vis-à-vis des partenaires financiers. En 1998, le niveau de la subvention pour le conditionnement de 6 kg était de 168 652 F/ tonne pour finir à 0 Fcfa/tonne en 2002, tandis que pour le conditionnement de 2,75 kg, le niveau de la subvention était de 159 603 F/ tonne en 1998. La suppression devait ainsi s’effectuer en cinq phases soit une baisse de 20% revenant à une baisse de l’ordre de 42 163 Fcfa /tonne de GPL pour le conditionnement en 6 kg pour chaque phase et 39 901 F/tonne de GPL pour le conditionnementde2,75 kg pour chaque phase.
En l’absence de statistiques et s’il est difficile de mesurer et d’évaluer l’élasticité-
prix de la demande, cependant, une simulation datée de 1998 montre qu’une
augmentation du prix du GPL de 11% entraînerait une augmentation d’environ 4 000 tonnes la consommation nationale en charbon de bois.

Par ailleurs, il apparaît que si les subventions accordées par les pouvoirs publics peuvent être des instruments utiles pour corriger les défaillances du marché et favoriser la réalisation d’objectifs sociaux, tout en compensant les externalités négatives de l’activité économique, elles peuvent aussi avoir des effets préjudiciables dans un certain nombre de secteurs. Aussi, le mécanisme des subventions, à moyen et long terme, ne semble pas viable et le gouvernement devrait plutôt s’astreindre à mettre en place et de manière urgente, d’autres mécanismes plus réalistes et viables permettant de préserver et les caisses de l’Etat et celles des ménages, mais surtout, dire la vérité à l’opinion de même que la vérité des prix.

M. N



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