AFFAIRE ORYX-DOUANES SENEGALAISES - Le dégel

AFFAIRE ORYX-DOUANES SENEGALAISES - Le dégel

"Pas de problème de fond entre les pétroliers et l'Etat sénégalais". C'est le ministre Délégué Chargé du Budget, Cheikh Adjibou Soumaré, qui l’affirme. C'était hier, au terme d'une visite marathon effectuée en marge du lancement du Back up à haute disponibilité du Système de gestion informatisée de la douane(Gaïndé).

C'est le dégel entre les responsables du Groupe pétrolier Addax-Oryx et les autorités sénégalaises, du moins si l'on s'en tient aux propos, hier, du ministre Délégué chargé du Budget, Cheikh Adjibou Soumaré en visite à l'Administration douanière, et qui a même emprunté le violon jusqu'à déclarer qu'"il n'y a aucun problème entre nous et Oryx, mais un problème d'incompréhension qui a subsisté depuis plus d'un an." Incompréhension. On est loin des déclarations corsées qui, il y a quelques mois seulement, traduisaient la position radicale prise alors par l'Administration sénégalaise dans une affaire qui, depuis un an et quatre mois, a connu beaucoup de soubresauts et défrayé la chronique. Aujourd'hui, après qu'une transaction portant sur une offre de 100 millions de FCfa de la part de Oryx ait été sèchement rejetée par les autorités sénégalaises, on peut bel et bien parler de dégel dans la mesure où les deux parties sont revenues à la table des négociations sur la base du « principe de la concertation inscrit dans le Code des douanes », rappelle le ministre, afin de déterminer quels sont les problèmes et qui doit quoi, explique-t-il. Un protocole a même été signé entre Oryx et l’Etat sénégalais pour, indique M. Soumaré, « déterminer les conditions dans lesquelles ce travail va être effectué ». Aussi, une task-force a été créée, composée des agents de la douane et de ses conseils, mais aussi des responsables de Oryx et de la Sar, dans une ambiance « extraordinaire », selon les propos du ministre parce que, dit-il, « tout le monde a compris qu’il valait mieux s’asseoir et discuter sur la base du Code des douanes qui est une loi, plutôt que de perdurer dans un contentieux inutile. »
Le discours a bel et bien changé car, le « travail » dont parle le ministre consisterait en fait « à déterminer, sereinement, quels sont les montants qui seraient éventuellement dus à l’Etat et qui doit les payer ».

Quid alors des 56 milliards de FCfa réclamés jusque-là à Oryx ? Le ministre, lui, ne parle pas de 56 milliards. Tout au plus insiste-t-il sur le fait que, « l’essentiel est que nous sommes entrain de faire un travail pour déterminer le montant, ça peut être 56 milliards, 1 milliard, 500 millions… mais nous sommes en partenariat et tout le monde est dans de bonnes dispositions .»
Qu’à cela ne tienne, Adjibou Soumaré rappelle tout de même l’enjeu de base qui est que des produits pétroliers ont été mis à la consommation intérieure et les ressources financières qui en découlent doivent être définies.

Les pétroliers, c’est aussi la Sar(Société africaine de raffinage) et entre celle-ci et l’Administration, le ministre a évoqué le même problème d’ « incompréhension », empruntant l’image de l’Administration qui est aussi une entreprise et qu’en tant que telle, il est admis qu’une entreprise doit faire tout pour ne pas créer ses propres dysfonctionnements, l’Administration essaie de corriger ses dysfonctionnements. Aussi, pour résumer l’ « incompréhension », le ministre indique simplement que « l’Administration a des principes qu’elle a voulu partager mais je pense qu’aujourd’hui, c’est un problème qui est derrière nous. »

Toujours est-il que l’Etat sénégalais ne devrait plus un kopek à la Sar et le ministre Adjibou Soumaré d’insister sur le fait que l’Etat a payé une vingtaine de milliards de FCfa qu’il devait à la Sar, même si celle-ci en réclamait une quarantaine au départ incluant des montants faramineux qui seraient dus aux pertes commerciales de l’entreprise de raffinage pour lesquelles l’Administration, elle, réclamait des justificatifs.

16 milliards sur un objectif de 12

Pendant que les autorités sénégalaises reprennent langue avec les autorités d’Oryx, au niveau du Bureau Dakar Pétroles où se situe également le terminal de stockage de Oryx à l’arrêt depuis plus d’un an, on double les recettes. La visite hier sur le site sis au Môle 3, du ministre Délégué chargé du Budget, a offert au Chef du Bureau Khalifa Dièye, l’occasion de vanter les vertus de la réforme en cours des procédures qui a permis d’enregistrer des performances de recettes pétrolières de 16,76 milliards de FCfa sur un objectif de 12,75 milliards de FCfa, rien que pour le premier trimestre 2006. Avec un meilleur contrôle de l’assiette et une effectivité des régularisations, entre autres, le Bureau Dakar-Pétroles arrive à faire des recettes mensuelles de 6 à 7 milliards de FCfa, selon les statistiques fournies par les responsables du bureau. La « botte secrète », faire payer les pétroliers rubis sur ongle, sans attendre deux à trois mois après la réception d’un manifeste pour courir derrière un arriéré. Sous ce rapport, le ministre est formel : « je n’accepterai plus que les pétroliers s’ajustent sur le dos de l’Etat, il faut être intransigeant », a-t-il déclaré en substance.

Malgré tout, les performances de recettes évoquées plus haut n’ont tout de même rien à voir avec les conditions quelque peu difficiles de travail, notamment l’Etat du bâtiment qui abrite les bureaux de la douane et qui semble justifier un besoin de « délocalisation » évoquée par le Colonel Khalifa Dièye, suivi en cela par le Ministre qui a approuvé l’idée.

Les mêmes difficultés matérielles qui se déclinent essentiellement en moyens logistiques, avaient d’ailleurs été évoquées, auparavant par le Directeur des opérations douanières Moustapha Madièye Dimé, pour les différents services de l’Administration des douanes visités hier par le ministre Délégué chargé du Budget, qui a exhorté toute l’Administration douanière à davantage faire des efforts dans la collecte des recettes en vue de financer les engagements de l’Etat qui, visiblement, a besoin de sous.