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CONTRIBUTION: Sublimes illusions, introspection ou l’heure de vérité

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CONTRIBUTION: Sublimes illusions, introspection ou l’heure de vérité

Dans les premières années de nos jeunes nations indépendantes, Mr René Dumont donnait à un de ses livres pour titre « L’Afrique noire est mal partie » et le patriote, aujourd’hui patriarche, le Président Mamadou Dia de marteler par réaction « …mal partie ou bien partie, l’Afrique noire est quand même partie.. ». C’était là l’expression profonde de fierté et de dignité, de « diom », de conviction et de volonté politique de toute une communauté africaine noire ; un cri de cœur de toute une génération qui a consenti tant de sacrifices pour l’indépendance, les libertés et la dignité humaine.

Braves héritiers de nos vaillants hommes et femmes repères et références de nos peuples et de notre histoire, des cadres  politiques et syndicaux nous ont permis de rêver d’une Afrique unie et prospère, assise à la table des nations d’égale à égale avec les pays européens, américains, arabes et asiatiques.  Ce rêve nourri par une jeunesse  vivante et entreprenante  portée par des organisations comme l’UGEAO et la FEANF, le JRDA, les syndicats, le Part Africain de l’Indépendance (PAI) et autres partis politiques, plus qu’un espoir, ce rêve fut un programme, une raison de vivre, de se battre et gagner.

Au lendemain des indépendances, dans un enthousiasme juvénile, tous, avons porté à bout de bras des plans économiques et sociaux  aux promesses d’avenir radieuses d’espaces riches et équitables. Cinquante (50) ans aujourd’hui, ils se révèlent tous n’avoir été que des recueils de promesses et d’illusions. Pourtant, nos vastes terres vierges ne demandaient qu’à être mises en valeur, nos riches ressources souterraines, fluviales et maritimes qu’à être judicieusement exploitées. Nos peuples y avaient cœur, convaincus d’en être les seuls et réels propriétaires et bénéficiaires. Cela, d’autant que pour tous, l’indépendance signifiait assumer notre destinée, nos choix et méthodes, nos odeurs et couleurs ; participer au rendez-vous du concert des nations « du donner et du recevoir » la tête haute, sans tendre pérennement la main.

 

Avons-nous manqué au rendez-vous ?

 

Tout espoir que nourrissions-nous, n’était-ce qu’illusions ? au point que certains continuent de réclamer ou de s’arroger l’interrogation de ce « fameux paysan » qui demandait «  à quand la fin de l’indépendance ? »

 

La fascination permanente des africains à émigrer vers l’Europe et les USA, par divers manèges et au prix de leur vie ne renforce –t-elle pas la tonalité de cette question ? Dans ma contribution sur l’émigration parue dans Sud Quotidien n°3936 du 24 mai 2006, je proposais un éclairage pour recentrer le débat en cours (Emigration « forcée » ou la révolte des damnés de la terre)

Malgré les vicissitudes et les échecs, le peuple sénégalais, largement dans ses composantes, ne désespère pas, parce que convaincu de ses capacités intrinsèques à aller de l’avant. C’est cette « magnifique obsession » qui lui donne la foi à tenir ces illusions sublimes parce que légitimes.

L’alternance est advenue comme une lueur, une nouvelle raison d’espérer. La lutte  fut longue, tumultueuse et coûteuse. Le peuple épuisé n’en pouvait plus de « serrer la ceinture » sous une politique d’ajustement structurel imposée par la BM et le FMI depuis les années (70) soixante dix. La demande sociale fut pressante, le chômage et la pauvreté touchant toutes les couches sociales. Et le pays fut attiré dans un courant irrésistible de changement au point que n’importe quel aventurier aurait été le bienvenu.

Les partis organisés dans la CA2000, ont réussi à propulser un large mouvement contestataire sans précédent dans notre pays post colonial.

La jeunesse s’engagea à fond, occupant la rue, et décida de déserter Facs et classes tant que Ablaye Wade ne fut installer à la place de Abdou Diouf. Les jeunes y compris les marchands et non scolarisés, ont tout donné à Wade et ont enregistré avec ultime espoir les chapelets de promesses de celui-ci, croyant fermement à la fin de leur calvaire. Les paysans, agriculteurs et éleveurs, plus conservateurs ont assuré à Abdou Diouf Président sortant 41% des suffrages exprimés.

Maître Wade, la CA2000, le FAL, avaient promis, selon les dires de Wade lui même, un programme qui serait « …une première réponse destinée à mettre en place, pendant une période de transition d’une année, les nouvelles structures démocratiques qui seront la rampe de lancement du redressement de notre pays et notre développement » et dont notamment l’instauration d’un « régime parlementaire avec un gouvernement responsable devant l’Assemblée Nationale » et le « renforcement de l’indépendance de la Magistrature ». En outre, durant toute la campagne électorale, le candidat Wade avait presque tous les jours réitéré ses promesses d’offre d’emplois à tous avec la sempiternelle question « qui n’a pas de travail lève la main ? »

Mais voilà ! A la fin d’une seule législature de gestion Wade-PDS, le Sénégal est au bord de l’implosion. Le désespoir est à la mesure des attentes. Le porte parole de Clarté/Na leer, à l’audience du mercredi 07 Septembre 2005 déclarait avec pertinence « …le Sénégal est aujourd’hui un pays inquiet. Et pourtant l’alternance politique de 2000, qui a été un tournant historique et un moment fondateur de notre expérience démocratique, avait créé un immense espoir d’émergence économique mais surtout de consolidation et d’approfondissement d’acquis démocratiques construits par les vertus du consensus. Au bout de cinq années, l’euphorie du changement de régime a laissé place au doute d’abord, à la désillusion ensuite et, plus inquiétant encore, à une révolte latente. Au plan économique et sociale, les espoirs de progrès tardent à se concrétiser….Les récurrentes remise en cause des valeurs et principes républicains et démocratiques, la rupture du dialogue politique, la fuite en avant et la radicalisation des rapports entre le pouvoir et l’opposition ont fini de convaincre que le Sénégal va mal et n’est pas à l’abri de périls par la faute d’un pouvoir qui a érigé la ruse, l’arbitraire et les coups de force en modes de gouvernance »

Effectivement, l’alternance qui est une avancée démocratique importante en soi, a accouché d’un monstre au Sénégal. Nous assistons inquiets à de dangereuses répétitions d’agressions contre des hommes politiques et femmes dans l’exercice de leur fonction, des attaques armées contre des dirigeants politiques et syndicaux, leurs militants et leurs domiciles dans l’impunité totale encouragée par l’attitude et les déclarations du Président, garant de la Constitution. Tout cela renvoie aux images tragiques de violences des pratiques du PDS à l’opposition. Le pays, prisonnier, est soumis au règne des « grands bandits » et de leurs règles barbares d’appropriation, de partage de butins et de règlements de comptes. Maître Wade, sans retenue aucune, a légalisé cet état de fait par des lois scélérates et la confiscation d’institutions républicaines. Il est vrai que cette culture de « gangstérisme d’Etat » trouve un lit douillet dans la situation de pauvreté généralisée et de non emploi de milliers de jeunes retraités avant d’avoir travaillé, à 30 ans ! Le désespoir et le désœuvrement qui caractérisent notre jeunesse et leurs causes sont assez accusateurs pour nous tous, parents, politiques, syndicalistes, enseignants et gouvernants et agressent nos consciences. La fracture du pays est devenue un fait indéniable.

A-t-on conscience que tous les ingrédients d’une »somalisation » du Sénégal sont entrain de se réunir ?

 

Aujourd’hui il n’y a plus de doute sur la volonté et la décision de Wade de maintenir au terme de sa vie, son régime patrimonial de déprédation, de concussion et de scandales. En sabotant les inscriptions sur les listes électorales et les élections, rehaussant la place et le rôle du religieux et des milices privées, d’agresseurs et de tontons macoutes dans la sphère politique, il confirme ses intentions et s’en donne les moyens.

C’est précisément maintenant que chacun d’entre nous doit évaluer sa part de responsabilité dans l’avènement et l’évolution de cette situation ainsi que ses conséquences qui ne laisseront personne à l’abri. Au premier chef, tous les responsables politiques surtout ceux qui ont fait voter le projet de «  Constitution – Wade » augurant d’autres lois scélérates et de confiscation.

Introspection ! Voilà le mot magique relevé par les »Dieux ou les démons » à la suite du naufrage tragique du « Joola » avec ses deux mille morts ! Il résonne présentement avec plus de sens et de raison au regard du devenir de toute une nation !

L’heure de vérité est donc arrivée ! Il faut sauver la république et le Sénégal !

Le « hold up » de l’alternance, fruit de plus de cinquante ans de lutte, est inacceptable, inadmissible et intolérable. Dès lors « donner un signal fort aux populations meurtries » devient une obligation urgente pour l’opposition, ses députés et dirigeants, comme du reste, ceux de la « CAP21 » et qui, à quelques exception près ont tous donné le meilleur d’eux mêmes à un moment donné pour les libertés, la dignité et le bonheur des Sénégalais dans la paix.

Si le phénomène de l’émigration, dans ses aspects actuels est une « honte » pour le pays, c’est parce qu’il est la conséquence et le reflet d’échecs des politiques de ceux qui nous ont gouverné mais davantage de ceux qui gouvernent aujourd’hui. Ce qui est plus grave et tragique maintenant, c’est bien de laisser perpétuer au nom d’une « opposition républicaine » ces politiques néfastes du « ma taay »

Face aux graves périls inéluctables qui nous menacent, il faut un sursaut national de sauvegarde. Faire de la  CPA une réalité indestructible, une puissante armée de changement dans la paix civile, est l’unique devoir pour chacun des leaders, dirigeants et militants de ses organisations composantes. Il faut de puissants mouvements et manifestations pour arrêter les folles dérives d’individus qui ne sauront jamais taire leurs appétits tant qu’ils ne se heurteront pas à un obstacle infranchissable. L’une des tâches immédiates et opportunes, c’est d’empêcher la prolongation illégitime du mandat des députés, qui constitue un second couteau dans le dos du peuple. L’histoire de la démocratie, c’est aussi celle de vastes manifestations et rassemblements populaires, l’exercice des libertés d’expression avec leurs coûts et sacrifices. Les exemples de telles résistances font légion dans notre propre histoire et à travers le monde.

Il serait incompréhensible que les députés de l’opposition et des non inscrits ne puissent collectivement trouver  une position consensuelle pour refuser  la continuité du mandat des députés et en assumer toutes les conséquences. Tous ceux, députés ou suppléants qui passeront outre cette décision devront en répondre devant le peuple et l’histoire. Mais, le ridicule ne tuant plus au Sénégal, il ne faut pas se faire d’illusions, des traîtres apparaîtront le moment venu, mais tant pis. L’essentiel, c’est de marquer cette forfaiture dans l’histoire politique de notre pays. C’est là un minimum attendu par tous les patriotes et démocrates du pays. La date du 30 Juin 2006 doit être prise pour un jour de mémorable d’engagement et de courage politique des dirigeants et députés, mais aussi de l’ensemble des militants. A défaut de ces options qu’appellent et les enjeux et les comportements de Wade, osons en appeler d’autres illusions légitimes de voir imposer un dialogue national franc et responsable. Certes, notre peuple renferme assez de ressorts, de vertus et d’intelligences pour réunir autour d’une table les différents protagonistes. Mais obtenir de « Laye Ndiombor » le respect de ses engagements, là est tout le problème.

En tous les cas, il est urgent de se convaincre que si les tenants du régime libéral qui « tiennent le pays en otage » n’arrêtent pas leur escalade et ne cherchent pas de solutions apaisées, la rue imposera la sienne adviendra que pourra.

« Aller à Barcelone ou à Barçaq », mourir en mer ou sur terre sénégalaise, c’est « kif-kif » 

Scandaient ce vendredi 02 Juin 2006 , émigrants malheureux et familles à Hann et Yarakh entre les flammes des pneus brûlés pour barricade.

Alors, prions et agissons.

 

 

                  Moctar Fofana Niang

                  Sangalkam

                        Email [email protected]

 

 



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