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[ Opinion ] Professeur Arona Ndoffene Diouf : Lettre Ouverte À Maître Abdoulaye WADE, Président de la République du Sénégal

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[ Opinion ] Professeur Arona Ndoffene Diouf : Lettre Ouverte À Maître Abdoulaye WADE, Président de la République du Sénégal

Pr Arona NDoffene Diouf, Ph. D.

Président de l’ACAD 

Greensboro, le 31 Octobre 2008 

Lettre ouverte  

À Maître Abdoulaye WADE, Président de la République du Sénégal 

CRISE DE L’ÉNERGIE AU SÉNÉGAL : POURQUOI PAS LA TOURBE, MONSIEUR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ? 

Monsieur Le Président, je voudrais tout d’abord vous adresser mes remerciements les plus sincères pour avoir eu l’amabilité de me faire l’honneur de m’inviter à venir vous accompagner dans votre recherche de voies et moyens pouvant faire avancer notre pays, en phase avec la marche d’un monde en continuelle progression. Bien que pour des raisons personnelles je n’ai pas pu accepter votre offre du « meilleur espace » de votre gouvernement, comme vous me l’aviez proposée en 2004, cela ne m’empéchera aucunement de vous donner ma contribution sur les solutions des crises qui affectent durement notre pays. 

Monsieur le Président de la République,

le sept décembre 2004, vous m’aviez honorablement reçu en audience à votre Hôtel, Le Grand Hyatt de Times Square, en plein centre de New York. Je me suis alors retrouvé en face d’un homme, certes, marqué par le poids des années, mais apparemment encore robuste et mentalement au meilleur de sa forme, vue sa maîtrise, non seulement des affaires courantes du Sénégal, mais aussi des perspectives qui peuvent remettre le pays, l’un des plus pauvres de la planète, sur les rails de la prospérité.

Ensemble, en présence de votre ex-Conseiller Maître Alioune Badara Cissé, de Monsieur Karim Wade, votre fils et de votre secrétaire Madame Astou Thiam, nous avions fait le tour des problèmes qui se posaient au Sénégal et qui se rapportaient à mes domaines d’expertise à savoir, entre autres, la maîtrise de l’énergie, l’autosuffisance alimentaire par l’exploitation de nos eaux superficielles, comment sauver les ICS qui sombraient, grâce à la valorisation et à la vente des millions de tonnes de stocks de phosphogypse -résidus de la production d’acide sulfurique à partir de la roche phosphate- et la désalinisation. 

Pour chacun des problèmes évoqués, nous convenions ensemble de perspectives de solutions. Cependant, l’un d’eux semblait particulièrement être un sujet de grande préoccupation pour vous. Il s’agissait des difficultés que rencontrait le Sénégal en matière d’énergie ainsi que de sa maîtrise dans un monde devenu de plus en plus capricieux et dynamique en matière de fuel fossile. Nous avions alors identifié ensemble beaucoup de pistes parmi lesquelles fut retenue l’exploitation des millions de mètres cubes de tourbe des Niayes pour une production d’électricité : une solution durable et efficace pour faire baisser la facture pétrolière qui devenait de plus en plus pesante pour l’État et, en particulier, pour la Senelec.

C’est alors, Monsieur le Président de la République, que vous me chargiez de vous faire une étude de faisabilité pour la création de deux sociétés privées d’exploitation intégrée et de mise en valeur industrielle de la tourbe (SST) et du phosphogypse (SSP) au Sénégal.  

En Mars 2005, vous m’aviez invité au Sénégal pour vous présenter les résultats de mes travaux. Je vous ai alors exposé, en présence de votre ex-Premier Ministre, Monsieur Macky Sall, un rapport détaillé de 284 pages portant sur la faisabilité d’une usine de tourbe avec la création de deux centrales électriques à tourbe de 80MW chacune : une à Lompoul et une autre à Taïba Ndiaye.

Je vous rappelle aussi que le financement de ces projets avait été conclu avec un bailleur de fonds espagnole avec qui nous avions effectué les analyses préléminaires en matière de traitement, de séchage et de production. 

Permettez- moi, de vous faire ici une fois de plus un état des lieux sur les utilisations de la tourbe à travers le monde. 

La tourbe, exploitée dans plusieurs pays, pourquoi pas au Sénégal?

La tourbe a été employée comme source d'énergie pendant au moins 2000 années à travers le monde. Elle était utilisée comme combustible alternatif au bois pour la cuisine et le chauffage dans les régions tempérées et boréales d'Europe, en particulier en Irlande, en Angleterre, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Suède, en Pologne, en Finlande et en URSS.

Depuis la flambée du prix du pétrole sur le marché mondial en 1974, après la guerre du Proche-Orient, beaucoup de gouvernements avaient approuvé une politique de valorisation et d’accroissement de leur production de tourbe. Par example, plus de 6000 MW de génération d'énergie électrique de la Russie ont été produits grâce à la tourbe, et, en outre, environ 4,5 millions de tonnes de tourbe sont produites annuellement pour le chauffage domestique à travers ce vaste pays.

La Finlande et la Suède ont installé plusieurs centrales électriques de combustion de la tourbe qui produisent de l'électricité et fournissent de la vapeur et de l'eau chaude pour le chauffage urbain. L'Irlande obtient environ le tiers de son énergie électrique à partir de sept stations utilisant la tourbe, lesquelles consomment environ 56 % de la production annuelle de tourbe du pays, d’une valeur de cinq millions de tonnes. Au Canada et aux États-Unis, un Conseil national inter-États de recherche a été mis en place pour établir un Programme d'énergie à partir de la tourbe qui redéfinit le développement des ressources énergétiques des deux pays. 

Les Réserves de tourbe au Sénégal

Your browser may not support display of this image.Les réserves de tourbe au Sénégal sont estimées à plus de 82 millions de tonnes localisées dans les Niayes (de Cayar jusqu’a Rao, Saint-Louis), au Sine Saloum et dans les mangroves fossiles du fleuve Casamance, comme le confirment tous les résultats des prospections menées depuis les années 1965, 1970 et 1981 dans le cadre de plusieurs études scientifiques d’exploration et d’estimation.

Cette quantité et la qualité de la tourbe pure et riche en valeur calorifique ont confirmé son choix pour la production d'électricité dans de petites unités dans la gamme de 50 à 1000 Mkilowatts.

Des efforts précédents d'exploitation de la tourbe au Sénégal, menés en 1985 par la Compagnie des Tourbières du Sénégal (CTS) grâce à un financement Norvègien et en 1995 par le groupe belge Tractabel, ont rencontré une forte résistance du fait de politiciens qui ont voulu sauvegarder des intérêts étrangers. Évidemment, toutes leurs allégations n’avaient aucun fondement rationnel ou scientifique. Elles ont, cependant, été les raisons principales à l’origine de la fermeture, par le gouvernement de Diouf, de la CTS et de Tractabel Sénégal.

Dans mon rapport de Mars 2005, j’ai proposé une technologie novatrice mise au point dans mes laboratoires aux Etats-Unis et qui pouvait apporter une solution aux contraintes sus-évoquées. Il est possible de mettre en place un système moderne d’amélioration et de réaménagement des surfaces exploitées dans les Niayes en utilisant du phosphogypse pré-traité par voie bioremédiale.

Cette solution qui stimulerait le développement intégré dans la région des Niayes serait économiquement la bienvenue, en ce sens qu’elle serait génératrice de revenus chez des populations désoeuvrées et tant de fois abreuvées d’innombrables programmes d’agriculture et d’élevage mal orientés, depuis les régimes de Senghor et Diouf.  

Monsieur le Président de la République,aujourd’hui, je ne suis plus persuadé que vous restez toujours dans la même dynamique et dans les mêmes dispositions qu’en 2004, lors de notre premiére rencontre à New York, à la recherche de solutions idoines pour faire avancer notre pays. 

A plusieurs reprises, je suis retourné au Sénégal dans le cadre du suivi des études que j’avais menées à la suite de vos instructions, en vue de la création de l’usine de tourbe, dont vous aviez confié la réalisation à ... Monsieur Samuel Sarr.

Je vous ai écrit à deux reprises des correspondances à titre de rapports d’étape mais sans suite de votre part sur la réalisation de ces projets pourtant si urgents et qui représentent aujourd’hui la seule issue à long terme pour le Sénégal, afin que le pays puisse conjurer l’actuelle catastrophe énergétique et donc économique.  

Malgré les nombreux programmes que vous proposez inlassablement avec des trompettes médiatiques, vous et vos nombreux gouvernements n’ont pas réussi à soumettre un programme solide exposant les défis urgents auxquels les sénégalais font face aujourd’hui. Au contraire, vous avez toujours eu recours aux manoeuvres politiciennes pour apprivoiser le peuple sénégalais demuni, meurtri et pris en otage dans une impasse politique indécente. A preuve, les jeunes qui s’embarquent dans les pirogues des missions-Barsax suicidaires et nos parents restés au pays qui vivent, malgré eux, des conditions de vie de plus en plus dégradantes et déshumanisantes. 

Monsieur le Président de la République, par cette lettre, je me permettrai de vous tenir entièrement responsable de la situation de chaos que vit notre pays. De par votre faute, le Sénégal vit aujourd’hui la période la plus terrible et la plus scandaleuse de son histoire sur tous les plans : politique, économique, éducatif et social. Les problèmes auxquels le Sénégal est aujourd’hui confronté sont l’œuvre des inconduites politiques et des désastres sociaux provoqués par vous meme et vos politiciens véreux dont le seul objectif  est de satisfaire leur propre intérêt.  

Monsieur le Président de la République, au demeurant et contrairement à votre inertie, je ne me retirerai de cette cause que quand je verrai se concrétiser ces importants projets qui devraient grandement contribuer à résorber, d’urgence, l’extrême crise énergétique bien connue de notre pays.

Permettez-moi, une fois encore, de réitérer mon engagement indépendant et indéfectible à soutenir, de par mes expertises, toutes initiatives pour un Sénégal dévelopé et prospère pour tous ses enfants.  

Veuillez croire, Monsieur le Président de la République, à mes sentiments profondément patriotiques. 

Arona NDoffene Diouf, PhD

Directeur des Programmes des Sciences de la Terre et de l’Environnement

Consultant International en Energie Renouvable et Non-Renouvelable

Expert en Traitement des Eaux et en Valorisation des Ressources Naturelles

Département des Ressources Naturelles, North Carolina Agriculture & Technical State University

Président de l’ Union des Sénégalais Concernés (USC)

Président de l’Alternative Citoyenne (ACAD)

ACAD International (www.acadsunureew.com)

Greensboro, North Carolina

Etats Unis



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