Mercredi 24 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Economie

ENTRETIEN EXCLUSIF AVEC Cheikh Tall DIOUM : Le golden boy ouvre une fenêtre sur lui

Single Post
ENTRETIEN EXCLUSIF AVEC Cheikh Tall DIOUM : Le golden boy ouvre une fenêtre sur lui
Qu'est ce qui peut bien inciter une grande chaîne de télévision française à faire un documentaire  sur un Sénégalais, en l’occurrence Cheikh Tall Dioum, celui-là même qu’un confrère a surnommé le Golden Boy ? Cette question nous a taraudés lorsque nous avons constaté qu’il venait de faire l'objet de la curiosité d'une télévision étrangère, et qu’en plus, il venait d'accorder une interview à un de nos confrères. Au point que nous avons décidé d’en savoir ­davantage sur l'homme. Nous avons donc, par le biais de son ami Dago, tenté de contacter ce grand agitateur d'idées. Après maints coups de téléphone, nous prenons rendez-vous avec M. Dioum qui, pour notre peine, se trouve dans sa ville natale, Louga, où il nous invite à venir le rencontrer. Voyage classique pour des reporters en compagnie de leur photographe et d'un chauffeur. Nous traversons Rufisque et ses embouteillages, Thiès et sa fameuse voie de contournement nord, Tivaouane la pieuse, Kébémer, ville natale du président Wade... Après plus de deux heures de route, voilà enfin Louga, la capitale du Ndiambour. Une ville qui semble sortie de nulle part Des rues sablonneuses, d'énormes nids de poule sur les quelques rares kilomètres de route goudronnée, un passage à niveau sur des rails désertés depuis belle lurette par les trains ; bref, une ville de l'intérieur du pays comme on n'en fait plus, à l’image de Koungheul ou de Sokone. Calmement, les Lougatois vaquent a leurs occupations et contemplent, avec un léger vague à l'âme, les luxueuses villas construites par les émigrés, mais dont la splendeur ne signifie nullement richesse des habitants de la cité. Sur notre chemin, interpellant un jeune garçon qui conduisait un vélo sans âge, nous lui demandons de nous indiquer le domicile de Cheikh Tall Dioum. Au détour d’une rue, notre regard est attiré par un océan de verdure dans un désert sablonneux. Cocotiers et dattiers dont les fruits pendent, entourent une grande villa blanche qui détonne dans cette ville de dimensions modestes.
Nous sommes accueillis par un homme ayant un fort accent de Sine, qui nous introduit à l'intérieur de la maison après nous avoir montré du doigt l'homme que nous cherchions. Au loin, dans la rue voisine, Cheikh Tall Dioum jouait au ballon avec les garçons du quartier. Nous le précédons dans une villa étonnante par son style du sud des Etats-Unis  comme ces fameuses demeures de maître de la riche Louisiane sur les bords du Mississipi, avec ses balcons en bois, ses arcades tout en verdure, la grande piscine dénivelée où vient tomber l’eau d’une chute artificielle, avec  un chuintement qui fait immanquablement songer à la source de Dindéfélo (dép. de Kédougou). Cette profusion d'eau attire naturellement des centaines de volatiles, dont le  pépiement infini constitue une suave musique aux oreilles des visiteurs que nous sommes. Impressionnés, nous le somme par la présence d'oiseaux de cour comme les grues couronnées et les superbes paons, qui se promènent en liberté sur la pelouse en nous regardant avec l'air de nous souhaiter la bienvenue. Nous sommes  introduits dans une grande case climatisée, ornée d’arabesques sur le plafond, comme dans les mosquées marocaines : avec, sur les murs, des tableaux de maître. On reconnaît la signature de Kalidou Kassé, Kébé, Mbaye Diop et tant d'autres grands noms des arts picturaux de notre pays. Notre contemplation est interrompue par l’arrivée du maître des lieux, tout en sueur, qui nous accueille aimablement, avant de se diriger vers ses appartements ; d'où il nous invite à le rejoindre. Un copieux déjeuner avec de multiples plats nous est servi et, après nous être gavés de méchoui et d'autres gâteries, nous nous laissons envahir par la torpeur ambiante et engageons une petite sieste. A notre réveil, le crépuscule tombait. Mats nous n'avons pu toucher au dîner qui venait de nous être servi, tellement le déjeuner avait été consistant. Rendez-vous est pris pour l’interview qui devait se dérouler le lendemain et nous rejoignons nos chambres. Tôt le matin en attendant de réaliser l'interview, nous faisons quelques pas dans la rue. Là, nous apercevons notre Cheikh Tall Dioum au milieu d'amis, en train de bavarder sous un arbre, face au domicile de son père. Nous nous approchons, il nous présente comme des amis. Malgré notre forte envie de faire tout de suite notre travail et de rentrer pour boucler notre reportage, nous nous sommes laissés emporter par les conversations, sur le ton de la plaisanterie, de M. Dioum et ses amis dont un homme qui s’est présenté comme son griot. On l'appelle par un sobriquet : Rfi Mbaye. Et évidem­ment, celui-ci se répand en louanges envers son ami et nous égaie blagues bien salées, qui nous tordent de rire. Cheikh Tall Dioum en profite, alors, pour nous inviter à le suivre à l'intérieur de la maison paternelle en construction Et le ton était ainsi lancé pour un entretien sans retenue, sans question taboue
 
 
 
M. Dioum, votre nouvelle maison est très belle...
Elle n’est pas nouvelle. Elle a sans doute votre âge.
 
Vous voulez dire que vous êtes né dans cette demeure ?­
 
Non e'est celle de mes enfants. Elle a été construite : 1987. Et depuis, elle n'a pas connu de modification.­ Comme nous habitons au centre ville de Louga, c’est une chance de tomber sur une maison faisant face : demeure familiale
Dons elle a plus de  vingt ans...
 
Exactement. Tout Louga la connaît.
 
Félicitations, c'est un vrai palais. Mais où sont les habitants ? Car en dehors des oiseaux, du gardien et des bonnes, il presque pas âme qui vive.
 
Cette maison est notre maison personnelle. Ma famille vit entre Dakar et l'extérieur. Elle vient ici chaque fois que le  besoin s'en fait sentir. La maison familiale, celle de mon père, c'est cette grande demeure en face (Ndlr : il nous désigne un long mur qui entoure des bâtisses).
 
Ce grand mur qui ressemble à tout un quartier ?
 
(Rire) Oui, justement. Notre maison familiale est tout un quartier. Je ne dis pas seulement que c'est aussi grand qu’un quartier, mais c'est carrément un quartier. Je me souviens, dans ma jeunesse, mon père nous racontait que  Serigne Modou Moustapha Mbacké venait souvent lui rendre visite et aimait à présenter la maison comme ceci :  « Si Touba est un arbre, ses branches pendent au­ dessus de cette maison ». Voilà l'image que je me fais de ma  maison natale. Pour nous, c'est une partie de Touba qui se trouve à Louga.
 
Après plus de trois ou quatre ans de silence, moult journalistes ont tenté de décrocher une interview, sans suite. Pourquoi, subitement, vous sortez de votre réserve po­ur recommencer à parler à la presse ?
 
Pourquoi dites-vous que je suis sorti subitement de mon mutisme ? Disons que vous n'avez pas été très perspicaces ­et n'avez peut-être pas réussi à me joindre quand vous le vouliez... Mais je reste disponible ; même si, pour ma tranquillité personnelle, je préfère éviter de trop parler aux journalistes.
 
En tant que journalistes, nous avons fouiné un peu et découvert qu'un documentaire télévisé a été fait sur vous, par une chaîne étrangère. De même que vous accordé quelques entretiens à des confrères, vous comprenez donc que nous aussi, ayons tout fait pour vous rencontrer...
 
Ah bon. Je trouve que c'est ce qu'il y a de bon avec la concurrence. Car, c'est vrai, un de vos concurrents a décroché un entretien avec moi. Et puisque vous vous êtes déplacés jusqu'à Louga, vous voyez qu'il n'y a rien de particulier. Mais, comme l'a si bien dit un de vos confrères, « il vaut mieux communiquer que d'être imaginé ». Alors, j'ai répondu à quelques questions de journalistes teigneux et collants. Pour être équitable, je vais donc répondre à vos questions, vous aussi. Mais ans préciser que lorsqu'on n'a rien à dire et beaucoup ­à faire, il est préférable de se taire.
 
Nous allons donc commencer par votre ville, Louga. On a l'impression, en y venant pour la première fois, que c'est une petite bourgade, avec des routes cabossées ­et des immondices un peu partout, l'éclairage publique presque inexistant, une ville dans une léthargie totale. Comment expliquez-vous cela ?
 
Je ne saurais vous le dire. Je sais seulement que Louga a donné au Sénégal des hommes de valeur et ne mérite pas cela. C'est vraiment dommage.
 
Est-ce parce que Louga a eu la malchance d'avoir donné au Sénégal un président, en l'occurrence Abdou Diouf, qui n'a presque rien fait pour sa ville; pour ne pas se faire traiter de régionaliste, par souci d’équité ?
 
Je crois qu'on peut le dire. En tout cas, Abdou Diouf n'a rien fait de particulier ici. Louga est à l'image de toutes les villes de l'intérieur du Sénégal. On traverse Louga comme on traverse Khombole. Pour une ville qui a vu naître un président de la République, on pouvait s'at­tendre à mieux...
 
Mais les dirigeants actuels semblent, eux aussi, oublier votre ville. Est-ce dû au fait que Louga est une ville rebelle à l'égard de l'alternance ?
 
Je ne suis pas politique et je ne saurais vous le dire. Mais ce qui est sûr, c'est que l'actuel président, avec toutes les réalisations qu'il faites dans ce pays, tarde à se pencher sur le cas de Louga. Vraiment, c'est une ville qui ne mérite pas cela. En tout cas, l'avenir nous appartient et nous espérons que, bientôt, les autorités locales et natio­nales auront le souci de tout faire pour développer notre ville et en faire une entité émergente.
Mais vous-même, en tant que fils de Louga, ne pou­vez-vous pas vous investir d'avantage pour apporter un plus au niveau de la commune ?
 
Je vous l'avoue, on m'a proposé la mairie de Louga et je n'ai pas accepté, parce que j'ai pensé qu'il y avait des gens plus engagés politiquement que moi. Ce que je sais faire le mieux, ce n'est pas d'administrer une commune ; mais je peux mettre mes autres compétences au servi­ce de la ville.
 
A vous voir jouer au football avec les jeunes de votre quartier, il nous vient à l'idée que vous feriez sûre­ment un maire proche de ses administrés. Mais dites-­nous, d'où vous est venue la proposition ? Des jeunes de la ville ?
 
Absolument pas. Ce sont des autorités au plus haut niveau, qui m'ont proposé la mairie de Louga ; et j'ai décliné l'offre. Je vous avoue que j'ai été invité à la Présidence, où j'ai été informé qu'en cherchant le profil des personnes représentatives à Louga, leur choix s'est porté sur moi. En les remerciant, je leur ai fait com­prendre que je ne suis pas disposé pour des activités politiques, même si j'avais pris l'engagement de les sou­tenir. Je leur ai plutôt proposé de voir avec Maniang Faye, qui est devenu l'actuel maire.
 
Donc, c'est vous qui avez cautionné et présenté Maniang Faye au régime de l'alternance ?
 
Pas exactement. Quand j'ai cité son nom, ils m'ont fait comprendre qu'ils ne connaissaient pas ce monsieur. Ils semblaient réticents, car ils auraient appris qu'il s'agit d'un ancien socialiste qui s'active pour sa ville. J'ai insisté, j'ai plaidé sa cause parce que je le connaissais et savais qu'il nourrissait de grandes ambitions pour notre ville, bien qu'il ne soit pas un ami personnel ou quel­qu'un que je rencontre quotidiennement. Mais, j'avais beaucoup de respect pour ce monsieur, au vu des actes qu'il avait posés pour Louga et sa jeunesse. C'est par la suite qu'ils m'ont fait comprendre qu'ils sont preneurs en me demandant de le soutenir. J'ai alors invité Maniang Faye chez moi, aux Almadies pour l'informer et il m'a répondu qu'il était preneur. Mais il souhaitait aussi être compris et soutenu. C'est vous dire que je suis prêt à aider pour tout ce qui peut permettre à la ville d'émerger ou à un Lougatois de réussir dans la mesure de mes compétences ou de mes moyens.
 
Maniang Faye, a-t-il répondu aux attentes des Lougatois, des autorités de l'alternance et de vous-­même ?
 
Ecoutez, en ce qui me concerne, comme dans tous les actes que je pose quotidiennement, je n'attendais rien, personnellement. Pour les autres, ce n'est pas à moi de répondre à cette question. Il appartient aux autorités et à la population d'apprécier. En tout cas, quand je l'ai invi­té chez moi, il est venu en Mercedes et bien habillé. Donc, je crois que ce n'est pas la mairie qui l'a enrichi. Et à mon avis, il fait tout ce qu'il peut pour répondre à l'attente de la population. Seulement, des villes comme Louga où les moyens sont très limités, sont difficiles à développer et à gérer.
 
Pensez-vous que si vous, ou d'autres Lougatois comme vous, aviez été associés, la commune aurait connu meilleur sort ?
 
Certainement oui et c'était l'esprit de départ. Cet esprit est d'ailleurs toujours valable. Il est vrai que je ne suis pas intéressé par une mairie, aussi bien à Dakar qu'à Louga ; et je ne suis candidat à aucun poste politique. Mais je pense que nos expériences et nos carnets d'adresses pourront être profitables à notre ville et permettre de fédérer toutes les ressources humaines de la ville de Louga. D'ailleurs, il y a quelques semaine Cheikh Yérim Seck de JA (Jeune Afrique) qui un de mes amis ; et un certain M. Sy, tous natifs de la ville, ont commencé à bouger dans ce sens. Et j'espère que le maire acceptera de travailler avec ces fils de Louga, qui ne demandent qu'a servir leur pays et surtout la ville qui les a vus naître.
 
Donc, vous avez soutenu le régime pour reconquérir la ville de Louga ?
 
Oui, j'avais donné ma parole aux autorités ; bien que ne sois pas politique. De mon point de Vue, j'avais estimé que c'était dans l'intérêt de ma ville...
 
Mais puisque vous avez aidé Wade à reprendre Louga, vous devez maintenant pouvoir plaider en faveur de votre ville auprès du président ?
 
Bien sur que oui! Et je suis en train de le faire auprès du président Wade. Mais, c'est son directeur de cabinet d'alors qui était mon interlocuteur, en son temps. Et comme j'étais en contact avec lui sur d'autres choses, il est arrivé ce que vous savez et j'y ai même laissé des plumes.
 
Vous voulez dire que vous avez perdu de l'argent dans ce soutien ?
 
Ce n'est pas dans ce soutien, particulièrement, que j’ai laissé des plumes. Mais on me doit de l'argent, parce que je ne le considère pas comme perdu.
 
Donc, il y a une dette entre ldrïssa Seck et vous ?
 
On peut le dire. Mais, il s'est passé beaucoup de choses et je pense que le temps aidera à éclaircir tout cela.
 
Revenons-en à cette dette. Etait-ce pour conquérir la ville de Louga ?
 
Je ne peux pas en dire plus. En tout cas, Modou Diagne Fada, à l'époque tout puissant ministre de l'Environnement, est bien informé de ce dossier. De même que l'actuel conseiller en communication de Idrissa Seck, Ousmane Thiongane, qui est un fils de Louga en sait un bout.
 
Est-ce que vous pouvez nous dire le montant ? Et de quelle transaction s'agit-il ?
Pour la transaction, je ne peux le dire, pour l'instant.  Mais en tout cas, ce n'était pas politique. Quant au montant, il n'est pas trop important. Mais une dette, c'est une dette; tant qu'elle n'est pas payée ou pardonnée.
 
Vous pouvez nous dire combien quand même ?
 
Disons un peu plus de 300 millions de francs Cfa
 
Vous pensez que c'est un petit montant ?
 
C'est relatif.
 
Est-ce que vous avez cherché à en parler à ldrissa Seck ?
 
Avec tout ce qui s'est passé par la suite, je n'ai pas l'opportunité de lui en parler. Même si un ami commun s'est présenté à moi pour me remettre une commission émanant de lui. Et, je crois qu'il se rappelle. A moins qu'il ne soit pas bien informé. C'est pourquoi je reste toujours disposé à en discuter avec lui. D'ailleurs, quand j'ai interpellé, par courrier, Modou Diagne Fada qui faisait office de lien, ce dernier s'est déchargé, soutenant qu'il n'avait pas les possibilités d'honorer ces engagements. Quoi qu'il en soit, je n'ai pas renoncé à ce créance, surtout que je m'étais personnellement engagé avec des banques. Ce que je dis est vérifiable, car tous les acteurs de l'époque sont encore présents. Toutefois je préfère m'en arrêter là, pour le moment.
 
On vous connaît pour avoir investi partout. Mais au niveau de votre ville, pourquoi n'avez-vous pas fait ou cherché à faire quelque chose ?
 
J'ai cherché à faire des choses à Louga, et je continue d'ailleurs. Vous savez, la seule unité industrielle qui existait à Louga, en l'occurrence l'usine Nocose qui appartenait à la famille Ormais, je l'avais rachetée pou monter une nouvelle unité industrielle, dont les machines étaient à Dakar. Parce que j'avais conscience qu'une ville comme Louga doit pouvoir donner du travail à sa jeunesse, pour fixer sa population. Donc, ma motivation d'hier reste toujours d'actualité.
 
Qu'est ce qui fait que cette usine n'a pas vu le jour ?
 
Vous savez qu'au Sénégal, il est difficile d'implanter une unité industrielle, surtout dans le cadre de la décentralisation industrielle. Mais je me suis fait un pari : si Dieu me prête vie et me protège, je finaliserai à Louga un nouveau projet fiable,porteur d'emplois et qui fera la fierté de la région.
 
Vous n'avez pas encore répondu à la question...
 
Ecoutez, il se trouve que le propriétaire de cette unité, M. Omaïs, avait déjà hypothéqué l'immeuble abritant l'usine, à une banque de la place. Ce dont je n'étais pas informé au moment de l'acquisition de l'immeuble. M. Omaïs drainait un gros contentieux social avec son personnel lougatois. Un dossier qui était pendant devant la justice. Il s'agissait donc d'un obstacle de taille, que j'ai cherché par tous les moyens à contour­ner, pour monter une unité industrielle. Devant cet obs­tacle, je me suis ouvert au président Abdou Diouf pour un règlement rapide. C'est ainsi que le Président Diouf m'avait mis en rapport avec son conseiller personnel, M. Mor Talla Dimé, originaire de Louga, pour trouver une solution. Abdou Diouf, il faut le reconnaître, quand il fut au courant du dossier, a fait de son mieux. D'ailleurs, M. Dimé nous a réunis, M. Omaïs et moi, à la présidence. Mais, vu la complexité du dossier de Omaïs vis-à-vis de sa banque, nous n'avons pu finali­ser. C'est pour vous dire que j'ai toujours cherché - et je cherche encore - l'émergence industrielle de Louga en particulier, mais du Sénégal en général.
 
Donc., ce projet est carrément tombé à l'eau...
 
Disons-le. D'ailleurs, jusqu'à la date d'aujourd'hui, M. Omaïs ne m'a pas encore remboursé l'argent que j'ai avancé pour l'acquisition de cette unité industrielle. Je cours toujours derrière, par le biais d'un cabinet d'avo­cats.
 
Reparlons de votre maison. N'est-ce pas dans cette villa de Louga que Youssou Ndour a tourné son clip  « Serigne Mbacké Sokhna Lô » ? Alors, pourquoi vous ne voulez pas que nous prenions des photos ?
 
Vous, vous êtes des journalistes, alors que Youssou Ndour est mon ami. En plus, il a dédié une jolie chan­son à mon ami et marabout, feu Serigne Mbacké Sokhna Lô. Mais pour votre information, ce n'est pas dans cette maison que le clip a été tourné.
 
Si ce n'est pas celle-là, cela lui ressemble bien. En tout cas, on dit que le clip a bien été tourné chez vous. Alors dans quelle maison ?
 
En tout cas, ce n'est pas ici à Louga. Et puis, si vous le voulez bien, passons à autre chose.
 
A propos de Youssou Ndour; comme l'a dit votre griot tout à l'heure, nous révélant au passage que vous lui avez offert la voiture qu'il conduit, un che­val qui danse ; et tant d'autres cadeaux...,
 
(Ndlr : il nous coupe net) Ne terminez pas votre ques­tion, s'il vous plait ! Et, celui que vous citez n'est pas mon griot, mais mon ami. II s'appelle Elimane Mbaye, plus connu sous le nom de Rfi Mbaaye. Tout Louga le connaît, c'est un artiste-né. II perpétue avec son grand frère, Modou Mbaye, leur tradition familiale. Ils sont les dignes fils de leur père. Mais, comme je l'ai dit à un de vos confrères, si nous voulons parler de tout, vous allez écrire un livre. Alors, je vous en prie, parlons de Louga, d'autant que vous vous êtes donnés la peine de vous déplacer jusqu'ici.
 
Ok, restons à Louga. Comme vous ne faites pas de la politique, qu'est ce qui justifiait ces concerts organisés à Louga et offerts gracieusement aux populations ?
 
Ecoutez, ce ne sont pas seulement les politiciens qui doivent offrir quelque chose à leur localité. L'exemple de feu Djily Mbaye est la. En plus, la ville de Louga est un creuset Culturel et économique, qui a donné beau­coup de talents au pays, sur les plans culturel, écono­mique, Politique, etc. Pour des raisons de conjoncture, la ville est tombée en léthargie. Vous savez, le jeune à Louga qui est devant sa télé et le jeune à Dakar, cares­sent le même rêve. Mais celui de Louga a moins de chances d'accrocher son idole. Et comme une jeunes­se, au-delà du manger, doit être éduquée et avoir accès à la distraction saine... Autant l'industrie est importan­te dans la ville, autant les jeunes doivent s'épanouir dans leur cité. D'ailleurs, pas plus tard qu'avant-hier, un jeune lougatois, qui vit en Suède, a installé un stu­dio d'enregistrement dans sa ville ; et, pour son inau­guration, il a offert un concert gratuit avec beaucoup d'artistes qu'il a fait loger chez moi. Donc, vous voyez que tout geste positif peut faire des émules.
 
II semble que votre maison soit souvent réservée aux hôtes issus de votre quartier...
Pas seulement, les hôtes de mon quartier. Chaque fois que les autorités administratives ou politiques de la ville, ont des invités, elles les font loger chez moi. Chaque fois aussi que les autorités religieuses ont des hôtes de marque pour les cérémonies religieuses ins­crites dans l'agenda de la ville de Louga, elles les font loger chez moi, gratuitement, ou chez Djily Mbaye.
 
Le concert du jeune dont vous parlez entre dans le cadre d'un projet ; tandis que vous, vous faites des méga organisations avec tous les grands artistes du pays, et gratuite­ment. Avec tous ces actes que vous posez, êtes-vous sûr que vous n'êtes pas vraiment intéressé par la mairie ?
 
Absolument, comme je l'ai dit plus haut. Bien que j'aie fait tout cela sur fonds propre et l'aie offert gracieuse­ment à la jeunesse lougatoise. C'est tout simplement parce que j'ai à Dakar une structure qui excelle dans ce domaine. J'ai ainsi plus de facilités pour faire venir des musiciens. Bien que, en général, ce genre d'organisa­tion est souvent l'oeuvre des collectivités locales. D'ailleurs, les tournées effectuées par les musiciens sénégalais en Europe et aux Amériques, sont des festi­vals organisés par des mairies. Ici à Louga, je vois que des bonnes volontés organisent annuellement un grand festival, en invitant des pays occidentaux. Ce festival qui connaît un succès réel, anime la ville pendant la fin d'année ; en plus des marchés forains. Mais, ses orga­nisateurs ne sont pas aidés comme il se doit. Il faut un soutien sérieux des gouvernants et des élus locaux, parce que ce sont des initiatives à encourager.
 
Nous venons d'apercevoir des membres de la famil­le Omarienne que vous avez fait installer dans votre salon. Sont-ils vos marabouts ou êtes-vous plutôt d'obédience mouride ?
 
Comme je l'ai dit plus haut, je suis un Mouride ; bien que ma famille soit proche de celle de Cheikh Oumar Foutiyou. Ses membres sont des parents à moi, de par ma mère. D'ailleurs, je porte le nom de Cheikh Oumar Mountaga, nom qui m'a été donné par Serigne Cheikh Mbacké Gaïndé Fatma qui - le jour même de ma  naissance - recevait ici à Louga le khalife da la famille Omarienne. C'est ainsi que j'ai la particularité d’avoir été baptisé le jour de ma naissance. D'ailleurs la photo que vous voyez, c'est Serigne Abdou Fatah Mbacké, son fils aîné, lors de sa dernière visite ici chez moi.
 
Vous nous permettrez de revenir dans le domaine où vous excellez le mieux, qui est l'industrie. Est-ce que vous avez un projet concret  pour Louga et plus généralement pour le Sénégal ?
 
Vous savez, pas plus tard qu'avant-hier, je suis allé voir le ministre de l'Industrie et des Mines, en l’occurrence M. Madické Niang, pour lui faire part d’un projet que j'ai, à savoir la réalisation d'une zone industrielle à Touba. Ce dernier, très ravi, m'a fait comprendre qu’il  a déjà reçu des directives fermes du président de la République, pour la création de cette zone industrielle. Vous constaterez que je suis toujours dans ma logique.
 
S'agira-t-il d'une zone industrielle du genre de la Sodida ?
 
Exactement. Vous savez, c'est aberrant que la ville de  Touba, la deuxième du Sénégal en terme de population, ne soit qu'une ville de consommation. Il faut des industries dans cette zone, pour créer des emplois, de la valeur ajoutée, toutes choses dont le pays à besoin pour son émergence.
 
Avez-vous un projet concret d'industrie pour Touba ou pour Louga ?
 
Effectivement, j'ai soumis à Me Madické Niang un projet d'une usine clefs en main, à Touba ; qui va être installée immédiatement si les conditions sont réunies. Ce dernier, agréablement surpris, m'a dit qu’il allait en parler au chef de l'Etat. Ensuite, il a organisé une réunion avec le directeur des industries, M. Basse, et le directeur des mines et moi-même. Je leur ai dit que si le réceptacle et les conditions sont réunis, dans trois mois, l'usine sera opérationnelle: Donc, vous voyez que la balle est dans le camp des autorités.
 
Décidément, au vu de tout ce que vous avez fait et que vous êtes en entrain de faire, on dirait que vous n'êtes pas ébranlé par les coups bas reçus et les épreuves que vous avez traversées ?
 
Vous savez, actuellement, les drapeaux des nations et des pays ne se défendent pas aux frontières, ils se défendent à travers le combat économique, culturel, sportif et politique. Il faut reconnaître qu’au niveau culturel, sportif et politique, le drapeau est bien tenu. Et comme c'est l'économie qui est le poumons d’un pays, la création d'emploi et de valeur ajoutée sont les seuls combats qui, pour moi, vaillent d’aller au front. Les déboires du passé et la malveillance nous aident plutôt à persévérer. Car, comme disait l'autre : « si tu vois en un jour l’œuvre de ta vie attaquée de partout et détruite et que tu as le courage de recommencer, ce jour-là mon fils, tu seras un homme ». J'aime cet adage, car il traduit le sens exact du courage, de la foi et de la détermination.
 
Quand même, vous avez été sur beaucoup de front.
 
Le combat économique au Sénégal, c'est beaucoup de fronts. Mais, il y avait d'abord les monopoles de fait. De l'artisanat à l'industrie, la quasi-totalité était entre les mains des Français et des Libano-Syriens. Et Dieu sait que j'ai joué pleinement ma partition dans ce combat de libéralisation de l'économie du Sénégal ! Les cicatrices sont encore visibles. J'ai reçu toutes sortes de coups, de mes propres compatriotes qui n’avaient rien compris, mais surtout des multinationales installées au Sénégal. Mais aujourd'hui, les faits m’ont donné raison.
 
Incompris ou trop en avance sur votre époque ?
 
Disons les deux. Parce que gagner de l'argent honnêtement, l'investir dans des secteurs les plus risqués et créer des centaines d'emplois n'est pas chose aisée. Lorsqu'en plus, vous êtes combattu par des compatriotes par le biais de certains agents de l’administration et que les autorités regardent faire sous le couvert d'une certaine neutralité, c'est dur. J'ai donc dû faire face à la toute puissance des multinationales qui voulaient ma peau, et à la complicité active de certains fonctionnaires véreux de notre pays. Vous comprenez que j’ai dû batailler ferme, à la fois contre mes concurrents et c­ontre une partie de l'administration d'alors. Mais avec l'aide de Dieu, j'ai gagné ce combat.
 
Voulez vous bien nous citer quelques-uns de ces combats gagnés et quelles sont les cicatrices ?
 
Alors que j'avais moins de 20 ans, la quasi-totalité des bijouteries était entre les mains des Européens. Des structures comme Vendôme, Pierres Précieuses, Taj Mahal, le Comptoir Franco-suisse, etc. avaient pignon sur rue au centre ville. Et nous, les bijoutiers dits traditionnels, étions confinés dans la banlieue où nous fabriquions  et vendions à ces grands magasins, qui revendaient nos produits à des prix dix fois plus élevés. C’est la  première forteresse (le monopole des Européens) à laquelle je me suis attaqué.
 
Comment avez-vous procédé ?
Avec mes premières économies, j'ai ouvert une première bij­outerie en plein centre ville. A l'époque, les clients qui nous trouvaient sur place, nous prenaient pour des employés d'Européens, tellement la bijouterie était moderne, construite aux normes de ce qui se faisait de m­ieux en Occident. Chemin faisant, j'ai ouvert d’autre bijouteries partout où il y avait une concentra­tion d’Européens. Une bijouterie à Hyper Sahm, une autre au  Score Sarraut, à l'hôtel Méridien de Ngor, au Club Méditerranée des Almadies... Une bijouterie a même porté le nom de Atépa. Mon ami Pierre Goudiaby  est là pour en témoigner. Au finish, ces établissements européens ont commencé à fermer l'un après l’autre. D'ailleurs, j'ai finalement racheté l'un des plus importants, Vendôme en l'occurrence. Je tra­vaillais avec la quasi totalité des bijoutiers établis, à qui je passais mes commandes. Aujourd'hui, vous voyez des bijouteries partout dans Dakar et au Sénégal, res­pectant les normes et entièrement gérées par des Sénégalais. C'est donc un combat gagné, et tous les bijoutiers peuvent vous le confirmer.
Donc, les bijoutiers vous doivent une fière chandelle...
Non, je n'étais pas le seul dans ce combat. C'est plutôt le pays­ et ses gouvernants qui nous la doivent. Au vu du combat que nous avons mené pour libéraliser la bijouterie, quand on sait que, dans un pays, l'or est une valeur-refuge ; et, considérant le nombre d'emplois crées par ces centaines de bijouteries à travers le pays, ce métier et ses pratiquants méritent plus d'attention et de reconnaissance de la part des autorités. Au moins pour cette bataille gagnée pour l'économie du pays. Car aujourd'hui, aucun franc tiré de la bijouterie n'est rapatrié dans des pays étrangers, le secteur est entièrement sén­égalisé. Ce qui n'est pas rien si l'on sait par ailleurs que les étrangers établis chez nous ont le droit, de part la  loi, de faire transférer leurs bénéfices chez eux, ou dans le pays de leur choix. Rien que pour cela, nous estimons avoir remporté une victoire économique pour notre pays.
 
Pouvez-vous nous donner l'exemple d'une autre gagnée ?
 
Décidément vous aimez les batailles, vous autres. Soit ! Prenez le cas de Miko et Gervais, deux structures françai5 qui avaient le monopole de la glace au Sénégal. Ayant trouvé injuste le prix exorbitant de la glace qui doit être un produit de consommation général, je me ­suis investi dans la création d'une unité. J'ai alors réussi à les déloger et, chemin faisant, j'ai démo­cratisé la glace, qui a fini par être accessible à tous les Sénégalais ; même si je ne suis pas sorti entier de ces combats, puisque les cicatrices sont toujours visibles. Les cas des Nouvelles Brasseries Africaines contre Coca Cola, ainsi que des loisirs, sont encore là. Même quand  je me suis intéressé à la presse, les pratiquants de ce métier, disaient qu'il n'y avait pas de la place pour les hommes d'affaires. Vous voyez toujours que je vais jusqu’au bout de mes idées. Et vous constatez de vous même­ les réalités de la presse aujourd'hui, au Sénégal. La quasi totalité des organes de presse privée sont entre les mains des hommes d'affaires Sénégalais. Coca Cola n’a plus le monopole des boissons au Sénégal. Les loisirs sont ­entre les mains des Sénégalais. Donc, des combats  gagnés pour le Sénégal.
 
Et votre combat contre Jean Claude Mimeran, le puissant homme d'affaires français, propriétaire de la Css et de la Cbao ?
 
Ecoutez, Jean Claude Mimeran est un compatriote, c'est un ami. Il a beaucoup de considérations pour moi. Je fais partie des rares Sénégalais à avoir le privilège de partager avec lui le dîner avec sa famille chez lui. Et, il lui arrive de venir seul avec moi dans ma voiture per­sonnelle pour visiter mes diverses réalisations à Dakar. C'est pour dire la confiance qu'il place en moi. Nous avions certes un différend dans le passé lié par des incompréhensions et des amis communs ont joué les bons offices, mais surtout son ami et associé, le prési­dent Diagna Ndiaye que je remercie au passage. Mais, Dieu merci, aujourd'hui, nous nous sommes compris et retrouvés. D'ailleurs, cela fait moins de quinze jours,, il a posé un acte qui prouve que c'est vraiment un ami. D'ailleurs, pour votre information, c'est Jean Claude Mimran lui-même qui m'a mis dans sa voiture pour aller me présenter aux autorités en leur disant : "Vous voyez ce garçon, je connais sa capacité. Aidez-le et protégez-le, vous verrez ce qu'il peut faire pour ce pays ».
 
A propos des Nouvelles Brasseries Africaines deve­nues SAIB qui fabrique African Cola, Quench entre autres boissons ou en êtes vous?
 
Comme je vous l'avais dit dans une autre interview ce qui est important pour moi c'est que toutes les entre­prises que j'ai crée au Sénégal marche et ceci au grand plaisir des employés qui y travaillent. Et c'est le cas avec cette société qui fonctionne bien.
 
Pierre Aïm, par ailleurs conseiller spécial du Président de la République est il avec vous?
 
Ecoutez;, je suis partenaire avec Pierre Aïm sur au moins trois affaires, mais permettez moi de m'en arrê­ter là., d'autant que je vous ai dèja  ouvert une fenêtre sur moi-même. D'ailleurs, votre interview risque d'être longue, peut être que la prochaine fois je vous ouvrirais une porte (Rires)
 
Vous êtes un agitateur d'idées, un créateur. Mais sur­tout un audacieux Pourquoi ce goût du risque ?
 
Ce n'est pas un goût du risque en tant que tel. Vous savez, la création est un domaine qui appartient exclusivement au Bon Dieu. Sur son autorité, Il en donne à qui Il veut. Et le Bon Dieu ne donne jamais d'une main pour retirer de l'autre. Mieux, II n'acceptera jamais que quelqu'un tente de détruire ce qu'Il a donné. N'est pas créateur qui veut. Si le Sénégal veut se développer, il doit pro­téger et cultiver les créateurs d'entreprises et de richesses qui sont en son sein. C'est le seul socle sur lequel notre pays peut se reposer, pour rêver à des len­demains d'espérance. Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Makhtoum qui est un père, un guide pour moi, mais qui m'a fait l'honneur d'être son ami, en me recevant chez lui, dans ses salons privés, m'a tenu ces paroles : "Le bon Sénégal ne se fera jamais sans vous ou des gens comme vous". Et, vu son expérience industrielle, poli­tique, mais surtout la dimension exceptionnelle de ce guide, ces paroles ne peuvent que nous confirmer sur notre choix qui est notre destinée.           
 
Au vu de tous les emplois que vous avez créés, le pays a certainement gagné. Mais cela vous a certai­nement permis vous aussi de vous enrichir.
 
Mes biens immobiliers et autres, je les ai acquis dans mes activités personnelles. Et cela m'a permis de cau­tionner, pour ouvrir d'autres entreprises créatrices de nombreux emplois ; dont beaucoup, aujourd'hui, font la fierté du Sénégal. Cautions d'ailleurs qui m'ont valu beaucoup de déboires vis-à-vis d'institutions finan­cières.
 
Donc, vous êtes un partenaire naturel de l'Etat du Sénégal en matière de création d'emploi ?
 
Pas Seulement un partenaire. Mais plutôt partenaire et pourvoyeur. Car, le président Wade que je respecte et salue au passage, a, dans ses gouvernements passés, des ministres qui ont travaillé pour moi. D'ailleurs, un des ministres du gouvernement de Adjibou Soumaré a été mon employé.
 
A vous entendre parler. on a l'impression que vous avez vécu des moments intenses. D'où vous vient
toute cette énergie ? D'autant qu'on a vous trouvé en train de jouer au football avec les gosses de votre quartier.
 
Je rends grâces au Bon Dieu. Je remercie notre guide et espoir, Serigne Touba qui, à 14 ans, a posé des actes qui étonnent toujours. Personnellement, j'ai une référence et la chance d'avoir commencé très jeunes des activités qui me rapportaient de l'argent. Donc, si j'ai décidé de vous parler, je dois vous tenir un langage de vérité. Parce qu'un homme de parole est un homme d'hon­neur, car il préfère la mort à la honte du mensonge.
 
Quels sont les moments de bonheur et de satisfac­tion qui vous ont le plus marqué ?
 
Cet instant où vous me trouvez à Louga fait partie des moments qui me procurent le plus de bonheur. Pour ce qui est de la satisfaction, je n'oublierai jamais la céré­monie d'une des écoles les plus Prestigieuses de New York, qui célébrait ses meilleurs étudiants. Parmi ceux­-ci figurait l'une des mes filles. Devant le maire de New York et les autres autorités et tant d'autres personnali­tés, elle a pris la parole. J'étais tellement ému que je n'ai pu entendre que le nom de Serigne Touba qu'elle a cité dans son speech.
 
 
Et pour en finir- avec Louga, qu'elle est votre rêve pour votre ville ?
 
Si vous vous rappelez de l'interview que j'ai accordée à la télévision nationale, en 1989, j'avais parlé de mon rêve pour notre pays, en tant que jeune de 20 ans. Aujourd'hui, pour rêver, il faut dormir. Nous n'avons plus le temps, c'est le « réal time ». A l'ouest de Louga, à 15 minutes de voiture, au bord de l'océan, un grand projet est en train de naître. Et si Dieu me prête vie et santé, avec Son aide, la réalisation de ce projet dont je fais partie des actionnaires privés sénégalais - avec des partenaires canadiens, arabes, etc- ne saurait tarder. Dans ce projet, l'Etat du Sénégal est actionnaire à hauteur de 20% selon son exigence, pour un finan­cement de plus de 80 milliards et plus de 1000 emplois pour le pays. Vous pouvez imaginer les retombées pour tout le Sénégal et pour Louga. Donc ça c'est du réel et palpable, au profit de ma région natale. Je souhaite que le Bon Dieu nous aide et nous assiste pour que ce pro­jet se réalise le plus rapidement possible. Parce que ma ville le mérite.
 
Mais dites-nous, qui est cet homme à côté de vous qui écoute si attentivement et qui na dit rien. Votre marabout secret ?
Vous autres journalistes, aimez bien taquiner un peu. Cet homme, c'est Alhamdou ; c'est mon ami. Vous savez, moi, mes amis je ne les choisis pas, ça vient tout naturellement. Mais voilà un homme que toute la ville de Kaolack connaît, bien qu'il soit originaire de Louga. Pendant plus d'une dizaine d'années, il a vécu à Kaolack dans les rues, sous les ponts, dormi dans les garages. Tout le monde le considérait comme le fou du village. Mais un beau jour, il a décidé de rentrer chez lui : et il est devenu mon ami. C'est toute une histoire. Passons...
 
Des regrets ? Du ressentiment à l'égard de ceux qui vous ont combattu ? Quel regard jetez-vous sur toutes les difficultés que vous avez rencontrées sur votre chemin ?
 
Vous voyez, aujourd'hui j'en parle ! Donc, je remercie le bon Dieu. Ce sont des choses qui sont derrière moi. C'est la dure loi du monde des affaires. Un grand homme de chez nous disait que tous les chemins mènent quelque part. Et moi, j'ai choisi le chemin de la création d'industries, de valeur ajoutée, d'emploi ; en somme, le sentier du bonheur, qui est le plus difficile. Si l'on reste sur cette voie, on finira par arriver à desti­nation. C'est normal qu'il y ait des embûches. Souvent même, un chemin est traversé par un cours d'eau. Ce dont je suis certain - et c'est un constat - c'est que tous ceux qui ont cherché a me faire du mal, à tous les niveaux, ont toujours fini par le regretter amèrement. Je dis bien que C'est un constat et non des menaces. En d'autres termes, autant il y des saisons de feuilles mortes. d'autres de fruits mûrs, autant il y a une saison de pardon. Et au tribunal de l'histoire, le verdict est sans appel.
 
 
Par Mamadou Ndiaye et Cheikh Tidiane Coly
 
LISSA MAGAZINE


0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email