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Economie

" Air Sénégal International" dans les cumulo-nimbus : 12 milliards fcfa de “pertes", 25 départs volontaires...

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" Air Sénégal International" dans les cumulo-nimbus : 12 milliards fcfa de “pertes", 25 départs volontaires...
LE TEMOIN - Courant mars dernier, la compagnie Air Sénégal International traversait des zones de turbulences. Au départ, un mouvement d’humeur déclenché par le personnel sénégalais qui ne réclamait que droits et considération. À l’époque, cet appel de détresse avait été banalisé par les partenaires marocains qui détiennent les 51 % du capital de la compagnie. Face à cette situation de manque de considération à leur endroit, employés et syndicalistes "noirs" bon teint déclenchèrent alors une grève générale. Tout était paralysé.

Entre Dakar et Casa, le pont aérien était coupé. Il a fallu arriver à une telle extrémité pour voir les autorités marocaines s’agiter enfin. Tel un corbeau qui ne compte pas lâcher son fromage, la partie marocaine passa en revue toutes les difficultés avant de s’engager à tout mettre en œuvre pour y apporter les solutions appropriées. Et ce, dans les plus brefs délais. Joignant le geste à la parole, elle "injecta" 4 milliards fcfa comme soutien financier et opérationnel pour permettre à la compagnie sénégalo-marocaine de retrouver ses quelques… plumes. Depuis lors, plus rien ! C’est le silence radio. La tour de contrôle ne répond plus aux cris de détresse des 600 employés et intérimaires. Un statu quo. Un silence bavard que "Le Témoin" a réussi à décoder.

Ainsi, nous sommes en mesure de vous révéler que la compagnie Asi est dans les cumulo-nimbus, c’est-à-dire des nuages autrement plus redoutables qu’une zone de turbulences. Allez demander aux pilotes, ils vous diront que rares sont les avions qui sortent indemnes des cumulo-nimbus. Car, s’il y a une chose que les pilotes redoutent par-dessus tout, ce sont les cumulo-nimbus. Et les employés d’ " Asi " estiment aujourd’hui qu’ils ont dépassé le stade de la zone de turbulences pour se trouver carrément dans les cumulo-nimbus. Regagnez vos sièges et attachez vos ceintures ! Pour donner un exemple de la situation particulièrement difficile dans laquelle se débat la compagnie, qu’il suffise de souligner la belle "performance" qu’elle vient de réaliser et qui mérite d’être traitée dans les grandes écoles de gestion et de management : Un bilan déficitaire de 12 milliards fcfa dont 5 milliards hérités des exercices précédents. Un bilan qui laisse croire que les autorités marocaines n’ont pris aucune mesure d’accompagnement pour sauver la compagnie. Une occasion de confirmer que le sieur Maniang Faye, le Pca d’Asi, a montré ses limites. Un nègre de service qui ne connaît rien en matière de gestion et d’aviation. Donc, les cadres marocains profitent de l’incompétence de notre Sénégalais de "Pca" pour faire ce que bon leur semble. Nous ne disons pas que Maniang Faye doit être un bon gestionnaire pour occuper ce poste, mais au moins qu’il use de son droit de regard pour prévenir certaines dérives. " Lorsque le Maroc réclamait environ 35 milliards fcfa pour faire basculer le capital, le Pca n’a même pas eu l’idée de solliciter un expert financier pour vérifier ses affirmations. Il s’active une seule fois dans l’année  : le pèlerinage à La Mecque lorsqu’il s’agit de trouver des billets pour ses protégés" nous a confié un cadre d’Air Sénégal International. Il est vrai que le groupe Royal Air Maroc (Ram) a fait nommer des directeurs sénégalais au sein de l’Asi, mais quels directeurs ? Pour quels postes ?

En tout cas, l’ampleur du déficit a provoqué le sauve-qui-peut à bord. À preuve, rien que pour ces deux derniers mois, plus de 25 départs volontaires ont été enregistrés au niveau du personnel sénégalais. Sans oublier les démissionnaires dont le directeur technique et la responsable marketing, Mme Awa Guèye Ba. Pendant ce temps, les pilotes commencent à déserter le cockpit puisqu’ils ne se sentent plus en sécurité d’emploi dans leur "propre" compagnie. Une compagnie dont la direction fait du pilotage à vue, pour reprendre l’expression de ce pilote démissionnaire. Certes, ces démissions et autres départs peuvent ne pas être une mauvaise chose s’ils permettent de réduire la masse salariale de la société. Mais une compression choisie n’est-elle pas plus recommandée pour encourager et maintenir la compétence et l’expertise sénégalaise ? Surtout que, et c’est bien connu en général dans toutes les sociétés, ce sont les meilleurs, ceux qui sont sûrs de pouvoir trouver quelque chose, qui démissionnent le plus souvent.

Plus regrettable, c’est le départ de ces cinq jeunes pilotes. Brillants et compétents, ces dompteurs de cieux formés par Asi (Etat du Sénégal) sont malheureusement partis vers les compagnies aériennes du Golfe. La plupart d’entre eux ont été signalés au niveau de la grande compagnie "Emirates" de Dubaï. Décidément, c’est l’ère des pirogues aériennes ! La revue des salaires, les conditions d’hébergement des équipages, la desserte régulière et permanente du Cap Skirring, Tambacounda, Kédougou et Ziguinchor, la réouverture du centre de maintenance de Dakar etc…. rien n’a été respecté.

Seulement, durant la chaude période du mois de mars marquée par le mouvement de grève du personnel, il fallait pour la Ram décanter la tension sociale et calmer la grogne des syndicats. Et le tour était joué  ! On prend les mêmes ficelles, et on recommence. Certes, il y a un plan de redressement à exécuter, mais à l’heure actuelle la bascule indique que la compagnie Asi est un bébé qui pèse très lourd sur le dos de la Ram.

En tout cas, le conseil d’administration d’Asi prévu au mois de septembre prochain devrait être celui de tous les dangers. Nous ne disons pas qu’il y aura rupture entre la Ram et l’Asi puisque, à travers cette compagnie aérienne, le président Wade veut symboliser l’amitié et la fraternité sénégalo-marocaine. Et puis, le Sénégal ne peut pas se payer le luxe d’une rupture avec un partenaire économique et diplomatique aussi important que le Maroc. Mais seulement, les deux parties seront appelées à nouer un partenariat gagnant-gagnant plutôt qu’une alliance "perdant-gagnant". Ou une coopération du cheval et du cavalier avec le Royaume chérifien dans le rôle du cavalier. Par ailleurs, si le Sénégal et le Maroc sont en parfaite convergence de vues sur les plans politique et diplomatique, dans le domaine de la coopération aérienne, force est de reconnaître que la reprise de la défunte Air Sénégal par la compagnie nationale marocaine Ram (Royal Air Maroc) a été un échec. Le président de la République est d’ailleurs à ce point mécontent des partenaires marocains qu’il va créer une compagnie aérienne nationale dénommée " Téranga Air Sénégal ". Laquelle serait chargée de pallier les nombreuses lacunes d’Air Sénégal International, en particulier dans la couverture de l’intérieur du pays. Surtout, le Président entend démocratiser l’accès à l’avion. Sur ce plan comme sur beaucoup d’autres, le partenaire marocain n’a pas respecté le cahier des charges, malheureusement… Pape NDIAYE



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