Msc Musica au sommet de l’Oci : La note grave du scandale - Moins de la moitié des cabines occupée

Sans avoir à sortir du Port de Dakar, les personnes hébergées sur le navire Msc Musica ont eu un séjour de rêve dans un cadre enchanteur. Nourris logés et blanchis aux frais… du Prince, plusieurs d’entre eux ne regretteront qu’un fait : les bonnes choses se terminent trop vite.

Les journalistes étrangers et les délégations logés sur le Msc Musica garderont un très bon souvenir de la Téranga sénégalaise. En effet, vu les conditions de leur hébergement sur ce navire, les quelques centaines de personnes qui se sont retrouvées sur ce bateau, parqué au Môle 1 du Port de Dakar, n’ont aucune raison de se plaindre du gouvernement du Sénégal, tout au contraire.

Rappel. Il y a quelques jours, parlant du coût de la location ce de navire italien (Voir Le Quotidien n°1552 de samedi 8 et dimanche 9 mars 2008), Le Quotidien rappelait les propos tenus en son temps par le directeur exécutif de l’Agence nationale pour l’organisation de la conférence islamique (Anoci), M. Abdoulaye Baldé. Relativisant la somme de 8 milliards de francs Cfa décaissés pour la location du paquebot pendant une huitaine de jours, M. Baldé affirmait, devant les caméras de la Télévision nationale que les frais que paieraient les personnes hébergées sur ce bateau-hôtel allaient largement compenser les frais de location. Or, à l’arrivée, après avoir recueilli les confidences de quelques journalistes logés sur ce bateau, on apprend qu’en fait, le Sénégal, non content d’avoir réglé rubis sur l’ongle le bateau, n’a rien demandé, et donc, rien encaissé en retour. Une consœur d’un pays arabe, interrogée hier vendredi, ne cachait pas sa satisfaction : «Nous sommes mis dans des conditions très confortables, et sommes logés en pension complète sur le bateau.» Elle explique que tout le monde sur le bateau a droit au petit-déjeuner, au déjeuner et au dîner. «Les repas sont servis avec une bouteille d’eau minérale. Tout le reste est en extra. Les personnes qui voudraient prendre une autre boisson en plus de l’eau, doivent la régler directement de leur propre poche.» La journaliste a tenu à préciser que le menu était excellent, et que les plats étant à la carte, ce qui donnait droit à une variété de choix assez étendue. D’ailleurs, ces deux derniers jours, le chef s’est essayé à proposer des plats sénégalais, ce qui n’a pas manqué de plaire fortement aux bénéficiaires.

En plus d’être logés et nourris aux frais de la princesse, les personnes logées au Msc Musica, avaient droit, comme tous les autres délégués, à une navette gratuite jusqu’au centre des conférences, à l’hôtel Méridien. Contrairement à ce qui avait été dit, ces navettes n’ont pas du tout été payantes. La seule chose qui leur a été demandée, affirme un confrère d’un pays de la sous-région, c’est de payer le service. «On nous a fait comprendre qu’il était de bon ton de payer quelque chose, équivalent à un pourboire, pour chaque jour passé à bord.» Ce pourboire n’est pas non plus de nature à ruiner quiconque, étant laissé à l’appréciation de chaque individu, «même s’il est encouragé de donner un minimum de 6 euros (soit 3 930 francs Cfa) par jour». Ce qui n’est pas mortel, quand on apprend que tout ce monde, comme des journalistes nationaux à l’hôtel Méridien, a reçu ses per diem. Le tarif ici aussi, est le même que pour des membres de la presse locale : 140 000 francs Cfa !

Cette performance des organisateurs de la Conférence islamique dépasse tout ce que l’on peut imaginer. Jamais, nulle part dans le monde, dans aucune rencontre internationale, les participants, et encore moins les journalistes, n’ont jamais été totalement pris en charge gratuitement. Or, ici, non seulement les journalistes logés sur le site n’ont rien eu à payer, ni à l’enregistrement, ou pendant leur séjour, mais c’est à eux que l’on a remis de l’argent. Naturel donc que tous vantent la générosité dont ont fait preuve à leur égard l’Etat du Sénégal et ses représentants.

Mais pour couronner la prodigalité, la raison qui a été avancée pour justifier la location du paquebot était l’insuffisance de réceptifs hôteliers pour loger les nombreux participants attendus à la conférence. C’est cela qui a contraint l’Anoci à aller faire des réservations jusqu’à Saly Portudal, pour parer à d’éventuelles situations d’engorgement à Dakar. Il se disait que même le Msc Musica, avec ses 1275 cabines de luxe serait à peine suffisant pour contenir les journalistes du monde entier venus couvrir l’évènement. Or, à l’arrivée, qu’est-ce que l’on apprend ? Que le Msc Musica est resté à moitié vide durant tout le temps qu’il est resté amarré à Dakar. En plus des journalistes à bord, l’une des stewards du navire confirme qu’à aucun moment ils n’ont eu à faire le service pour 500 personnes ou plus.