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Economie

LATSOUKABE FALL, DIRECTEUR GENERAL DE LA SENELEC : ” La Senelec n'est responsable ni de la hausse ni de la baisse du prix de l'électricité ”

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LATSOUKABE FALL, DIRECTEUR GENERAL DE LA SENELEC : ” La Senelec n'est responsable ni de la hausse ni de la baisse du prix de l'électricité ”

Entretien à bâtons rompus avec le Directeur général de la société d'électricité du Sénégal (Senelec).Latsoukabe fall met ainsi "la lumière" sur des zones d'ombre. Il nous parle entre autres des besoins de financement et de fonctionnement de Senelec. Mais aussi l'origine des délestages et le prix de l’électricité qui, à ses yeux, ne dépend pas de sa société.

Le Matin : Monsieur le directeur général, la Senelec a passé durant ces dernières années une période difficile, où en êtes-vous aujourd’hui dans le programme de redressement ?

Latsoukabé Fall : C’est vrai que la Senelec a passé une période difficile depuis quelque temps. Ces difficultés sont en train de s’atténuer certes, mais demeurent en partie. Comme vous le savez, au niveau de l’offre il y a un retard par rapport à la demande que nous essayons de résorber à travers un programme d’investissement qui est en cours d’exécution. La situation financière de la Senelec n’est pas non plus des meilleurs. Aujourd’hui, l’Etat a fait un effort de capitalisation de la Senelec pour lui permettre de confronter ses fonds propres et les mettre essentiellement en harmonie avec les règles de l’Ohada parce qu’à la fin de l’exercice 2006, nous étions tombés dans une situation telle que les fonds propres étaient en deçà de la réalité.
Ce qui normalement devrait amener à faire cesser les activités de l’entreprise, sauf s’il y avait recapitalisation. Ce qui a été fait le 27 juillet dernier. L’Etat a décidé que la société reprenne souffle en injectant 65 milliards dans l’entreprise pour lui permettre de fonctionner, de payer certains retards et de repartir d’un bon tir.

Malgré cela, la Senelec est encore à la recherche de financement. On parle de 89 milliards ou quelque chose comme ça. Est-ce qu’on peut dire que la Senelec est devenue un véritable gouffre financier ?

Il faut préciser une chose : il y a les besoins de financement de fonctionnement d’un côté sur lesquels l’Etat intervient et il y a les besoins de financement de l’investissement. De l’autre les besoins de financement de l’investissement répondent présents dont les quotes part liés à l’électricité s’élève à 520 milliards de Fcfa. Tout n’est pas totalement pris en compte au niveau de la Senelec. Il faut comprendre dans tout ça qu’il y a les investissements privés de l’électricité qui s’élèvent à peu près à quelque 267 milliards.
Mais au-delà de ça, à l’intérieur de la Senelec, il y a des besoins d’investissement dans la production, dans le transport…, sur lesquels Senelec peut s’engager avec les bailleurs traditionnels qui nous soutiennent à obtenir des financements. Il y a aussi un besoin de financement de l’exploitation au sein de l’entreprise. La dernière étude qui avait été commanditée par les bailleurs de fonds et faite par un cabinet extérieur, les besoins s’élèvent à quelque 109 milliards. Dans ces 109 milliards, l’Etat a déjà injecté 65 milliards et les autres bailleurs ont pris l’engagement de verser d’autres montants qui pourront compléter les besoins de financement de l’exploitation de l’entreprise qui sont importants mais qui sont en adéquation avec ses besoins pour repartir sur de très bonnes bases.

On avait remarqué une certaine accalmie dans les délestages, mais ces derniers temps, il y a un retour de ces délestages. Cela est dû à quoi ?

Je crois qu’on n’a pas la même analyse de cette situation. Ce sont ces derniers temps que les délestages se sont atténués.

En tout cas dans la banlieue : Parcelles assainies et autres, on reste 24 heures sans électricité ?

24 heures ça ne peut pas être un délestage. Parce qu’il faudrait que nous aussi avec les journalistes qu’on organise un séminaire de mise à niveau. Les délestages dans le jargon de la Senelec c’est par manque de production lié à un déficit de production, une machine en panne etc. En fait, il arrive dans certaines zones qu’il y ait un problème de réseau ou d’interruption de service. 24 heures c’est extrêmement long, ce n’est pas explicable même dans le cadre du réseau, ça ne devrait pas se passer. Mais en réalité, ce que je devrais vous dire c’est qu’en résumé, au début de l’année, la Senelec a connu beaucoup de problèmes d’approvisionnement en combustibles qui ont fait qu’il y a eu manque de production qui a occasionné les délestages.
Un déficit de combustibles, ce qui est extrêmement pernicieux. Aujourd’hui, cette question est en train d’être réglée si elle ne l’est pas actuellement à travers une ligne de financement qui nous a été allouée depuis quelque temps. Ce qui nous permet d’importer du combustible à travers le retour de la confiance des distributeurs locaux, par rapport aux crédits qu’ils faisaient à la Senelec. La situation est gérée telle qu’on n’a pas connu de délestages comme avant par manque de combustible. D’un autre point de vue aussi, les machines que nous avons, nous les entretenons de telle sorte que le parc de la Senelec puisse être là de façon quasi permanente.
Ce que je peux dire c’est que tout dernièrement, la société Gti qui est un producteur indépendant qui fournit 50Mw à la Senelec depuis le 13 septembre n’a fonctionné qu’une semaine, c'est-à-dire du 5 au 13 octobre. En fait, quand vous ôtez 50Mw d’une pointe de l’ordre de 400 Mw, ça a une incidence globale sur la qualité de l’exploitation. Malgré cette absence de Gti, nous avons géré correctement la distribution. Maintenant, il y a des cas isolés de problèmes au niveau du réseau qui font que certaines machines tombent en panne et créent des délestages. Il appartient maintenant à la Senelec tant au niveau de la production qu’au niveau de la distribution, de faire en sorte qu’il y ait moins de désagréments possibles.

Apparemment, Gti vous pose énormément de problèmes. À chaque fois qu’il coupe, la Senelec connaît des difficultés. Cela est dû à quoi ?

Nous avons signé des protocoles avec Gti depuis 1996 mais il y a eu un début d’application en 2000. Depuis 8 ans, on fonctionne comme ça. Mais c’est avec le choc pétrolier des années 2005 que nous avons connu des difficultés dans l’exécution de ce contrat. D’aucuns disent que compte tenu que c’est une première expérience de la Senelec, il y avait des points sur lesquels il peut y avoir des difficultés.
Aujourd’hui, nous notre préoccupation au-delà du retour rapide de Gti à l’exploitation que nous avons déjà négociée et qui devrait intervenir dans les prochains jours, pour ne pas dire dans les prochaines heures, ce que nous avons pris comme décision, c’est de rencontrer les responsables de Gti et au niveau de la Senelec qui est la partie contractante de Gti, le 10 décembre prochain une réunion et poser sur les véritables problèmes liés à l’exploitation pour essayer de trouver les meilleures solutions pour que le contrat puisse fonctionner normalement. Ce que je peux dire, c’est que jusqu’en 2005, le contrat a fonctionné normalement mais le choc pétrolier a eu lieu et ça a créé quelques dysfonctionnements dans cette période précédente. La réunion du 10 aura pour occasion de reposer les questions soulevées pour régler définitivement le problème pour que le contrat puisse être exécuté normalement.

Les Sénégalais ont relevé ce mois-ci, une hausse sur leurs factures d’électricité. C’est peut-être tôt de le dire, mais à quand une baisse du prix de l’électricité ?

Je voudrais préciser qu’il y a là également une confusion. La hausse annoncée n’est pas appliquée. La hausse annoncée est appliquée sur les consommations à partir du mois de novembre. Ce qui veut dire que la prochaine facture que vous recevrez deux mois après, c’est celle-là qui comporterait cette hausse de 6,5% annoncée. Mais aujourd’hui dès l’instant que ça était dit, tout le monde pense que, dans sa facture ça été fait. Quant à la baisse, la détermination du tarif revient à la Commission de régulation du secteur de l’électricité (Crse). C’est elle qui périodiquement à travers les indices de fluctuation, détermine le prix de l’électricité qui peut augmenter ou baisser. La Senelec ne fait que s’aligner sur la décision. Nous n’avons aucun pouvoir de la modifier, de la contester, ni de la déroger. Nous ne sommes pas maîtres dans ce jeu.

Avec les délestages, que de matériels électroménagers endommagés, et les clients n’ont pas les moyens de faire recours. Qu’est ce que la Senelec prévoit à ce niveau ? On dit qu’il y a une police d’assurance qui devrait couvrir ces frais mais les Sénégalais ont des problèmes pour être dédommagés.

C’est une question qui revient souvent et une préoccupation forte des clients. Je pense que c’est légitime, nous avons connu ces derniers temps des problèmes au niveau du réseau et qui avaient comme conséquences la dégradation de certains appareils. Aujourd’hui, les gens souvent nous posent des questions par rapport aux diligences de la Senelec pour dédommager les gens en cas de perte. Ce que je peux dire c’est que la Senelec a effectivement contracté une assurance qui permet de dédommager ses clients en cas de pertes d’appareils. Le problème qui se pose souvent c’est qu’il n’y a pas au niveau de la clientèle, une bonne connaissance de la procédure. Parce qu’en fait, quand vous avez un appareil endommagé suite à une perturbation sur le réseau, toutes les perturbations du réseau sont tracées.
Quand il y a délestages, quand il y a perturbations, dans la minute près on peut savoir ce qui s’est passé dans chaque quartier. À partir de ce moment, il faut savoir la date où ça s’est produit, il faut déterminer le coût du dommage en faisant faire un devis, faut ensuite déposer une lettre de réclamation au niveau de la Senelec qui est prise en charge par les services habilités qui font les enquêtes nécessaires au niveau technique et qui font un dossier à l’assurance. D’aucuns disent que le temps mis à dédommager est long et nous avons réglé ça avec les assureurs. Nous avons mis quelque 200 et quelques millions au titre de la prime sur la responsabilité civile. À partir de ce moment, il est de notre responsabilité de voir avec les assureurs si cette prime est payée et exécutée selon les règles de l’art. C’est un dossier que nous avons en charge et sur lequel il y a certainement des avancées.

D’autres ajoutent qu’il y a une épée de Damoclès qui planent sur leurs têtes parce qu’ils pensent que quand ils déclarent ces dommages, la Senelec revient avec d’autres charges qu’ils doivent payer parce qu’ils n’ont pas respecté le nombre d’appareils ou la puissance requise ?

La question est très importante dans la mesure où, la police dont je parlais, pour son exécution dans le passé, Senelec exigeait que si un appareil est endommagé, qu’il y ait les traces de cet appareil dans la police d’assurance. Tout nouvel appareil que le client aurait acquis et ne se trouvant pas dans la police ne pouvait être pris en compte. Mais aujourd’hui, il y a eu une évolution forte à ce niveau et cette exigence n’est plus de mise. Vous avez un appareil dégradé chez vous, qu’il soit ou non dans la police, il est au même titre que les autres appareils de la police éligibles au remboursement par les assurances. Le problème c’est la lenteur de la procédure, c’est la lenteur des délivrances des avis techniques. Mais tout cela constitue des questions que nous allons prendre en charge et nous espérons y trouver des solutions.



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