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Sommet de Paris : New Deal ou prémices d'un nouveau départ raté de l'Afrique post-Covid (Par Emmanuel Boucar Faye)

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Sommet de Paris : New Deal ou prémices d'un nouveau départ raté de l'Afrique post-Covid (Par Emmanuel Boucar Faye)
Si le président Macron est inspiré par Franklin Roosevelt, initiateur de la politique du New Deal, alors un New Deal français pour l'Afrique, je ne peux y croire. J'estime qu'un New Deal pour l'Afrique doit être conçu par des africains, porté par des africains et réalisé peut être avec les partenaires au développement dont la France. Telle est ma conviction.

En écoutant les déclarations, en prélude à l'ouverture du sommet, du président de la République démocratique du Congo et président de l'Union africaine, Félix Tshisekedi et du président français Emmanuel Macron, jetais déjà habité par un sentiment de déception et de tristesse. Déception, parce que convaincu que ce sera un sommet comme les autres, malgré la portée de son thème de New Deal. Tristesse, parce que c'est encore et toujours l'Afrique, pauvre Afrique présentée aujourd'hui comme le continent auquel le virus venu de Chine, aura laissé plus d'effets secondaires et ce, malgré sa résilience et son nombre peu élevé de décès, comparé au reste du monde.

Mais peu importe !pour les pays développés, la France en tête, il faut sauver le "soldat" Afrique et pour ce faire il faut aller vite.

Dès lors, l'Afrique pour ma part, en se laissant embarquer, amorce un nouveau départ post Covid mais départ encore raté, car s'éloignant davantage de toute idée de souveraineté économique. A Paris, il ne sera pas question de l'éco ("bébé" annoncé en grande pompe et dont on ne parle plus la naissance) mais encore de dettes mais surtout pas d'annulation de cette dernière. Trop facile ! - Léb rèk té do fèy, toujours emprunter et demander à chaque fois qu'on annule. Et d'ailleurs, plusieurs pays africains ont déjà bénéficié de cette "faveur", ils s'en portent pas mieux pour autant. L'annulation de la dette n'est donc pas la solution. C'était là une parenthèse.

Ainsi le premier sommet d'envergure post Covid19 est consacré à l'Afrique avec invitation /convocation de ses présidents qu'aucun n'aura décliné pour raison sanitaire ou agenda chargé.

L'Afrique est véritablement malade de son élite politique qui feint de comprendre, que les vraies questions qui interpellent le continent, portent essentiellement sur : la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption (la vraie Covid de l'Afrique), l'éducation, la formation, la santé etc… et enfin la reconsidération de la coopération bilatérale qui doit être basée sur le principe du gagnant gagnant. A l'occasion de rencontres internationales, j'ai souvent entendu son excellence monsieur le président de la république du Sénégal, attirer l'attention sur la nécessité de changer de paradigme dans les relations internationales et inviter les partenaires à éviter de nous concevoir des solutions à nos problèmes. Mais quelle portée peut avoir un tel discours si ses paires pensent autrement ?

Dans le discours du président Macron, précédant l'ouverture du sommet, j'ai relevé le passage que voici : "… c'est à nos yeux le sommet de l'urgence et de l'ambition (les mots sont forts et bien choisis). De l'urgence parce qu'il y a une urgence sanitaire économique et sociale, sommet de l'ambition parce que l'Afrique a tout pour réussir. Elle a une jeunesse, une force productive et la capacité à relever les défis, ceux de l'urgence climatique et alimentaire en particulier, si, collectivement…."

Très souvent quand on parle de l'Afrique, les discours se succèdent et se ressemblent mais ici, je peine à admettre que la question du climat soit une urgence pour un continent très faiblement industrialisé et qui cherche du "pain".

J'estime que, comme dans le milieu maritime, il faut appliquer le principe du pollueur/payeur. Que ceux qui agressent la couche d'ozone payent à la place de ceux qui subissent les conséquences des changements climatiques ,ce n'est pas plus compliqué que cela.

Cependant la constante est que, le continent a une population jeune (qui est une force productive d'après le président français, ce qui est vrai) et héberge presque les plus importantes réserves de ressources naturelles au monde. Le constat étant fait, la cause principale du sous-développement est alors à chercher en nous, en l'homme africain. A quand un réveil collectif ? Car l'Afrique ne pourra se relever qu'ensemble, en faisant bloc et cela passe par le bon fonctionnement de nos institutions communes.

Le sommet français du New Deal, s'apparente donc à du déjà vécu et rappelle les mêmes approches de la défunte ou dormante Françafrique. En parcourant les conclusions, on se perd dans un foisonnement de déclarations aux allures de promesses électorales (donc très belles mais peu réalisables ou difficilement). En clair, il n'y a pas eu d'engagements fermes en faveur d'un véritable New Deal dans le court terme. Seul le pays organisateur en l'occurrence la France a pris des engagements. Le temps nous édifiera sur la suite.

Les autres dirigeants présents au sommet et ceux des institutions multilatérales se sont gardés de de le faire. Finalement, les décisions prises n'engagent certainement que la France et ses "amis". Cependant faut-il rappeler que, "les états n'ont pas d'amis, ils n'ont que des intérêts".

Le sommet de Paris à mon sens, pose doublement problème et risque de ne pas voir ses conclusions facilement appliquées, ou en tout cas pas dans le court terme. Les discussions se poursuivront au niveau du G7 et G20, portées par la France, assure son président qui est prêt à réallouer à l'Afrique, les DTS dont son pays est dépositaire. L'effort est louable.

1 Dans le préambule de la déclaration finale il est dit ceci : "la pandémie de COVID19 a provoqué une crise économique mondiale sans précédent, aux conséquences sociales majeures"

Donc objectivement il devrait être question de la relance de l'économie mondiale, avec une attention particulière portée aux faibles économies africaines, très touchées parce que trop dépendantes. Toutes les économies de presque tous les pays sont éprouvées et tout le monde doit se relever, la France y comprise.

2. Par ailleurs dans le même communiqué final il est stipulé que : "Dans l'immédiat, la priorité absolue est de vaincre la pandémie. Nous reconnaissons le rôle d'une immunisation à grande échelle contre la Covid-19 en tant que bien public mondial…."

Si la priorité absolue est de vaincre la pandémie et si nous sommes tous d'accord qu'il sera difficile à l'Afrique de relancer ses économie (quel que soit le volume d'aide), en s'enlisant dans une crise sanitaire dont personne ne peut encore présager la fin, alors un pré-sommet sur la pandémie devrait d'abord être consacré à l'Afrique, avant celui du New Deal, pour voir ensemble comment éviter au continent, d'être la base arrière du virus.

Si le développement de la technologie et la magie de l'internet ont fait du monde un village planétaire, le virus de la COVID19 vient de nous rappeler, qu'après avoir fait du monde un village planétaire, nous sommes tous condamnés à y vivre ensemble et à nous entraider, riches comme pauvres. Personne n'a le choix, aujourd'hui aucun pays ne peut aller seul. Dès lors, le soutien supposé à l'Afrique dans le cadre de cette pandémie, n'est-il pas aussi un manque de choix ou une part de solution aux problèmes des autres ?

Les dirigeants africains devraient repenser sérieusement une autre Afrique post Covid et ensemble, opérer radicalement des ruptures dans tous les domaines y compris les relations internationales, pour enfin commencer à espérer sortir le continent de cette pauvreté endémique. Mon sentiment est qu'une Afrique éternellement problématique (avec ses autres pandémies dont le terrorisme entre autres) est de la bonne matière pour le dynamisme de la diplomatie mondiale avec la coopération militaire et la vie des ONG. Donc la vraie solution à nos problèmes ne viendra certainement pas d'ailleurs.

Si de cette pandémie de la Covid 19, les dirigeants africains ne tirent pas les bonnes leçons et attendent tout des autres, l'Afrique va inévitablement rater un autre départ.

Les règles de partage des doses de vaccin , la décision de la Russie (avant même que la Covid19 ne soit classée pandémie) de suspendre ses exportations de blé, pour certainement des raison de sécurité alimentaire, sont autant de signaux suffisamment sérieux, qui devraient faire prendre conscience à nos dirigeants, qu'ils ont le devoir d'œuvrer sans relâche, pour "extirper" le continent de cette dépendance totale et aveugle.

Emmanuel Boucar FAYE
C L C
Pilote au Port Autonome de Dakar


1 Commentaires

  1. Auteur

    Raté? Pas Pour Tous

    En Mai, 2021 (13:45 PM)
    Certains ont ramenés un big trophé.  Chéé..gaañy,  Golo amna foyoukay bou bess, fouñu diem? Aibus pour acheter le pain, pour faire Roume-Mermoz avec fermeture decollages aibd, visites privées à St louis, Guediaway ou Agnam re-Aibus néo.. Permis pilotage pour survoler keur Sonko voir ce qu’il mijotte encore, cette petite peste !
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