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Afrique

Fonction publique au Maroc : le royaume vit au-dessus de ses moyens, selon la Cour des comptes

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Le président de la Cour des comptes, Driss Jettou, lors d'une conférence de presse à Helsinki le 7 avril 2006, lorsqu'il état chef du gouvernement.

Pléthorique, inefficace, budgétivore... L'administration a toujours été au centre des critiques. Mais c'est la première fois qu'elle fait l'objet d'une étude exhaustive de la Cour des comptes qui a énuméré les pistes de réforme.

Ils sont 860 253 à travailler dans le secteur public ; administrations, établissements publics et collectivités locales confondus. Une masse salariale qui représente pour l’État la bagatelle de 120 milliards de dirhams marocains par an (10,8 milliards d’euros). Cela représente 11,84% du PIB – bien au delà de la moyenne dans la région MENA qui est de 9,8%.

Ce n’est pas une révélation, mais le rapport de la Cour des comptes sur « le système de la fonction publique », publié le lundi 20 novembre, a mis le doigt sur une réalité inquiétante. Non seulement les ratios de la fonction publique sont supérieurs à ceux d’autres pays, en plus le royaume vit au dessus de ses moyens. C’est d’autant plus critique que ces dépenses salariales ne s’accompagnent pas d’une amélioration du service au citoyen.

Dans son étude, la Cour, présidée par Driss Jettou, indique que le salaire mensuel net moyen a atteint 7 700 dirhams (694,5 euros) en 2016, avec une évolution de 51,6% par rapport à 2006. Quant au salaire net minimum, il s’élève à 3 000 dirhams (270,6 euros), en augmentation de 89,2% par rapport à 2007.

« Ces niveaux élevés sont de loin supérieurs aux moyennes du secteur privé où, en 2015, le salaire mensuel net moyen a atteint 4 932 dirhams (444,8 euros) et le salaire minimum s’élève à 2 568 dirhams (231,6 euros) », constate le rapport.

Augmentations successives 

Derrière ce décalage public-privé, les augmentations successives observées entre 2008 et 2016 dans le cadre du dialogue social. Grèves à répétition, printemps arabe… Le gouvernement marocain a énormément déboursé pour acheter la paix sociale. Depuis 10 ans, si les recrutements dans la fonction publique ont été maîtrisés, les augmentations salariales ont, elles, explosé comme le montre ce graphique.

 

Pour parer à cette envolée de la masse salariale, la Cour des comptes recommande une refonte du système de rémunération ainsi que du système d’évaluation et de promotion.

Un : au lieu de recruter de nouveaux fonctionnaires, il faut redéployer ceux qui sont déjà en poste. Cette mesure s’impose d’autant plus que la structure démographique des fonctionnaire – près de 32% d’entre-eux ont plus de 45 ans – laisse prévoir des départs à la retraite de plus en plus importants. Pour la Cour des comptes, ces départs sont une opportunité pour mener des réformes de fond.

Deux : il faut s’assurer que les fonctionnaires fassent leurs heures de travail. S’il y a bien un mal qui ronge l’administration, c’est l’absentéisme. « L’Administration ne dispose pas encore de données fiables sur l’accomplissement par les fonctionnaires de leurs charges réglementaires », fait remarquer le rapport.

L’absentéisme, une véritable tare

A titre d’exemple, pour le personnel de l’Éducation nationale qui absorbe tout de même le tiers de la masse salariale publique, les absences enregistrées en 2016 avaient atteint un total de 406 890 jours.

En outre, une part importante d’enseignants (90% des enseignants du cycle secondaire qualifiant et 74% du cycle secondaire collégial) n’assument pas la charge horaire qui leur est impartie à cause de l’inadéquation entre le déploiement des enseignants et la taille des structures scolaires.

De même, pour le secteur de la Santé, une étude avait montré qu’en moyenne, 42% du temps de travail du corps médical n’est pas exploité à cause des absences

 

Le rapport de la Cour des comptes annonce qu’une grande réforme se prépare dans la fonction publique. Il y a quelques mois, le gouvernement a annoncé une série de mesures visant à réorienter l’administration vers une philosophie tournée vers la performance et le service au citoyen.

C’est surtout une directive royale. Le 30 juillet, le roi Mohammed VI a sévèrement critiqué les fonctionnaires et les acteurs politiques les accusant d’entraver le développement du Maroc. La série de limogeages qui a touché de hauts dignitaires de l’État dans le sillage des contestations du Rif laisse entendre que le nettoyage n’est pas fini…



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