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Plan REVA et gestion des terres : Création de Domaines Agricoles Partagés en 2009

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Plan REVA et gestion des terres : Création de Domaines Agricoles Partagés en 2009

La création de Domaines Agricoles Partagés (DAP) pour satisfaire les besoins en terre agricole irriguée dans toutes les régions, participera à l’optimisation du travail de la terre, en ce sens que les travailleurs auront à disposition des superficies aménagées et bénéficieront de toutes les commodités. La révélation en a été faite par le directeur de l’Agence Nationale du Plan REVA, au cours d’un entretien.

"Les Domaines Agricoles Partagés sont à l’image des Domaines Industriels ou des Zones d’Aménagement Concerté, initiées dans le secteur de l’habitat en zone urbaine mais aussi la désignation d’une Agence d’exécution, chargée de la maîtrise d’œuvre de l’aménagement des domaines, de la parcellisation et de l’octroi des terres aménagées au demandeur sur la base de critères définis dans un cahier de charges. C’est ainsi que dans le cadre de la mission d’appui à l’initiative privée dans le secteur agricole, l’Agence Nationale du Plan de Retour vers l’Agriculture, selon son directeur El Hadji Sarr, entend jouer pleinement ce rôle pour mettre à la disposition des nombreux citoyens sénégalais des terres aptes à l’agriculture et à l’élevage intensif.

M. Sarr estime que cette problématique de la demande foncière dans le secteur agricole est à la portée de l’Etat. « Compte tenu du potentiel important du Sénégal en terre agricole estimé à 3,8 millions d’hectares de terres cultivables correspondant à 385 ha de disponibles pour 1.000 habitants contre une moyenne mondiale de 86 ha pour 1.000 habitants », a-t-il indiqué. En plus du potentiel foncier, les ressources en eau sont d’un niveau très appréciable. « Elles sont estimées à plus de 35 milliards de mètres cubes renouvelables dont 31 milliards en eau de surface (fleuve Sénégal, Gambie, Casamance, la rivière Kayanga et son affluent l’Anambé, des lacs et des mares) et 4 milliards en eau souterraine », a-t-il précisé. Mais, le ruissellement non maîtrisé, capté par les bassins de rétention, n’est pas pris en compte dans ce bilan. « Dans la seule région de Saint Louis, le bassin draine chaque année plus de 11 milliards de m3 d’eau qui se jettent à la mer », a-t-il révélé.

Surabondance en ressources en eau et en terre

Selon El Hadji Malick SARR, « le niveau de mobilisation des ressources en eau souterraine jusque là utilisées essentiellement pour satisfaire la demande en eau potable, est de l’ordre de 5,5%. Cette situation de relative surabondance en ressources en eau et en terre, contraste avec le niveau faible des superficies irriguées qui sont de 9 ha pour 1000 habitants. »

Pour le Directeur de l’Agence, « les objectifs d’un bon aménagement du territoire poursuivis par l’Etat devraient conduire au rééquilibrage des phénomènes de migrations internes (exode rural) et cela passe nécessairement par une valorisation des potentialités de chaque zone surtout dans le domaine agricole où les opportunités d’emplois attractifs sont immenses. » C’est ainsi qu’il faudra s’appuyer sur ce potentiel et créer un cadre incitatif d’accès à la terre à travers l’aménagement de vastes superficies (DAP) avec une maîtrise totale de l’eau. En effet, ces aménagements permettront de pallier la perte d’opportunités d’installer de gros producteurs agricoles privés sénégalais ou étrangers et aussi de renforcer la décentralisation en offrant la possibilité d’un partenariat Public-privé jusque là peu exploité dans le secteur agricole.

Par ailleurs, El Hadji Malick SARR a tenu à rappeler que l’appel pour le retour vers la terre du chef de l’Etat, au-delà des agriculteurs traditionnels, cible une nouvelle catégorie de citoyens non susceptibles de disposer de terres, à savoir les fonctionnaires de l’Etat, les membres du gouvernement, les députés, les organisations socioprofessionnelles, les travailleurs du secteur privé, les émigrés et surtout des promoteurs privés nationaux ou étrangers. En ce sens, l’Agence REVA compte également simplifier les procédures « en éliminant toutes formes de goulots d’étranglements pour les personnes physiques ou morales intéressées par la destination agricole du Sénégal et les deux programmes, GOANA et REVA. »

Accroître l’offre en terres

Comme a tenu à le préciser le directeur de l’Agence, un cadre ordonné et organisé de réalisation de Domaines Agricoles Partagés (DAP), disposant d’un mécanisme d’affectation clair et transparent, a été proposé. Cette démarche, estime-t-il, est une option de l’Etat pour accompagner efficacement les demandeurs de terres agricoles destinées à l’irrigation et procède d’un souci de sécurisation foncière qui constitue un aspect essentiel pour les pratiques modernes de l’activité agricole, ouvertes désormais aux partenaires financiers et à diverses formes de transactions de plus en plus exigeantes en matière de sécurité et de transparence du statut des terres.

L’objectif du projet est, selon M. Sarr, d’accroître l’offre de terres agricoles aménagées et de garantir ainsi de meilleures conditions de mise en œuvre de la Stratégie de Croissance Accélérée, du Retour vers l’Agriculture (REVA) et de la Grande offensive Agricole pour la Nourriture et l’Abondance (GOANA)

Le projet de Domaines Agricoles Partagés concerne toutes les régions du Sénégal et sera adossé au potentiel en terres irrigables disponibles. « Les évaluations existantes ont permis d’estimer ce potentiel à près de 500.000 hectares dont 240.000 ha dans la région du fleuve Sénégal, 100.000 ha dans la zone du fleuve Gambie, 20.000 ha dans le bassin de l’Anambé, 50.000 ha dans la zone du lac de Guiers et plus de 100.000 ha par l’exploitation des eaux souterraines »

Le Directeur de l’Agence a par ailleurs fait savoir qu’un travail d’identification de sites pouvant accueillir des domaines agricoles est déjà entrepris au niveau de l’ANREVA et sera ultérieurement complété par des études. D’ailleurs, le ciblage de zones effectué jusque là porte sur la vallée du fleuve Sénégal avec plus 10.000 hectares disponibles dans la zone de Ndialakhar, la grande côte, la zone de Mbour, les départements de Kaffrine et de Nioro avec leurs vastes étendues de terres cultivables, la zone sylvo-pastorale notamment les départements de Linguère et de Louga, avec ces terres en jachère et la zone de Keur Momar Sarr rattachée au potentiel hydraulique du lac de Guiers et également les terres neuves dans le département de Tambacounda et la zone Sud marquée par des terres très riches et la possibilité de mobiliser en plus des eaux souterraines.

Selon El Hadji Malick SARR, la réalisation se fera suivant un schéma de partenariat public-privé entre l’Etat et les futurs promoteurs privés à installer. « L’Etat assurera la réalisation des infrastructures collectives, tandis que les privés se chargeront des infrastructures terminales », a-t-il dit et d’ajouter que pour les jeunes agriculteurs, « des possibilités d’appui et d’accompagnement pour l’investissement à la parcelle et l’encadrement seront trouvées. »

Dans le cadre de ce projet, plusieurs activités sont prévues avec notamment l’identification et le choix des sites devant abriter les domaines agricoles sur la base des terres irrigables disponibles pré-identifiés, l’aménagement des domaines et la parcellisation en des tailles en fonction des cibles (GIE de jeunes, promoteurs privés, GPF, ...), l’identification et installation des bénéficiaires, l’élaboration du cahier des charges pour la sélection des promoteurs à installer, le renforcement des capacités des bénéficiaires (pour les jeunes agriculteurs installés) et aussi la mise en valeur des périmètres.

Agence de l’eau agricole

Pour ce qui est du cadre institutionnel et organisationnel, deux missions essentielles seront confiées à l’Agence REVA, qui assurera la maîtrise d’ouvrage pour le compte de l’Etat, de l’aménagement des Domaines Agricoles Partagés (DAP) et également la fourniture d’eaux agricoles aux exploitants. « L’Agence aura un statut d’agence de l’eau agricole qui fait défaut dans la majeure partie du territoire national », a assuré et l’A.N.REVA sera donc chargée de la réalisation des domaines. Son intervention, comme l’a expliqué El Hadji Malick SARR, portera entre autres, sur la prospection et l’identification des sites à aménager, la coordination entre les différents acteurs concernés, l’élaboration de termes de référence et consultation des bureaux d’études et des entreprises, la supervision et réception des travaux. La gestion de la demande en terre agricole (affectation, vente de parcelles,...), la gestion et vente de l’eau et également le conseil technique et agricole aux jeunes agriculteurs installés seront également pris en compte.

Le Directeur de l’Agence n’a pas manqué de souligner le vide institutionnel qui existe pour la fourniture de l’eau agricole dans la majeure partie du pays. « Cette fonction est essentielle si le Sénégal veut se positionner dans la pratique de l’irrigation qui constitue du reste un des gages de souveraineté alimentaire », a-t-il dit. Selon M. Sarr, « la demande en eaux agricoles dans la zone des Niayes au niveau des quotas maraîchers en 2008 dépasse 50.000 m3 / jour et malgré les objectifs définis par l’Etat dans la lettre de politique sectoriel de 2003 de plafonner les quantités d’eau allouées à l’irrigation dans les Niayes à 11.000 m3 / jour, la SDE fournit plus de 18.000 m3 / jour aux maraîchers avec des pointes pouvant atteindre 25.000 m3 / jour ».

Une première phase de cinq ans

Cette fourniture d’eau potable aux maraîchers, poursuit-il, pose un sérieux problème pour l’Etat, qui subventionne à hauteur de 2 milliards de FCFA le tarif maraîcher et pour la SDE confrontée aux difficultés relatives à la couverture des besoins en eaux des populations de Dakar. Et des changements dans le court et le moyen terme commandent à l’Etat de mettre en place une structure forte dans le secteur de l’eau agricole pour tout le territoire national.

Ce projet se fera en deux phases selon le directeur. « Une première phase de cinq ans « phase de lancement » avec un objectif de 500 ha aménagés par an », a-t-il souligné. Cette phase, estime-t-il, permettra à l’Agence de bien élaborer le dispositif de mise en place des aménagements, de gestion et de fourniture de l’eau, le cadre réglementaire pour l’affectation des parcelles et la cession à terme avec un titre de bail. Une seconde phase « phase de consolidation » avec un objectif de 1000 ha par an.

Le projet constitue, selon le Directeur de l’Agence, un levier opérationnel pour la mise en œuvre de la Stratégie de Croissance Accélérée notamment pour la grappe Agriculture et Agro-industrie et permettra de répondre efficacement à la demande en terre agricole pour le REVA et la GOANA. « Ce projet permettra de transformer le secteur agricole en véritable pourvoyeur d’emplois pour la jeunesse et contribuera du coup à lutter efficacement contre la pauvreté et l’exode massif des jeunes vers les villes mais aussi vers les pays étrangers », a-t-il expliqué. Dans ce sillage, il a précisé qu’au bout de la première phase de cinq ans, 2.500 hectares de superficies avec maîtrise totale de l’eau aménagés pour l’irrigation, avec la création d’au moins 12.500 emplois agricoles directs. Toujours au cours de cette première phase, 37 500 tonnes de fruits et légumes seront produites annuellement, l’exode et le sous emploi en milieu rural seront réduits, les revenus des ruraux augmentés et une meilleure contribution de l’agriculture à la formation du PIB sera assurée. Le déficit de la balance commerciale sera réduit et la sécurité alimentaire renforcée. Pour ce qui est de la seconde phase, les résultats vont passer du simple au double. « Les besoins en financement pour le Projet d’Aménagement de Domaines Agricoles Partagés (DAP) sont de quinze milliards (15 000 000 000) de FCFA pour la première phase de cinq ans, soit 3 milliards /an pour toute la durée de la première phase », a-t-il précisé.



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