En route vers l’Immergence ! par Oumou Wane

Sans rien comprendre à l’économie et à ses subtilités inaccessibles, l’on peut quand même se poser quelques questions naïves !

Pourquoi sommes nous si pauvres ?
A quoi nous servent le FMI et la Banque Mondiale ?
Pourquoi notre secteur privé est si faible et ne crée pas d’emplois ?
Nos partenaires classiques, l’Occident en l’occurrence, sont ils toujours les meilleurs, empêtrés qu’ils sont dans une crise sans précédent ?
Pourquoi nos Etats sont ils si frileux lorsqu’il s’agit d’accueillir de nouveaux partenaires ?

On pourrait continuer dans le questionnement tant nous sommes scotchés au propre comme au figuré par cette pauvre vie que nous menons dans un monde certes en crise mais où l’argent n’a jamais autant coulé à flots.
 
Osons-le, il y a des gendarmes qui ont érigé des barricades électriques tellement dissuasives que les pauvres pays que nous sommes sont maintenus dans un huis clos infernal avec des instruments de torture tout autour pour punir ceux qui tenteraient de s’en échapper. Pour aller fricoter ailleurs ? La métaphore n’est pas malheureuse tant cette situation fait penser à un mariage à vie, une fois que l’on est dans ses liens, impossible d’en sortir, l’idée même d’y penser est déjà un crime de lèse-majesté !

La Banque mondiale et le FMI, qu’ils me pardonnent mon ignorance mais je n’ai jamais ouï dire qu’ils ont développé un pays. Par contre j’ai déjà entendu qu’un pays s’est mis à émerger lorsqu’il a osé les virer. C’est le cas de la Malaisie ! Donc en les quittant on peut émerger, cela veut-il dire que lorsque l’on reste avec eux, on plonge ? Ne pas émerger c’est donc immerger parce que faire du sur place c’est impossible en physique je crois ! On dit bien qui n’avance pas recule ! Un avion avance ou tombe mais ne peut faire du sur place ! Osons ce mot qui n’existait pas encore, ceux qui ont créé cette belle langue française n’ayant pas prévu la possibilité que cette situation puisse exister. Nous sommes en route pour l’immergence !

Nos pauvres fonctionnaires des finances sont sous le poids d’une paperasse sans nom, passant le plus clair de leur temps devant leurs tableaux Excel ou dans des avions pour rejoindre leur Mecque à Washington. Les valises de documents qu’ils trimbalent  serviront à prouver qu’ils sont toujours monogames et sages, qu’ils ont juré fidélité et marchent sur les passages cloutés et dès lors méritent des rallonges. 

Je n’y comprends toujours rien ! Nos dirigeants et nos fonctionnaires sont brillants en principe et pourtant ils n’arrivent pas à développer notre économie. Le budget de l’Etat j’ai cru comprendre résulte de la collecte des impôts qui le constitue en grande partie, mais alors, pourquoi n’agrandit-on pas le gâteau pour collecter davantage d’impôts et financer nos secteurs clés ? Pourquoi nos financiers s’occupent-ils plus à gérer ce qu’ils ont collecté plutôt que de nous bumper ce gâteau flasque ?
Il se dit partout que c’est le secteur privé qui crée des emplois et des richesses. Soit ! Mais le nôtre, plaqué au sol et hypoglycémique, est-il prêt d’en créer ? Au contraire il a tendance à les détruire, ce faisant, reverra toutes ses ambitions à la baisse. Et de maigreur en maigreur finira par passer l’arme à gauche les pieds devant !

Pour financer l’économie, dit-on, il faut des banques ! Chez nous, il y en a une flopée mais elles sont étrangères. Ils ont investi dans notre pays et leurs retours sur investissement devront retourner chez eux, c’est la règle ! Peuvent-elles seulement financer une économie exsangue sans être sûres d’être remboursées du fait de cette économie morte ?

Ce texte s’inspire d’un cas authentique, il y en a plusieurs au Sénégal. Des compatriotes réussissent à trouver des partenaires qu’ils ramènent chez nous. De l’argent, de la technologie mais hélas ils ne passeront pas la barrière du doute. Doute de fonctionnaires arrimés à des notions subjectives et caricaturales. Je n’ai rien contre ceux qui roulent les ‘r’ avec des costumes Hugo Boss, la mèche châtain à la paupière hantant notre building administratif. Le toubab sera toujours crédible, c’est historique ! Le sénégalais avec toutes nos tares, le fonctionnaire en face de lui trouvera toujours quelque chose de louche. C’est aussi historique !

Lorsque Macky Sall a osé dire qu’il devait recourir à des procédures d’urgence dans certains marchés publics, c’était le tollé ! Mais enfin, que veut-on ? Qu’il nous laisse mourir la bouche ouverte ? S’il fait on râle ! S’il ne fait pas on râle aussi ! Qu’il fasse ! Ne serait-ce que pour prendre ses responsabilités devant le peuple à qui il a promis de faire tout ce qui est en son pouvoir pour lui offrir un lendemain meilleur !

A la dame de fer nous disons ceci : après tout ce que nous avons pu dire de Abdoul Mbaye et de Amadou Kane, jadis nos têtes de turc préférés et accusés d’avoir paralysé notre économie, le défi qui vous attend est grand ! Notre bien-être social repose sur vos frêles épaules ! Vous avez la responsabilité de libérer notre économie, de la diversifier, d’accueillir les investisseurs sénégalais avec le même tapis rouge que celui qui est déroulé pour les autres. Par pudeur, nous ne franchirons pas le rubicond de la préférence nationale, cette notion étant devenue péjorative depuis que certains politichiens en ont fait leurs choux gras. Cependant, cessons la préférence étrangère systématique ! Votre urgence immédiate est d’aller au chevet des entreprises sénégalaises, pour les réhabiliter et les développer. Vous en avez vu d’autres, vous avez arpenté le monde et savez faire la part des choses. Ne vous satisfaites point de notes paresseuses d’un fonctionnaire qui n’a pas encore fait le tour du monde pour voir comment cela marche désormais ! Ce serait une insulte à nos efforts et à notre sueur ! Nous vous le serinerons jusqu’à ce que vous nous entendiez ! Le Sénégal sera développé par les sénégalais ou ne le sera jamais.
Source: Xibaaru.com