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[ Contribution ] Les « Porteurs de Pancartes » et les orphelins de l’idéologie ou réponse à Messieurs Moctar Fofana Niang et Mandiaye Gaye.

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[ Contribution ] Les « Porteurs de Pancartes » et les orphelins de l’idéologie ou réponse à Messieurs Moctar Fofana Niang et Mandiaye Gaye.

Dans une conférence de presse restée mémorable, après les « journées des barricades » animées par le leader des tenants de l’Algérie française en janvier 1960 à Alger, le Général De Gaulle, qui n’était pas dépourvu   du sens de la dérision déclarait « évidement on peut comprendre les nostalgiques de la marine à voile du temps des équipages et des lampes à huile … » «  … mais quoi ! il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités ». 

En 2009, encore, avec un peu de mansuétude on peut comprendre aussi ceux qui, décidément, ne se rendent pas compte que le mur de Berlin est tombé depuis le                     9 Novembre 1989. Il y a vingt ans ! 

Pour paraphraser toujours De Gaulle, c’est peut-être le moment de rappeler à ces hussards de l’épopée  du stalinisme idéologiquement orphelins que le marxisme léninisme est mort, et que, si on ne le comprend pas, on mourra avec lui 

En attendant on ne devrait donc pas s’étonner qu’ils proclament, urbi et orbi, qu’eux seuls étaient face au tout nouveau chef du Gouvernement français, le 26 Août 1958, à la place Protêt de Dakar. 

Dans la presse, deux extra-terrestres Moctar Fofana Niang et Mandiaye Gaye, confusionnistes à souhait dans la démarche intellectuelle, bêtes et méchants dans l’expression, me prennent à partie et, au delà de ma modeste personne, s’en prennent aussi au Président Doudou Wade et même à feu Majhemout Diop, ce patriote « fondamental » dont les héritiers, conduits Siaka Sané, m’ont fait l’amitié, il y a quelques jours, de me rendre visite à Rufisque et partager un dîner fraternel avec mes amis et moi.

Mais… quelle mouche les a donc piqués, pourrait on se demander, après avoir lu leur diatribe. 

J’aurais, parait-il, falsifié l’histoire pour faire de la récupération politique en revendiquant ma qualité de « porteur de pancarte ». 

Bien que les francs-tireurs n’aient pas eu l’outrecuidance de contester ma présence à le place Protêt ou mon appartenance au Mouvement des Jeunes de L’Union Progressiste Sénégalaise (MJUPS), c’est en spéculant sur mes responsabilités au sein de ce mouvement qu’ils prétendent remettre en cause ma participation effective à la manifestation du 26 Août 1958. 

C’est tout simplement délirant !  

Dieu Merci, beaucoup parmi les acteurs des événements du 26 Août 1958 sont encore vivants. Qu’ils vivent longtemps encore !

Certains parmi eux, chaque année, célèbrent, avec nous, dans l’association des « porteurs de pancartes », la rencontre historique.  

D’autres, de ma génération, ou plus âgés, témoins et acteurs également, bien que ne s’activant dans des structures comme la nôtre, demeurent encore « les gardiens du temple ».

Comment, dans un tel contexte, une supercherie est elle possible ?

Tous ceux là donc, comme des moutons, se seraient passivement laissés « manipulés » par moi ? 

Quelle piètre opinion ont, donc, Messieurs Niang et Gaye, de ces éminentes personnalités !

« Voilà bien les hommes, tous également scélérats dans leurs projets ; ce qu’ils mettent de faiblesse dans l’exécution, ils l’appellent probité » a dit de Laclos dans « Liaisons dangereuses ». 

Les deux moralisateurs, dont la mauvaise foi effleure à chaque ligne de leur littérature, ne vivent et ne comprennent le monde que déformé au travers de leur frénésie. 

Adeptes  de l’amalgame ils ne peuvent, assurément, pas être inspirés.

Les « porteurs de pancartes », ceux, en tout cas, qui s’activent à mes côtés comme Assane Masson Diop, Amadou Racine Ndiaye, Tamimou Dème, et   bien d’autres n’ont jamais eu la prétention de déclarer  qu’ils étaient seuls à la place Protêt,                              le 26 Août 1958. 

Nous du MJUPS, nous avions manifesté ce jour là à côté de syndicalistes, de femmes, de membres d’autres organisations, d’étudiants de Dakar et de la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France (FEANF) etc. 

Nous ne nous prévalons ni de prééminence, ni d’exclusivité !   

Nous avions à nos côtés Aly Bocar Kane, Abdoul Maham Ba du Conseil de la Jeunesse, Alioune Cissé et Adama Ndiaye de l’UGTAN, Alioune Badara Paye,                   Bouré Thiaw, Majhemout Diop du PAI et toute son équipe, l’UGEAO de Bertin Borna et aussi quelques étudiants de la FEANF, venus en vacances à Dakar. 

C’était l’époque du « Comité pour la Défense des Libertés Démocratiques ». Déjà !

Nous nous étions organisés, avec nos moyens propres, nos mots d’ordre, nos pancartes et nos banderoles. Ces moyens avaient été mis à notre disposition par l’instance politique à laquelle nous appartenions et nous étions l’épine dorsale de la manifestation. Nous jeunes de l’UPS, section sénégalaise du PRA ; 

C’est pourquoi, nous avons le droit, - et nous en usons et en abusons- de nous souvenir, périodiquement, que l’acte que nous avons posé le 26 Août 1958 est un acte majeur, qui participe de ce qui fait l’histoire de notre pays. 

Et nous en sommes fiers ! 

En ce qui me concerne, ma seule appartenance au MJUPS, eût suffi pour me conférer ma qualité d’ancien « porteur de pancarte » comme la présence sur le front de bataille confère au soldat la qualité d’ancien combattant.

Mais puisque les victimes de Gorbatchev et de sa « perestroïka » veulent savoir si j’étais simple soldat, ou capitaine, sur le front de la place Protêt, c’est bien volontiers que je leur apporte ces quelques précisions. 

Je suis entré en politique comme on entre en religion à dix sept ans.  

En juin 1954, déjà,  j’ai été élu à un poste de responsabilité nationale au congrès du Mouvement des Jeunes du Bloc Démocratique Sénégalais (MJBDS) à Louga. 

A ce congrès, entre autres, avaient été élus :  

Mamadou Alcaly Diouf, Docteur en pharmacie, Mansour Bouna Ndiaye, (de Louga) Trésorier Général, Mbaye Ndir (de Thiès), père de l’actuelle journaliste de la télévision nationale, Maïmouna Ndir, Secrétaire administratif, Amadou Lamine Sarr, longtemps Député de Foundiougne, Secrétaire Général Adjoint. 

Et votre serviteur, Secrétaire à l’Organisation et à la Propagande, avec à ses côtés Massamba Niang (de Saint-Louis) 
 
 
 

Trois années après ce congrès, un autre congrès, celui constitutif des Jeunesses du Bloc Populaire Sénégalais (BPS) devait se tenir à Thiès. Y furent Elus :

Amadou Ndéné Ndao, Secrétaire Général, Amadou Racine Ndiaye, Trésorier Général, Samor Diouck, Secrétaire Administratif, Alioune Diop, Secrétaire Général Adjoint etc. 

Et votre serviteur, élu encore Secrétaire Général à l’Organisation et à la Propagande, poste  équivalent aujourd’hui à la fonction de Secrétaire politique. 

Par ailleurs, Amadou Ndéné Ndao, Amadou Racine Ndiaye et moi-même, avions été désignés par nos pairs, pour représenter les jeunes au bureau politique du BPS. C’était en mars 1958. 

Ainsi, à 22 ans, je siégeais avec Léopold Sédar Senghor, Mamadou Dia,              Abdoulaye Ly, Abdoulaye Gueye « Cabri », Valdiodio Ndiaye, Amadou Moctar Mbow, Assane Seck, Doudou Thiam, Ibrahima Sarr, Latyr Camara, Abdoulaye Fofana, Alioune Badara Mbengue, André Guillabert, Joseph Mbaye, etc., dans la même direction politique. 

Quel destin ! En toute Modestie. 

Le 8 Avril 1958, s’était tenue à Dakar, la troisième réunion commune des bureaux politiques de l’ex BPS, de l’ex PSAS et  de l’ex MSUS, pour consacrer la naissance de l’Union Progressiste  Sénégalaise. 

A l’issue de cette réunion, six jeunes, qu’étaient Amadou Ndéné Ndao,                   Amadou Moctar Diop, Maguette Birama Sarr, Amadou Racine Ndiaye,            Serigne Babacar Diop et moi-même avaient été désignés en qualité de délégués à la jeunesse, dans le nouveau bureau politique de fusion. 

Les Directeurs politiques étaient Léopold Sédar Senghor et Lamine Gueye, le Secrétaire Général étant Mamadou Dia. 

Mes deux contempteurs apprendront, donc, que très tôt, j’ai assumé des responsabilités politiques nationales (CF l’ouvrage de Abdoulaye Ly : les regroupements politiques au Sénégal 1956 – 1970, page 142). 

Quelques mois plus tard, les 25, 26, 27 Juillet 1958, alors que le Général De gaulle  venait de s’installer au pouvoir, en France, à la suite des événements du 13 Mai 1958 à Alger, j’ai eu la chance de participer à l’historique congrès de Cotonou du PRA, étant le plus jeune membre de toutes les délégations territoriales présentes à ces assises. 

C’est ainsi que j’ai également eu la chance, nom moins historique de voter, dans la soirée du 27 Juillet 1958, la fameuse motion présentée par Bakary Djibo du Niger et caractérisée par son légendaire triptyque :

  • Indépendance immédiate
  • Nation fédérale Africaine
  • Confédération de peuples libres.


 

Revenu de Cotonou, j’ai eu à prendre part aux deux réunions du Bureau politique, dont l’objet était de valider les décisions du congrès de Cotonou, et de préparer l’arrivée de De Gaulle, programmée pour le 26 Août.

Abdoulaye LY, qui, à l’époque, avait la charge de superviser les jeunes, devait être, naturellement, le tout premier à être consulté, lorsque, il y a quinze ans, nous avons pris la décision de mettre sur pied une association des « porteurs de pancartes ». Il nous marqua sa pleine approbation. 

Que n’ont-ils pas eu la bonne idée, mes deux censeurs, de consulter cette grande figure, avant de s’engager si témérairement sur la voie de la délation et du dénigrement. 

C’est, donc, toujours en ma qualité de secrétaire général à l’organisation et à la propagande, que j’ai pris une part active aux préparatifs de l’accueil réservé à De Gaulle. 

Banderoles, prospectus et pancartes, tous portant la marque de l’UPS, section sénégalaise du PRA. 

Tout ce matériel fut confectionné au n°55 de la rue Escarfait, où nous nous activions pratiquement nuit et jour. 

Ce fut en ce lieu, siège du parti, que Valdiodio Ndiaye, flanqué de Jean Collin est passé le 25 août au soir, en présence de Abdoulaye Ly, nous donner la primeur du discours qu’il devait prononcer le lendemain, lors de l’accueil du Général De Gaulle. 

    Nous avons rendu hommage, en 2001, à Valdiodio Ndiaye lors d’une cérémonie solennelle, à l’Université de Dakar, en faisant décorer à titre posthume, son épouse, Claire Ndiaye, dans l’Ordre National du Lion, comme pour Mbaye  Paye en 2009. 

    La collaboration de l’imprimerie A. DIOP nous fut éminemment précieuse. Hommage et remerciements sans fin à « DIOP Imprimeur ». 

    Le bureau national du MJUPS (qui se réunissait pratiquement tous les soirs) avait divisé Dakar en quatre zones. 

    En ma qualité de secrétaire général chargé de l’organisation et de la propagande, j’ai hérité de la zone du Plateau (et de la place Protêt). Atoumane Ndiaye, Amadou Racine Ndiaye, Nguirane Ndoye (le Père de l’actuel Maire du Plateau) étaient chargés des autres zones. 

    A quelques heures de ce face à face fatidique et compte tenu de ce qui vient d’être exposé, je laisse aux lecteurs le soin de déterminer ma place et mon rôle dans les événements du mercredi 26 août 1958, objet de tant de préparations. 

    Certainement, Messieurs Niang et Gaye peuvent maintenant avoir une idée plus précise de ce que j’ai fait, et, sans doute, des définitions des mots « falsification », « usurpation »  ou «  récupération ».  

    Après Août 1958, notre combat n’avait pas cessé pour autant. 

    Quel devait être notre vote au référendum  du 28 septembre 1958 ? Oui à la communauté proposée par De Gaulle, ou Non ?  

    Après mille et une péripéties, dans la nuit du 19 au 20 Septembre 1958 à l’issue d’une réunion tenue à Rufisque, dans la salle des fêtes de la Mairie, nous avons été mis en minorité, nous qui étions partisans du vote négatif.  

    Et c’est à quatre heures du matin, que nous avons quitté la réunion en claquant la porte et nous nous sommes rendus chez Amadou Gabin Guèye au quartier Dangou pour mettre en place une instance dissidente appelée « PRA  Sénégal », par fidélité aux mots d’ordre de Cotonou.  

    Mon nom figure parmi les signataires du manifeste - que je tiens à disposition - créant le PRA-Sénégal avec la mention « Délégué des jeunes au bureau politique de l’UPS », le premier signataire de ce manifeste est Latyr Camara ( Syndicaliste, Ministre de la fonction publique démissionnaire) et le dernier signataire est aussi un « syndicaliste », Madia Diop, décédé il y a un an. 

    Nos deux mousquetaires, toujours en retard d’une révolution, rêvent encore, sans doute du grand soir. 

    Mais attention ! point trop n’en faut. Ce n’est pas très glorieux d’être pris en flagrant délit de mensonge et de médisance. 

    Tout mon itinéraire me met à l’abri de mesquineries.   

    Je ne crois pas, à mon âge, avoir, par ailleurs, besoin des leçons de patriotisme ; mon parcours militant de plus de cinquante ans en est une proclamation suffisante. 

    La « sortie » de Moctar Fofana Niang et Mandiaye Gaye, au-delà de la méchanceté gratuite est tout simplement irrationnelle.  

    Après avoir lu et relu l’article co-signé de ces deux individus, la seule chose à laquelle j’ai pensé, est le verset 5 de la sourate 113, « La Fête » du Saint Coran.

    Il est question dans ce verset, de se « réfugier auprès de Dieu, contre le mal de l’envieux, quand il envie » 

    Si Boubêkeur Hamza, père de Dalil Boubêkeur, actuel Recteur de la Mosquée de Paris, dans son exégèse du Coran commente ce verset de la façon suivante :

    « Rien n’est plus désarmant que l’action de l’envieux ; à qui on n’a rien fait ; qu’on ne connaît peut être même pas ; à qui on est peut être même prêt à rendre service ». 

    C’est du côté de cet inconnu qu’on s’attend le moins d’une mauvaise action ;  qu’on ne peut se prémunir contre rien. Seule protection : s’en remettre à Dieu » 
     

    Rufisque, le 11 Novembre 2009 
     

    Maître Mbaye - Jacques DIOP

                                                                                         Président

    De l’Association Nationale

    Des  « Porteurs de Pancartes »



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