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Culture

[Témoignages] 15 ans après son décès : Ndongo Lo, un succès au forceps

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[Témoignages] 15 ans après son décès : Ndongo Lo, un succès au forceps
Avant de quitter ce bas monde en janvier 2005, Ndongo a été adulé par les mélomanes sénégalais. L'artiste a pourtant connu des moments difficiles dans sa vie, racontés à Seneweb par ses amis intimes. Des récits qui permettent de mesurer les ressources morales intarissables du fils de Yaye Marétou Fall.

Il y a quinze ans, jour pour jour, le chanteur Ndongo Lô quittait brusquement ce bas-monde. C'était un dimanche, 16 janvier 2005, au lendemain de son anniversaire. Il a rendu l'âme à la clinique Casahous dans la capitale sénégalaise. Il avait 30 ans. Un mois avant sa mort, il était en train de concocter son dernier album sorti en décembre 2004 et titré Aduna (La Vie). Joints par Seneweb, ses parents, amis, proches se souviennent encore de sa simplicité, sa générosité et de sa passion pour la musique et la confrérie mouride.

"Il ne faisait pas de la musique pour de l'argent"

Animateur-présentateur à la Dtv, Ibrahima Ba alias Dj Ives peine à oublier Ndongo Lo. Pour lui, la musique était une passion chez l'enfant de Pikine. "Cela fait quinze ans maintenant qu'il n'est plus là, mais pour moi il est toujours avec nous parce que ses paroles, ses chansons, ses textes sont toujours d'actualité. La musique était une passion pour lui et il ne le faisait pas pour de l'argent parce qu'il n'a rien laissé derrière lui", a fait savoir Dj Ives Ba.

L'animateur se souvient encore des circonstances dans lesquelles il a connu Ndongo Lo. "En 2004, quand on m'a fait écouter son single "Jakarlo", j'ai dit Waouh Ndongo Lo, il va encore frapper avec ça et c'est une semaine après qu'il est parti. Je n'arrivais pas à y croire parce que quand j'ai reçu le single, j'avais déjà programmé une émission avec lui". Selon lui, Ndongo était l'ami de tout le monde, il n'avait pas de sens interdit. "Il disait souvent "Aduna Amoul Solo", se souvient-il.

Djily Niang, ex-manger : "Il ne savait ni lire ni écrire mais…"

Ancien manager de l'enfant de Pikine, Djily Niang s'étonne encore des qualités artistiques de Ndongo Lo. Surtout pour un illettré. "Il ne savait ni lire ni écrire, mais c'est lui-même qui créait ses chansons. En une journée, il bouclait son album. Son premier album, il l'a fait en une journée. J'avais l'esprit tranquille à chaque fois qu'il préparait son album car au finish, le résultat était positif. Je peux dire que j'ai beaucoup appris avec lui et je rends grâce à Dieu".

Selon Djily Niang, le défunt aimait beaucoup aider les siens. A titre illustratif, le manager se souvient qu'un jour, Ndongo Lo était malade, allongé dans son lit d'hôpital. Or, il devait animer un concert dans 10 jours pour le compte du promoteur Luc Nicolaï qui préparait un combat à Diourbel.

"Il m'a demandé d'aller finaliser la signature du contrat. Je lui ai fait comprendre qu'il est malade et au-lieu de penser à sa santé, il parle de contrat. Il m'a répondu : ‘'non, va récupérer l'argent car il reste 10 jours avant la fête de la Tabaski''. Il voulait juste distribuer cet argent aux membres de sa famille pour que chacun puisse avoir un mouton pour la fête".

Djily Niang retient également de Ndongo Lo un homme qui aime la banlieue, surtout son quartier Pikine. "A chaque fois qu'il avait un contrat dans le programme, il fait tout pour que chaque samedi on puisse jouer à Pikine", a-t-il soutenu.

Le groupe "Jamm"

D'après l'ex-manager de Ndongo, des activités sont en train d'être menées afin de réaliser le rêve du défunt qui était de soutenir les plus démunies.

"Depuis que Ndongo est parti, on s'est fait la promesse de continuer ce qu'il a laissé derrière lui. C'est-à-dire réaliser ses projets inachevés. Nous avons aussi pour mission d'accompagner les jeunes artistes qui n'ont pas les moyens. On a eu à produire quelques artistes, y'en a même qui ont sorti des singles", relate-t-il.

Mais les anciens compagnons de Ndongo Lô préparent surtout le retour du groupe "Jamm". D'après Djily, le frère de Ndongo, Mame Cheikh, Thiate Seck et d'autres artistes aimeraient suivre les pas du défunt chanteur. "On espère marquer nos empreintes car notre objectif c'est de faire en sorte que les gens n'oublient pas Ndongo Lo", précise Djily Niang.

Pauvreté : "On a trouvé sa mère sur un matelas qui ne dépasse pas 3cm"

Ndongo Lo, c'est l'artiste de talent, mais c'est aussi l'humain qui a vécu des situations difficiles sur terre. Proche ami du défunt, Ndiambé Guèye se faisait régulièrement appeler "Ndiambé sama sekh bi" par Ndongo Lô. Il était comme un frère du chanteur. D'ailleurs, son nom a fait le tour du monde grâce à l'artiste qui chantait régulièrement ses louanges dans ses soirées et même dans ses singles. Entre les deux, c'est en fait un long compagnonnage.

Cet ami se souvient encore d'un épisode assez édifiant que l'indigent dans lequel a vécu l'enfant de Pikine à ses débuts. "Il a vécu des moments difficiles. A un moment donné, je l'ai même hébergé chez moi, car Ndongo ne voulait plus habiter avec ses parents, à son âge, en tant qu'aîné de sa famille. Il disait être majeur et ne pouvait plus être sous la responsabilité de ses parents", a-t-il fait savoir.

D'après lui, son ami avait beaucoup d'estime pour ses parents, surtout pour sa mère. Ainsi, dès ses premières heures de réussite, il a pensé d'abord à sa maman à qui il a acheté une chambre à coucher avec l'argent qu'il a récolté à sa toute première soirée.

En fait, il avait déjà repéré les meubles, avant même sa prestation. "Après avoir récolté son argent, il est allé directement chez le menuisier acheter la chambre à coucher". Et pour réserver une agréable surprise à Yaye Marétou Fall, la défunte mère de Ndongo Lô, tout le groupe Jamm a fait le déplacement à Touba.

"Arrivé sur les lieux, j'ai eu la surprise de ma vie en voyant cette dernière allongée sur un matelas qui ne fait pas plus de 3 cm. Je peux dire que c'est les prières de sa mère ce jour-là qui lui ont donné son succès qui est malheureusement de courte durée", regrette Ndiambé Guèye.

Malick Diouf, meilleur ami de Ndongo Lô : "Les musiciens doivent se rappeler de l'anniversaire de son décès"

Si donc l'artiste a pu se retrouver à cette marche aussi haute de la musique sénégalaise, c'est parce qu'il disposait de ressources morales quasi inépuisables. Ni la maladie, encore moins la fatigue n'ont été un obstacle pour lui. Tout comme Ndiambé Guèye, Malick Diouf était un ami intime de Ndongo Lô. Leur connaissance remonte à bien avant qu'il ne devienne chanteur. Ils ont donc cheminé ensemble dans les bons et mauvais moments.

Des moments durant lesquels Ndongo a montré sa force morale, en répondant à une émission de Keb's Thaim, là où presque tous les artistes auraient renoncé. "On était ensemble à Yoff vers la route de l'aéroport, quand subitement Ndongo est tombé, se tordant de douleur. Il disait qu'il allait mourir tellement qu'il avait mal. Je l'ai amené à l'hôpital. Et le soir même, on m'apprend qu'il en train de passer à la télé, je n'arrivais pas y croire. Je me suis dit : comment Ndongo peut se retrouver ici alors qu'il était malade toute la journée", se souvient encore Malick Diouf.

Le lendemain, lorsque Diouf demande des explications, il lui fait savoir qu'il a pris des risques pour ses fans et qu'il ne lui a rien dit, parce qu'il savait qu'il l'aurait dissuadé d'y aller. "C'est par la suite que je lui ai fait savoir que tout le monde disait du mal de lui. Il a même pleuré ce jour-là car il ignorait la gravité des choses", se désole Malick Diouf qui invite les musiciens à se souvenir du disparu. "Ndongo est un ténor, il a pratiquement tout fait en 3 ans de carrière", lance-t-il.

"Il était un fervent talibé Mouride"

Si Ndongo a pu avoir autant de ressources morales, c'est peut-être parce qu'il puisait sa force dans ses convictions religieuses.

Talla Niang est un petit frère de l'artiste. Son nom figure dans presque toutes les chansons de son frangin. L'homme se rappelle l'amour que son défunt frère avait envers la confrérie Mouride, particulièrement pour Serigne Fallou Mbacké. "Il a chanté les louanges de son guide religieux jusqu'à sa mort. Il a tellement chanté et vénéré le fils de Bamba que son nom est le plus souvent associé à celui du guide. On l'appelait "Ndongo mou Serigne Falou", témoigne-t-il.

2001, point de départ

Né le 15 janvier 1975 à Pikine (Sénégal), Ndongo Lô est issu d'une famille griotte. Le jeune garçon s'est distingué par sa voix d'Or et son amour pour la banlieue. Il a travaillé avec de nombreux musiciens parmi lesquels Papa Ndiaye Guéwel, Habib Faye, Gokh BI System, Moussa Traoré, entre autres.

Selon sa biographie officielle, l'artiste est l'auteur de quelques albums et de plusieurs chansons à succès, notamment "Ndortel" (Le début), avec le titre phare "Ma Yaye", ou il rend hommage à sa maman et à toutes les mères. La première chanson, Pikine, devient immédiatement un grand succès.

Le tube dédié au lutteur Mohamed Ndao "Tyson", lui vaut le titre de meilleur espoir de la scène musicale sénégalaise en 2001. Il confirme son talent et commence à faire ses premiers petits pas sur le plan international.

En 2002, il donne des concerts en France et en Italie et enchaine avec son deuxième album "Tarkhiss" qui sera également diffusé en Europe, en juillet 2003, par l'intermédiaire d'Africa Productions. En 2004, il prépare "Aduna", un Cd destiné au marché international.

Malheureusement, l'artiste ne connaitra pas le succès de cet album. Ndongo Lô est victime d'un malaise alors qu'il animait une soirée au "Yengoulen". Evacué à la clinique Casahous, il y restera deux jours avant de rendre l'âme. Disparu le 16 janvier 2005, l'artiste qu'il était garde encore une place de choix dans bon le cœur de bon nombre de Sénégalais.



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