Jeudi 28 Mars, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Economie

Audit des Industries Chimiques du Sénégal : WADE ira-t-il au bout de ses poursuites

Single Post
Audit des Industries Chimiques du Sénégal : WADE ira-t-il au bout de ses poursuites
L'audit des Industries chimiques du Sénégal (Ics) soulevé par le chef de l'Etat aura-t-il une suite favorable ? Des sources proches du dossier s'interrogent, en tout cas, sur le sort qui sera réservé à cet audit qui a révélé, selon les termes du président Abdoulaye Wade, des détournements et de la prévarication. Une action en justice serait lourde de conséquences pour les initiateurs d'une telle entreprise au vu des personnes impliquées, notamment l'homme d'affaires béninois, Patrice Talon.

'Les Ics sont en situation de banqueroute. On nous a caché la vérité : il y a de la prévarication et des détournements. Je viens de faire un audit qui est sur ma table et dont on me dit, parce que je ne l’ai pas encore lu, qu’il montre des choses tout à fait extraordinaires'. Et Me Wade de lancer sur un ton menaçant : 'Je vais lire cet audit et je vais le donner au tribunal pour qu’on juge ces gens qui ont mis le Sénégal dans cette situation'.

Cette sortie du président de la République, lors de sa conférence de presse à Paris, a été analysée par des observateurs comme une solution salvatrice pour mettre fin à la mauvaise gestion. Cependant, ils s'empressent de se demander si l'audit sera déposé sur la table du juge. Le cas échéant, des faits plus graves que les fameux Cd de l'ancien Premier ministre risquent d'être portés sur la place publique. Qui plus est, l'audit financier et comptable du cabinet Mazars a pu analyser des contrats de vente avec des partenaires des Ics.

C'est le cas du contrat avec la Société de distribution intercontinentale (Sdi) de Patrice Talon. Le contrat signé, le 23 juillet 2001, avec l'homme d'affaires béninois, porte sur la vente d'engrais fabriqués par les Ics et destinés à l'exportation dans la zone ouest et centre africaine. Il porte sur une quantité de 200 000 tonnes pour les campagnes 2002-2003 et 2003-2004 livrables courant 2001, 2002 et 2003 à raison de 100 000 tonnes par campagne.

Selon l'analyse qu'en a faite le cabinet Mazars, le prix est fixé sur 3 ans et le prix de référence est celui facturé par les Ics pour ses ventes de la campagne agricole 2001-2002 hors Sénégal. Ce prix qui est affecté d'un relèvement ou d'un rabais de 5 % selon la quantité totale achetée par campagne, varie respectivement entre mois ou plus 10 %. Le prix de référence auquel le contrat fait allusion n'est pas expliqué, selon les auditeurs. 'Faut-il le comprendre comme le prix moyen de la campagne ? Le prix moyen de quel pays faut-il retenir sachant que le Bénin est du domaine réservé exclusif de Sdi, conformément au contrat, et que, pendant cette période, les Ics n'intervenaient pas sur le marché du Burkina Faso ?', s'interrogent les auditeurs ?

Le cabinet d'audit considère que le prix hors Sénégal fait référence essentiellement au marché malien et ce prix serait de 212 389 F Cfa par tonne rendue site pour la campagne 2001-2002, et de 162 550 F Cfa par tonne (Fob). Le prix Fob en vrac appliqué à Patrice Talon est de 98 000 F Cfa par tonne pour la même période soit en tenant compte de l'ensachage, un prix Fob de 112 000 F Cfa la tonne La perte unitaire subie par les Ics s'élève alors à 50 550 F Cfa par tonne d'engrais vendue à M. Talon. Cette perte unitaire appliquée au tonnage total vendu à Sdi, soit 183 496 tonnes pendant les 3 ans, fait ressortir un manque à gagner global de 9 milliards 275 millions 700 mille francs Cfa. Il reste une perte potentielle de 834 millions de francs sur la quantité restant à livrer, soit 16 504 tonnes.

En plus de vendre à perte à la société Sdi, les Ics ont ensuite, dans la pratique, accordé à ce client des délais de paiement 'anormalement' longs de 360 jours environ. En outre, le contrat Ics/Sdi stipule en son article 4 aliéna 2 que le prix de référence doit être revu chaque année à la hausse ou à la baisse selon que les quantités livrées sont inférieures ou supérieures respectivement à 90 000 ou 110 000 tonnes. 'Cette disposition contractuelle n'a jamais été appliquée, et la révision annuelle du contrat n'a jamais été réalisée', relève le cabinet Mazars.

L'homme d'affaires béninois a bénéficié de ce contrat léonin parce qu'il bénéficie aussi d'une protection en haut lieu. Patrice Talon serait-il inquiété par la justice sénégalaise ? La réponse est non, selon des sources dignes de foi. 'C'est un homme qui n'a pas bonne presse dans le milieu des affaires. Au Bénin, la classe politique l'a mis l'index en le désignant comme le bailleur de la campagne électorale de Yayi Boni (l'ancien président de la Boad a été finalement élu président de la République). Il se susurre même qu'il est pressenti à un fauteuil ministériel. Auquel cas, il va bénéficier d'une immunité qui fait que la justice sénégalaise ne pourra plus l'entendre. Et même si la justice l'inquiétait, les choses seraient beaucoup plus compliquées pour les initiateurs de cette action. Nous détenons des preuves sur les pratiques de l'homme d'affaires béninois', soutient-on.

Partenaire de Yara (premier fournisseur mondial de fertilisants) en Côte d'Ivoire, sa gestion aurait enregistré des pertes estimées à 60 millions de dollars (environ 33 milliards de francs). 'Pour se protéger des dossiers auxquels il est impliqué, M. Talon cherche à se faire nommer ministre dans le prochain gouvernement de Boni', soutient une source au Bénin. Patrice Talon serait-il donc le talon d'Achille de l'audit des Ics ? Un mandat d'arrêt contre l'homme d'affaires béninois serait l'action de trop vu ses relations avec la haute sphère de l'Etat. Même si l'ancien directeur général des Ics, Djibril Ngom, était entendu par la justice, le dossier risque d'être explosif. En effet, ce dernier détiendrait des documents compromettants sur la méthode des 'protecteurs' de M. Talon.

Du côté des Ics, les sources contactées sont beaucoup plus intéressées par le sauvetage de leur entreprise. 'L'audit importe peu pour nous, d'autant plus que nous savons que ce document a été commandité pour essayer de jeter en pâture l'ancienne direction. Si c'est le même audit fait par le cabinet Mazars, une action en justice révèlera au grand jour des pratiques insoupçonnées. Notre priorité aujourd'hui, c'est le déblocage de nos comptes, la restructuration et la recapitalisation des Ics, seule voie de salut pour la société', plaide un travailleur.

Pour la signature des contrats relevés par l'audit, des virements représentant des commissions occultes ont été effectués pour le compte de hautes personnalités de l'Etat sénégalais, souligne une source digne de foi.



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email