Des communautés entières sont aujourd’hui dépossédées de leurs terres au profit d’investisseurs étrangers. Ce phénomène d’accaparement massif des terres menace non seulement la stabilité de l’agriculture rurale, mais aussi et surtout la souveraineté nationale, d’après des responsables de l’Ong Enda Tiers-monde.
L’accaparement des terres à grande échelle au Sénégal par des pontes du pouvoir et des investisseurs étrangers s’opère avec des «facilités dérangeantes», a dénoncé, hier à Dakar, la coordonnatrice de Enda Pronat, Mariam Sow. C’est une razzia qui porte une atteinte sévère à la souveraineté nationale et pose le problème de la stabilité de l’agriculture rurale, a-t-elle martelé lors d’une rencontre sur «l’accaparement des terres et l’avenir de l’agriculture familiale».
«Le phénomène d’accaparement des terres met, aujourd’hui, en jeu la sécurité du petit producteur», a poursuivi Mme Sow, notant que consciemment ou non, «nos gouvernants laissent les opérateurs étrangers prendre ce qui nous appartient». D’après elle, le phénomène d’accaparement des terres s’est accentué au Sénégal à partir 2006, à la faveur du lancement des programmes comme le Reva (Retour vers l’agriculture), la Goana (Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance) et la promotion des cultures sur les biocarburants.
D’ailleurs, a-t-on souligné, l’accaparement des terres favorise l’expansion d’un modèle d’agriculture industrielle «extrêmement destructeur». La plus grave conséquence à long terme est sans doute l’extension de la mainmise des multinationales sur la production alimentaire. «Ce sont souvent les gouvernements corrompus qui acceptent l’accaparement de leurs terres, en tirant profit au lieu d’utiliser ces terres pour assurer la sécurité alimentaire de leurs populations», ont critiqué les participants à la rencontre.
Mme Sow a insisté sur la nécessité de trouver des pistes d’approches pour appuyer les producteurs dans la réappropriation de leurs ressources et de la gouvernance de leurs propres terroirs. «Si tout est laissé aux agrobusiness, on dépossède les populations de leurs terres et là, cela peut conduire à des révoltes, un jour», a-t-elle prévenu. Mme Sow a suggéré «la promotion d’une agriculture saine et durable pour sécuriser ainsi les ressources». A son avis, le soutien de l’agriculture paysanne passe par une étude des mécanismes de financement des petits producteurs et la définition des stratégies de valorisation et de commercialisation de la production locale.
De son côté, la secrétaire exécutive de Enda Tiers-monde, Joséphine Ouédraogo, a indiqué «qu’un avenir meilleur du monde rural doit être une responsabilité de tous». Elle a ajouté que l’avenir pour le développement et la souveraineté de nos pays dépend de l’attention à accorder à la production rurale.
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