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DOSSIER LES APE DE FONDS EN COMBLE - ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE (APE) : C’est faire monter sur le même ring un « Géant » et un « nain » !

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DOSSIER LES APE DE FONDS EN COMBLE - ACCORDS DE PARTENARIAT ÉCONOMIQUE (APE) : C’est faire monter sur le même ring un « Géant » et un « nain » !
Les accords de partenariat économique ou Ape sont des accords commerciaux visant à développer le libre-échange entre l’Union européenne et les pays dits Acp (Afrique, Caraïbes, Pacifique). Les négociations sont en cours et devaient s’achever en décembre 2007. Ces accords permettront de faciliter les échanges sans pour autant payer des droits de douane. Ce qui signifie que l’Europe sera libre d’exporter dans les pays Acp tous les produits qu’elle voudra et vice-versa. Et ce sont les pays Acp, à faible taux d’exportation, qui payeront les pots cassés. La forte mobilisation contre les Ape aidant, le prétexte est tout trouvé pour nous intéresser à l’invasion des produits importés (jus, lessive, produits alimentaires et autres) qui inondent le marché Sénégalais.

Les accords de partenariat économique, dans leur état actuel, prévoient une importante baisse des droits de douane pour les pays Acp (Afrique, Caraïbes et Pacifique). Ils sont très critiqués, aussi bien dans les pays du Sud concernés, que par certaines Ong et parlements en Europe.

Zoom sur les Ape

Les Ape sont une suite des accords de Lomé, puis de Cotonou. Les accords entre les pays Acp et l'Union européenne comprenaient la prolongation de «préférences commerciales non réciproques» conformément aux conventions précédentes. Ces dispositions levaient les barrières commerciales tarifaires (droits de douane) pour les exportations des pays Acp, tout en leur permettant de maintenir des droits de douanes sur leurs importations en provenance de l'Ue. Cet accord dissymétrique a eu peu d'impact sur le développement des économies des pays Acp et leur accès aux marchés européens. Certaines barrières non tarifaires sont toujours en place ou ont été instaurées, réduisant considérablement l'accès aux marchés. Certaines normes concernent la santé du consommateur. D'autres touchent à des aspects esthétiques, telles que les dispositions sur la taille des mangues par exemple. Les effets souhaités par ces préférences ont aussi été contrecarrés par les subventions agricoles de l'Ue à ses propres producteurs, alors que les producteurs des pays Acp, soumis souvent à des programmes d'ajustement structurel, ne peuvent bénéficier de subventions similaires.

Réciprocité dans l’ouverture des marchés

Les accords de partenariat en cours de négociation visent à l'ouverture réciproque des marchés. Plusieurs organisations soutiennent également que cette ouverture serait néfaste pour des pays dont l'économie dépend largement de l'agriculture, tels que les pays d'Afrique de l'Ouest. Des exemples venant de pays connaissant des accords de libre échange depuis plusieurs années (telle que la Jamaïque) montrent la destruction complète de filières agricoles autrefois rentables et l'appauvrissement des producteurs et des populations rurales. La Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) a produit un mémorandum sur les impacts des Ape (tels qu'ils sont proposés actuellement) sur la politique agricole commune. L'association des industriels africains s'oppose à la conclusion des accords de partenariat économique et rejette le principe de l'ouverture réciproque des marchés.

Graves conséquences sur les économies des Acp

Selon les organisations paysannes et les acteurs non étatiques du Mali, les accords de partenariat économique auront de graves conséquences pour l'agriculture et les économies nationales. Estimant que les Ape remettent en cause la Loi d'orientation agricole, adoptée à la suite d'un large processus démocratique 2005. Ils se sont prononcés contre la signature des accords au 31 décembre 2007 et proposent des mesures alternatives, notamment une prolongation des négociations. Pour une critique argumentée sur les enjeux, les contenus et les formes de la négociation. En juillet 2006, la délégation parlementaire pour l'Ue de l'Assemblée nationale française a adopté à l'unanimité un rapport rédigé par le député Jean-Claude Lefort (communiste et républicain). Ce dernier a fustigé les positions du commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, en juillet 2006 en parlant d'«Irréalisme et de prépondérance du commerce et, donc, danger».

Vers un choc fiscal, agricole et industriel

Selon lui, «vouloir instaurer des zones de libre-échange entre l'Ue et les pays Acp relève d'une vision qui évacue tout simplement le fait, pourtant majeur, qu'aucun de ces pays ne peut supporter pareil défi qui peut se résumer ainsi: faire monter sur le même ring un poids plume et un poids lourd». Le rapporteur a aussi indiqué que les 25 pays de l'UE disposent d'un Pib par habitant de 22.600 euros alors que le Pib par habitant pour les pays Acp n'est, en moyenne, que de 424 euros. Dans ses conclusions, la délégation indique qu'elle est «gravement préoccupée par le fait que la mise en œuvre du libre-échange, malgré les précautions actuellement envisagées par la Commission européenne, entraînera un choc fiscal, agricole et industriel sur la balance des paiements, d'une telle ampleur pour nos partenaires, qu'elle pourrait compromettre la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement». Par ailleurs elle estime «que si les négociations se poursuivent dans la même voie, l'Union européenne commettrait une erreur stratégique, politique, économique et sociale à l'égard des pays Acp, qui se paiera par l'effritement d'une relation indispensable à la construction d'un monde plus sûr et plus juste».

DE RAFFENEL À … BRUXELLES : Les enjeux vitaux face aux réalités géopolitiques

Les accords de partenariat économique (Ape), ni l’État ni les citoyens sénégalais n’en veulent. À coup sûr. Hier, une grande manifestation, qui a mobilisé d’énormes moyens, s’est tenue à Bruxelles. Pour justement les contrecarrer.

Si jamais le Sénégal devait ouvrir les frontières, ce serait, selon certains économistes, tuer l’économie de notre pays. Cela pourrait paraître à la limite paradoxale. Dans la mesure où l’on sait que la majeure partie des matières premières sont importées des autres pays et même de l’Europe. Et ce qui paraît le plus cocasse, c’est que les Sénégalais ont une préférence pour ces produits-là. Ce ne sont pas les négociants grossistes qui nous contrediront. Petit détour par la rue Raffenel, le coin où tous les commerçants viennent s’approvisionner en marchandises pour les revendre.

L’importé rafle la mise au local

Fin de matinée dans la métropole de Dakar, les allées Sandiniéry fourmillent de son affluence humaine. En file indienne, les voitures rutilantes, comme défraîchies, vont et viennent. À la rue Raffenel, le décor est tout autre. Difficile de se frayer un passage. De gros camions sont postés à l’entrée des magasins, occupés à charger ou à décharger toutes sortes de denrées. Les magasins quant à eux sont bondés de produits, stockés par genre dans des parcages. Dans l’un d’eux, se trouve Cheikh Mbacké Gaye, un fournisseur grossiste. Fourré derrière son comptoir, il est assis sur une chaise tout le long de son corps. L’homme à peu la trentaine, stylo en main est plongé dans ses calculs : c’est à peine s’il a senti notre présence. Se ressaisissant, le commerçant se prête à nos questions sans problèmes. Sur un ton assuré, Cheikh Mbacké affirme que la plupart des matières premières sont importées.

Consommer sénégalais, sinon

C’est le cas du riz qui vient de l’Inde ou de la Thaïlande ou encore des canettes de boissons, les colorants (Foster Clarks), des produits d’entretien et pour la toilette (lessives, savons Croco, Fanico, Maximous, patte dentifrice) et même des pattes alimentaires (macaroni, spaghettis, lasagnes) qui viennent de l’Italie et d’autres pays. Les pommes de terre et les oignons qui font partie des denrées les plus consommées ne sont pas non plus en reste, ainsi que la moutarde (Dijon, Amora), le ketchup et les aliments à base de céréales (couscous, vermicelles). N’allez pas croire que le Sénégal n’a pas tout ces produits, bien au contraire. Prenons, pour seul exemple, le riz qui garnit chaque jour, le plat des Sénégalais et cultivé à Richard Toll, dans la région de St-Louis. Pourtant, ce riz n’est pas apprécié, sinon pas du tout consommé et comment cela se fait-il? Selon Cheikh Mbacké Gaye, les produits importés sont non seulement de meilleure qualité, mais ils sont le plus souvent moins chers que les produits locaux. D’autant plus que les pays exportateurs ont des représentants commerciaux au Sénégal. Ce qui rend la distribution plus facile.

Ventre vide ne connaît pas Ape

Assurément, les Sénégalais ont jeté leur dévolu sur les produits importés. N’allez pas chercher loin pour connaître leurs motivations, le prix fait largement la différence et vu que le pouvoir d’achat du «goorgoolu» sénégalais n’est pas non plus élevé. Les produits estampillés Europe, Etats-Unis ou même de certains pays d’Afrique font l’affaire. Astou Diop, mère de famille habituée à faire des emplettes tous les mois, en sait quelque chose. «Les produits importés sont de meilleure facture que les produits fabriqués ici. Et surtout ils sont moins coûteux. Alors pourquoi vouloir consommer local alors que l’importé est là ?». Même refrain pour ces jeunes accrochés aux abords du marché Tilène. Pour ce patriarche, qui a préféré garder l’anonymat, l’explication se trouve ailleurs. «Ce qu’il y a avec les Sénégalais, c’est qu’ils ont tendance à ne plus se détacher de leurs habitudes alimentaires. Ils ont pris l’habitude de consommer les produits importés. Ils ne pourront plus s’en défaire. Il faut aussi comprendre qu’ils nourrissent un complexe vis-à-vis des pays européens. Même si le produit local est meilleur, ils penseront automatiquement le contraire», tonne-t-il se voulant persuasif. Importé ou local, les consommateurs ont fait leur choix. Et l’on serait tenté de se demander si le consommer «importé» n’est pas une séquelle de la colonisation occidentale. Mais bon, l’essentiel pour le «goorgoolu» est de se remplir la panse sans trouer sa poche. N’est-ce pas ?

NDEYE FATOU SECK ET MARIA DOMINICA THIAM



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