L'ancien ministre de l'Industrie, Landing Savané, avait tiré la sonnette d'alarme, en juillet 2004, dans un document intitulé : "Observations sur un changement éventuel de direction aux Ics et une cession éventuelle des parts de l'Etat". Cette note adressée au président de la République, Me Abdoulaye Wade, sera classée sans suite. Seulement, l'histoire est en train de donner raison à l'ancien ministre de l'Industrie. Et ce n'est pas un hasard si Landing Savané a déclaré, la semaine dernière, dans les colonnes de L'Observateur, qu'il se prononcera sur l'affaire (Ics) le moment venu.
L'actuel ministre d'Etat sans portefeuille avait d'abord estimé que le changement "éventuel" de direction aux Ics n'était pas pertinent. Ainsi, écrit-il que pour faire face à ses difficultés financières, "un changement de direction ne semble pas être la solution parce qu'il n'aura aucun effet positif sur le comportement des variables fondamentales explicatives du déficit des Ics". Ces variables au nombre de trois, selon l'ancien ministre de l'Industrie, sont des variables exogènes sur lesquelles l'entreprise n'a aucun contrôle. Il s'agit du prix de l'acide phosphorique, du prix des matières premières, dont notamment le soufre, et le taux du dollar. D'ailleurs, rappelle-t-il, toutes les sociétés phosphatières dans le monde sont victimes du comportement des trois variables exogènes.
Pour le prix de l'acide phosphorique, il a baissé de 15 % sur deux ans. Avec sa calculette, M. Savané rappelait que le prix est passé de 420 dollars américains à 350 dollars américains, environ 231 000 F Cfa à 192 500 F Cfa entre 1999 à 2004. "A elle seule, l'acide explique la quasi totalité de la baisse du chiffre d'affaires global des Ics, 30 milliards en coût et fret, en 2003", soulignait la tutelle, avant d'ajouter que "l'acide et le soufre contribuent à la détérioration du résultat pour un cumul de 28 milliards". Sur le prix du soufre, M. Savané relevait qu'il a triplé en deux ans. "La flambée du prix du soufre à 92 dollars par tonne et le triplement du prix de l'ammoniac à 300 dollars par tonne qui s'expliquent par les achats massifs et imprévus de la Chine, ont porté un coup dur à la profitabilité des Ics".
Au même moment, la chute du dollar de manière "continue" entraînait une baisse nette du prix de l'acide de 30 000 francs par tonne, soit une incidence négative de 14 milliards de francs sur le chiffre d'affaires et les résultats. "A ces facteurs s'ajoute le retard de 2 ans accusé par la mise en exploitation de Ics 2, dû à la défaillance de l'attributaire du contrat clé en main conclu en 1999 et de la dégradation qualitative et quantitative du phosphate de Keur Mor Fall avec une augmentation accrue des coûts d'extraction", explique l'ancien ministre de l'Industrie.
Un autre facteur qui a déteint "négativement" sur les résultats est le montant élevé des amortissements, dû à l'importance des lourds investissements de développement des Ics (doublement de la production et ouverture de la mine de Tobène). "Pour faire face à ces difficultés, un changement de direction ne semble pas être la solution parce qu'il n'aura aucun effet positif sur le comportement des variables fondamentales explicatives du déficit des Ics".
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