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GRANDE OFFENSIVE AGRICOLE POUR LA NOURRITURE ET L’ABONDANCE : Vers l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire

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GRANDE OFFENSIVE AGRICOLE POUR LA NOURRITURE ET L’ABONDANCE : Vers l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire

Avec une production arachidière de 1 172 000 tonnes et céréalière de 2 113 000 tonnes, la campagne agricole 2009 - 2010 a répondu à toutes les attentes du monde rural. Les greniers sont encore remplis, écartant la problématique habituelle des vivres de soudure. Lancée il y a deux ans, la Goana a véritablement donné de bons résultats. Et le renforcement des actions engagées, notamment l’équipement du monde rural, devrait permettre de booster le niveau de production et de réussir la passe de trois.

La campagne agricole 2010 - 2011 correspond à la troisième année de la Goana qui n’a pas fini de révolutionner le monde rural. Avec près de 1 172 000 tonnes de production arachidière et 2 113 000 tonnes de céréales, la campagne écoulée a mis, pour la première fois, le monde rural à l’abri de l’habituelle problématique des vivres de soudure. La Goana, une idée ingénieuse du président de la République, Me Abdoulaye Wade, fait donc son chemin et semble être bien appropriée par les paysans. Et cela a contribué à introduire des changements notoires dans le monde rural.

« En tant qu’autorité administrative, avec 30 ans de commandement territorial, je peux témoigner qu’à cette période de l’année les problèmes qui se posaient au monde rural portaient sur les intrants, les vivres de soudure et l’aliment du bétail. Mais, à l’an III de la Goana, nous n’avons, à aucun moment, entendu parler de vivres de soudure », soutient El Hadji Diallo, gouverneur de la région de Louga. En effet, la Goana, menée ces deux dernières années, a fortement boosté les capacités de production dans les régions centrales où les superficies emblavées et les récoltes ont « explosé » pour toutes les grandes spéculations. Si l’on en croit le directeur régional du développement rural (Drdr) de Kaolack, Mbagnick Mbodj, sur la moyenne des cinq (5) dernières années, le mil a fait une progression de presque 45 % et le maïs un bond de 40%. Dans la même période, l’arachide a connu une progression qualitative, se retrouvant à 62 %. Même s’ils ne sont pas totalement imputables à la Goana, ces résultats positifs sont, pour une grande partie, le fruit des deux premières années de cette politique agricole nouvelle initiée par le président Abdoulaye Wade. Sans conteste, c’est également le fruit de l’engouement des producteurs qui ont largement adhéré à la Goana, les efforts consentis par le gouvernement en termes de subvention des semences et de l’engrais, mais aussi de son rôle d’encadrement et d’accompagnement des acteurs du monde rural.

« Pendant deux ou trois campagnes, nous avons essayé de remplacer le matériel vétuste qui existait. Aussi, y a-t-il eu la motorisation par endroits. Tout cela a fait que les producteurs se sont retrouvés dans des conditions qui leur ont permis de faire mieux qu’avant », affirme M. Mbodj.

Comme à Kaolack, Diourbel a connu des retombées positives, avec des productions de mil et d’arachide ayant presque doublé. Selon le Drdr, Oumar Sané, les efforts seront poursuivis, à travers la mise à la disposition des producteurs des intrants et de l’équipement adéquat. Et les mesures, annoncées lors du conseil interministériel réuni pour mieux asseoir la Goana et les éléments qui vont avec, laissent espérer une réussite de la passe de trois. « Nous attendons, cette année, un troisième succès après ceux enregistrés lors des deux premières phases de la Goana », souligne Oumar Sané. Son avis est partagé par Mohamed Mbaye, de la Daps de Fatick, qui souhaite la mise à la disposition des paysans des semences et intrants pour leur permettre d’engranger de bons résultats. Aussi, soutient M. Mbaye, faut-il que ceux qui ont durement travaillé puissent jouir des fruits de leur labeur. Selon lui, cela passe par un bon système de commercialisation qui permet au paysan, en plus d’une réserve alimentaire, de mettre quelque chose dans la poche.

GESTION DE LA SURPRODUCTION AGRICOLE : « Des unités de transformation sont nécessaires », selon l’opérateur Mor Sarr

Il est opérateur privé stockeur (Ops) dans le département de Linguère. Ce quinquagénaire est un ardent défenseur de la culture de l’arachide. Ainsi, œuvre-t-il toujours à donner à cette spéculation toute sa place dans le Djoloff. Mor Sarr, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est convaincu que le développement du Sénégal ne peut être porté que par l’agriculture.

Mor Sarr, un pur produit du monde rural, est l’opérateur désigné, avec Suneor, pour la vente des semences dans le département de Linguère. Il est également le distributeur agréé pour les semences de niébé et de maïs. Même s’il reconnait une certaine lenteur dans la mise en place des semences d’arachide, il n’en demeure pas moins optimiste car une accélération, gage de réussite des opérations, va se faire. Selon lui, les pluies utiles sont enregistrées dans cette partie du Djoloff vers la fin du mois de juin, voire début juillet. « Nous sommes en train de nous affairer autour de la mise en place des semences. Nous sommes encore dans les délais », soutient-il. Comme beaucoup d’autres opérateurs ayant participé à la dernière campagne de commercialisation de l’arachide, Mor Sarr évoque l’affaire des bons impayés, un difficile problème auquel il est temps de trouver une solution définitive. Maintenant que l’Etat n’achète plus de graines d’arachide, il appartient aux privés qui se sont engagés de prendre toutes les dispositions idoines avant le début de la campagne de commercialisation. « A la veille d’une campagne de commercialisation, ils doivent mettre en place suffisamment de fonds pour, conformément aux recommandations, désintéresser, dans les 48 heures, l’opérateur fournisseur de graines afin qu’à son tour, il puisse, lui aussi, satisfaire le paysan », demande Mor Sarr qui veut que « les petits producteurs soient mieux traités ».

La recherche de voies et moyens permettant de valoriser la surproduction agricole est aussi une préoccupation pour Mor Sarr. « Après l’Ukraine où nous avons été tout dernièrement, nous allons nous rendre bientôt dans d’autres pays pour chercher des partenariats. Nous sommes à la recherche de débouchés pour l’arachide, mais aussi de petites unités de transformation de nos produits agricoles », fait-il savoir. Selon lui, le Mali et le Burkina Faso, des producteurs de coton, ont installé de petites unités de transformation des graines de ladite plante en huile et tourteau.

« Des unités du genre, nous en voulons, ici, au Sénégal car elles pourraient nous aider à valoriser l’arachide. D’ailleurs, la trituration artisanale, ou « segal » en woloff, a permis de consommer cette année une bonne partie de la production qui aurait pu se trouver encore sur le marché », dit Mor Sarr qui demande à tous de se mobiliser autour de l’agriculture. « Ce n’est pas une adresse aux seuls paysans, mais à tous les Sénégalais. Aujourd’hui, l’agriculture constitue la seule alternative pour notre pays de pouvoir atteindre une croissance rapide et se mettre à l’abri des insuffisances alimentaires », soutient-il.

« En l’espace de deux ans, nous sommes confrontés à trois grandes tensions : La crise du pétrole, la crise de la nourriture et la crise financière. Dans des conditions comme ça, la première chose à satisfaire c’est le premier besoin pour l’homme, c’est-à-dire la nourriture. Or la nourriture, c’est l’agriculture. Si les Sénégalais sont mobilisés derrière ce concept de l’agriculture et de la nourriture en abondance, notre croissance sera rapide parce que les revenus vont augmenter en milieu rural et il va y avoir beaucoup plus de recette pour l’Etat », conclut Mor Sarr.

COMMERCIALISATION ARACHIDIERE : Revenir au système du carreau usine

L’absence d’un bon système de commercialisation est sans doute le mal qui gangrène le plus l’agriculture sénégalaise. Et depuis quelques années, les campagnes de commercialisation connaissent des problèmes liés aux bons impayés. Malgré les mises en garde de l’Etat, le mal est toujours là. Des opérateurs, qui ont laissé des factures provisoires entre les mains des producteurs, en sont responsables.

Même si la campagne de commercialisation 2009 - 2010 qui vient de s’achever n’a pas connu trop de problèmes, il faut encore travailler à améliorer le système afin de permettre aux producteurs de jouir des fruits de leur labeur. C’est ce qu’il faut pour sortir les paysans de l’ornière où des opérateurs privés stockeurs (Ops), usant de bons malgré les mises en garde des autorités, les plongent souvent. En subventionnant le prix de l’arachide au producteur, l’Etat traduit sa volonté de soutenir le monde rural. « Certains producteurs sont victimes des Ops. Un opérateur, ne disposant pas suffisamment de fonds propres ou n’ayant pas été financé par une banque, doit s’écarter du circuit de la commercialisation. En s’y maintenant, il va user des bons provisoires ; ce qui est une pratique formellement interdite », rappelle Abdoulaye Diallo, gouverneur de Louga. Cette interdiction, des opérateurs n’en ont cure. Et jusqu’à la date du 8 juin 2010, c’est-à-dire plus d’un mois après la clôture, le 30 avril dernier, de la campagne de commercialisation, de nombreux paysans ont, entre les mains, des bons impayés. « Pourtant, nous avons bien signifié aux uns et aux autres de refuser les bons provisoires et d’exiger de se faire payer au comptant. Le contraire de ce qui est édicté a conduit à cette situation qui fait que des producteurs ne sont pas, jusqu’à présent, rentrés dans leurs fonds », regrette le Drdr de Kaolack, Mbagnick Mbodj. Au problème récurrent des bons impayés, il faut, selon certains, opposer le système dit « carreau-usine ».

« Les efforts constants de l’Etat en direction du monde rural, à travers la subvention du prix de l’arachide au producteur, sont très peu appréciés par les paysans. Ils n’en profitent pas, du fait de certains Ops. Faut-il impérativement revenir au système de commercialisation « carreau usine » pour permettre au producteur, après d’énormes sacrifices, de jouir des fruits de son dur labeur », indique Mohamed Mbaye. Selon lui, il faut disposer d’un circuit de commercialisation fiable afin que la plus-value ne soit pas toujours captée par les intermédiaires, au détriment des vrais producteurs agricoles.

SYNDICALISATION DES PAYSANS : Pour mieux prendre en main le destin des ruraux

Les paysans commencent à bien comprendre les enjeux de la syndicalisation, un moyen pour les responsabiliser. Avec l’option de l’Etat de se désengager progressivement de certaines filières agricoles, l’adhésion des travailleurs de la terre à un mouvement syndical a cela de bon qu’elle va leur permettre de mieux prendre en main leur propre destin.

La participation des paysans aux différentes phases préparatoires de la campagne agricole 2010-2011 constitue, sans aucun doute, une évolution dans le processus de responsabilisation des producteurs. Et c’est heureux, à un moment où l’Etat, dans la perspective de la modernisation de l’agriculture sénégalaise, veut voir les paysans y jouer un rôle moteur. Et comme l’a si bien dit le Drdr de Louga, Babacar Diop : « Il est temps de sevrer les paysans qui ont assez tété le lait de l’Etat ». Ainsi, la syndicalisation des paysans doit-elle être perçue comme une volonté de l’Etat d’amener les producteurs à gérer leurs programmes agricoles, leurs financements et les énormes subventions accordées, chaque année, à l’agriculture.

« La syndicalisation est une bonne opération dans la mesure où elle permet à l’Etat de traiter directement avec les paysans, qui sont les véritables acteurs à la base », a estimé le Drdr de Kaolack, Mbagnick Mbodj. L’ambition est donc de responsabiliser le producteur, notamment dans la prise en charge des questions liées à la transformation des produits agricoles, la commercialisation et l’orientation des subventions. « Au départ, les gens avaient des appréhensions. Mais, à l’étape actuelle de la vie du mouvement syndical paysan, ils y voient plus clair, avec comme conséquence une adhésion plus grande des intéressés et une formation des bureaux dans plusieurs localités du pays », renseigne M. MBodj.

Pour sa part, El Hadji Diallo, gouverneur de Louga, fait savoir que « la syndicalisation est un puissant moyen capable d’amener les paysans à se libérer mentalement pour pouvoir et négocier directement avec les partenaires au développement ». Selon lui, on ne peut pas, depuis 1960, continuer à assister les paysans. « Le moment est venu de les amener à s’organiser pour négocier des financements, en conduisant, eux-mêmes, toutes les opérations y afférentes », estime Babacar Diop.

En tout cas, l’Etat, pour ce qui est de l’arachide, s’est désengagé de sa fonction commerciale.

Mais, par le truchement de ses structures décentralisées, il est aux côtés des producteurs pour les accompagner. « Nous ne nous désengagerons jamais de l’encadrement du monde rural, parce que c’est cela notre raison d’être », ajoute Babacar Diop qui précise que « quand il s’agira d’équiper le monde rural ou de juguler à des insuffisances, l’Etat interviendra et apportera son assistance. Demain, quand tout sera bien huilé, l’Etat se contentera du rôle de simple superviseur de la politique agricole du pays ».

RETOUR VERS L’AGRICULTURE : Le business de la terre attire

Le retour vers la terre est une réalité au Sénégal. Les espaces de production ne cessent de s’étendre. C’est le cas à Louga, dans la zone agro-sylvopastorale, où des champs ont fini de prendre le parcours du bétail. Mais, les autorités veillent au grain et se proposent de protéger les intérêts des uns et des autres, gage d’une cohabitation pacifique entre agriculteurs et éleveurs.

Les performances, enregistrées dans le domaine de l’agriculture, s’expliquent par l’attrait certain que les parcelles de culture exercent sur les populations. Ce retour vers la terre nourricière est aujourd’hui une réalité dans le monde rural. Et la situation à Louga en témoigne éloquemment. « Ici, les contentieux, liés à l’affectation des terres de culture, sont nombreux. Le problème foncier y est extrêmement délicat, avec ces emblavures qui, depuis l’avènement de la Goana, ne cessent d’augmenter », affirme le directeur régional du développement rural (Drdr) de Louga, Babacar Diop.

A titre d’exemple, cette ruée vers les champs a boosté la production de niébé dont les récoltes, lors de la première année de la Goana, ont dépassé 67 000 tonnes et donné une plus-value estimée à plus de 10 milliards Fcfa. « Cette importante production a fortement impacté sur les prix de vente de cette légumineuse dont le kilogramme est, jusqu’à présent cédé à 100 Fcfa, alors que les années précédentes, à la même période, il coûtait jusqu’à 375 Fcfa », constate Babacar Diop. Bien que salutaire, cet intérêt des gens pour la terre ne va pas sans poser des problèmes à Louga, une région d’élevage.

« J’ai reçu beaucoup de lettres d’éleveurs, qui se plaignent de l’occupation du parcours du bétail et des zones de pâturages par des agriculteurs », révèle le gouverneur El Hadji Diallo. Comme l’agriculture, l’élevage est une composante essentielle de la Goana. Alors, doit-on œuvrer à ce qu’il n’y ait pas conflit entre agriculteurs et éleveurs. « A la veille de chaque hivernage, nous faisons un arbitrage pour que personne ne soit lésé. A côté de l’agriculture, l’élevage est un autre levier très important de notre développement. Dans ce secteur, on peut facilement faire de la surproduction et penser à exporter du lait, de la viande et des peaux », argumente M. Diallo, qui a instruit les préfets et sous-préfets de travailler à maintenir une cohabitation pacifique entre agriculteurs et éleveurs.

DIVERSIFICATION DES CULTURES : Une riche carte variétale

La diversité des cultures est en train de faire des régions du centre le futur grenier du Sénégal. Avec l’introduction de nouvelles techniques culturales, à la faveur de la Goana, ces parties, composant le bassin arachidier, se sont lancées dans la production à grande échelle du mil, du niébé, du sésame, du maïs...

Il suffit de sillonner le monde rural pour se rendre bien compte des atouts et capacités du Sénégal en matière de diversification agricole. D’intéressantes spéculations se développent dans les principales zones formant le bassin arachidier. A Diourbel, la « 55-437 », une variété hâtive d’arachide, fait l’affaire des producteurs. Dans la région de Fatick, elle est à côté de la « 73-33 ». Toutes les deux donnent de bons rendements dans les départements de Fatick et Gossas.

La même carte variétale touche la région de Kaolack. Plus spécifiquement dans la zone de Nioro et une partie du département de Kaolack, la « 73-33 » est la variété la plus utilisée. Pour le reste de la région, notamment dans le département de Guinguinéo et une partie de celui de Kaolack, la « 55-437 » donne beaucoup de satisfaction. On retrouve la « 55-437 » et la « 73-33 » dans la nouvelle région de Kaffrine. Outre l’arachide, toutes ces régions développent également le mil, le niébé, le sésame et le maïs.

Pour la région de Diourbel, le mil constitue la première spéculation, suivi par l’arachide et le niébé. A côté de ces trois principales cultures, le manioc, la pastèque et le sorgho ont donné de bons rendements. L’année dernière, et pour la première fois, Diourbel a connu une bonne progression dans le domaine des emblavures avec 120 000 ha pour le mil, 80 000 ha pour l’arachide et 40 ha pour le niébé. Compte tenu de leur valeur commerciale, la pastèque et le manioc, deux spéculations d’appui, ont fait une remarquable percée dans la région de Diourbel.



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