« L’Asecna est un symbole à ne point casser ». C’est du moins l’avis d’un ex-agent de l’Agence pour la Sécurité de la Navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna). Dans un document transmis à notre rédaction, M. Oumar Touré n’a pas caché sa crainte pour le Sénégal. Il estime qu’une sortie du pays de l'Asecna peut réveiller les « appétits » de la Fir océanique.
« Au rang des conséquences d'un départ du Sénégal de l'Asecna, on peut sans grand risque de se tromper, inscrire la menace d'implosion de l'Agence, ce qui se traduirait non par une balkanisation du ciel Africain, comme souvent affirmé, mais pire par l’atomisation de ce ciel. Donc une multiplication de risques », précise sans détour M. Touré d'autant que l'Afrique avec moins de 3% du trafic mondial, enregistre plus de la moitié des accidents. Selon lui, l'Asecna a connu au cours des 10 à 15 dernières années, des mutations profondes marquées notamment par une politique sociale très hardie. Donc, un retrait du Sénégal de l'Agence dans ces conditions serait de nature à créer une situation contentieuse complexe. M. Touré indique que la Fir océanique de Dakar (espace aérien au-dessus de l'Atlantique), gérée par le Portugal jusqu'en 1955 ensuite par la France, puis transférée au Sénégal n'a pas toujours été dans sa configuration actuelle. L'espace a connu des modifications.
Ces contours d'aujourd'hui ne sont pas ceux de 1982. Dès lors, il est à craindre qu'une sortie du Sénégal de l'Asecna ne réveille les appétits de la Fir océanique. Un nouveau « raid » contre la Fir est alors tout à fait envisageable de la part de prétendants que l’on ne soupçonne même pas aujourd’hui.
Auquel cas la tâche pour conserver 7358 km de la Fir océanique n’en sera, dans la durée, que plus ardue pour le Sénégal. Cela ne serait ce que par réaction de « représailles » contre un ex-membre de l’Agence, les Etats africains de l’Asecna pourraient être tentés de lui opposer leurs voix aux différentes instances de l’Oaci et de Car/Sam. Ainsi, un maintien du Sénégal dans l’organisation inter-gouvernementale est donc un gage de pérennité pour la Fir océanique.
Dans une Afrique où les difficultés de tous ordres (les crises, les faillites avec leurs lots de malheurs, de drames pour les travailleurs et corps social tout entier) sont les choses les mieux partagées par les entreprises dit-il, l'Asecna tient debout et affiche une bonne santé. « C'est donc dire que sur ce continent où le destin est particulièrement avare en organisations de coopération continentales, régionales, sous-régionales viables, performantes, durables, l'Asecna avec son demi-siècle au service des Etats africains et de l'aviation civile mondiale, est un symbole à ne point casser », insiste l’ex-agent de l’Asecna. Ainsi, M. Touré est pour un maintien du Sénégal, cette pièce maîtresse du dispositif au sein de l'Agence pour plusieurs raisons. D'abord il a estimé qu'une défection totale du Sénégal provoquerait à coup sûr un grand désarroi et un grand ressentiment des autres Etats à son endroit ; ensuite les redevances de route étant facturées en fonction du poids des avions et surtout des distances parcourues, il va de soit que les petits et moyens territoires ne sont pas particulièrement bien favorisés au titre de ce produit.
À cela, s'ajoute les grandes difficultés posées par la question des recouvrements, domaine dans lequel l'Asecna dispose d'une expertise avérée, favorisée par l'installation du service à Paris.
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