Jeudi 28 Mars, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Afrique

Comprendre les causes de l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest

Single Post
Comprendre les causes de l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest

Des universitaires et des représentants des gouvernements, des armées et de la société civile se sont réunis la semaine dernière à Dakar, la capitale sénégalaise pour évaluer les liens entre le développement et l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest. Certains participants à la conférence ont suggéré que le sous-développement, la marginalisation et la faible gouvernance créaient un terreau fertile pour le militantisme. 

 

Si des facteurs locaux ont contribué à l’escalade de la violence extrémiste dans les pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel, l’avancée du djihad mondial liée à la « guerre contre le terrorisme » menée par les États-Unis depuis le 11 septembre 2011 a cependant aussi joué un rôle dans l’expansion du militantisme radical dans la région. 

 

« Il y a, dans le Sahel, une combinaison de mauvaise gouvernance, de pauvreté, d’insécurité, ainsi que de plusieurs facteurs internes et externes [qui contribuent à la violence extrémiste] », a dit Ahmedou Ould-Abdallah, président du Centre de stratégie et de sécurité pour le Sahel et le Sahara (Centre 4 S), à l’occasion de l’ouverture de la conférence de Dakar, qui a eu lieu du 6 au 10 mai. 

 

« Le Sahel offrait un terrain idéal pour le développement de la violence extrémiste et son expansion au-delà des frontières nationales », a-t-il ajouté. 

 

L’instabilité de la région ne date pas d’hier. Depuis le premier coup d’État de l’Afrique indépendante, qui a renversé le président fondateur du Togo en 1963, l’Afrique de l’Ouest a en effet connu une série de putschs. Certains d’entre eux ont même déclenché des guerres civiles. 

 

L’Afrique de l’Ouest est également l’une des régions les plus pauvres du monde en dépit des ressources naturelles dont elle dispose. Parmi les dix derniers pays du classement de l’Indice de développement humain (IDH) des Nations Unies, sept sont situés en Afrique de l’Ouest.

 

La mauvaise gouvernance politique et la piètre gestion des ressources ont souvent été à l’origine d’explosions de violence au sein des franges mécontentes de la société. Par ailleurs, un certain nombre d’études ont établi un lien entre la mauvaise gouvernance et l’insécurité en Afrique de l’Ouest.

 

Les Touaregs du Mali, par exemple, ont lutté contre la marginalisation dont ils se disaient victimes de la part du gouvernement central et revendiqué la création d’un État autonome touareg dans le nord du pays. À la suite du coup d’État de mars 2012 dans la capitale, Bamako, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) s’est emparé de villes du Nord qui étaient sous le contrôle des troupes gouvernementales, mais il a rapidement été chassé par des groupes militants islamiques. 

 

La création du Boko Haram, une milice nigériane qui souhaite l’établissement d’un État islamique et se montre de plus en plus violente, devrait être considérée comme une réaction à la corruption gouvernementale généralisée, aux abus commis par les forces de sécurité, au conflit entre les musulmans du Nord, insatisfaits, et les chrétiens du Sud et à l’accroissement des disparités économiques entre les régions, selon le Council on Foreign Relations.

 

Certains observateurs insistent sur l’importance des facteurs locaux. En effet, en Afrique, l’islam militant est essentiellement lié au contexte local, même s’il s’associe à des courants idéologiques plus larges. Ainsi, les groupes islamistes apparaissent, évoluent et réagissent aux problèmes locaux immédiats, a écrit Terje Ostebo, de l’Université de la Floride, dans un article publié en novembre 2012 par le Centre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA).

 

« Le gouvernement malien n’a pas réussi à maintenir une présence forte dans le Nord et à investir systématiquement dans [les infrastructures de] la région. Cette situation a créé un environnement propice à l’expansion du militantisme islamique et à l’escalade de la violence dans la région », a dit M. Ostebo, professeur adjoint au CESA et au département de religion de l’Université de la Floride. 

 

Marginalisation

 

« La pauvreté, le sous-développement et un sentiment de marginalisation et d’exclusion lié à l’absence de gouvernance, en particulier au niveau local, sont considérés comme des moteurs de l’extrémisme violent », a dit à IRIN Benjamin Nickels, professeur adjoint au CESA. 

 

« Le soutien au développement est une approche à long terme qui permet d’agir sur ces éléments », a-t-il ajouté. 

 

« La pauvreté, le sous-développement et un sentiment de marginalisation et d’exclusion lié à l’absence de gouvernance, en particulier au niveau local, sont considérés comme des moteurs de l’extrémisme violent » « Il y a un certain nombre de facteurs sous-jacents qui font que certaines régions sont particulièrement vulnérables à l’extrémisme violent et aux idéologies extrémistes, et il y a ensuite un certain nombre de facteurs qui déclenchent la violence. Ces facteurs comportent une dimension économique sous-jacente qui est souvent négligée », a dit Raymond Gilpin, le doyen du CESA. 

 

Selon M. Ostebo, la pauvreté, le chômage et les inégalités socio-économiques expliquent en partie la montée des mouvements islamiques violents et non violents. 

 

« Il y a d’autres facteurs qui permettent d’expliquer la violence extrémiste. Il est cependant certain que les groupes militants ont plus de facilité à recruter des jeunes chômeurs qui ne peuvent imaginer un avenir pour eux-mêmes que des jeunes qui ont un emploi. Plus les jeunes ont de chances de trouver un emploi, moins ils risquent d’être recrutés par les groupes militants », a dit Gilles Yabi, de l’International Crisis Group (ICG). 

 

« Le développement fait partie des mesures pour contrer la violence extrémiste. Mais le sous-développement est tellement ancré dans la réalité [de l’Afrique de l’Ouest] qu’il est très difficile de renverser la tendance », a-t-il dit à IRIN. 

 

M. Ould-Abdallah a cité d’autres facteurs qui contribuent au crime et à la violence extrémiste en Afrique de l’Ouest, notamment la vastitude géographique de la région, la faiblesse des institutions publiques et la loyauté des habitants et des gouvernements envers leur tribu ou leur clan plutôt qu’envers l’État nation. 

 

Dans l’espoir de mettre un terme aux insurrections, le Nigeria et le Mali ont tenté de négocier des accords avec les groupes militants. Ils ont cependant aussi eu recours à la force, dont le pouvoir pour éliminer les causes fondamentales de la rébellion est limité. La répression par les gouvernements ou les forces extérieures peut en effet pousser les militants islamistes à se battre pour leur propre existence et, dans le même temps, aggraver la perception de l’illégitimité de l’État, a indiqué M. Ostebo. 

 

Débordement 

 

L’intervention dirigée par la France au Mali a permis de déloger les rebelles islamistes de leurs bastions, mais certains craignent que les militants en fuite déstabilisent les pays de la région, dont certains d’entre eux sont originaires, ciblent les étrangers qui vivent dans les pays voisins et gagnent la sympathie d’autres milices extrémistes.

 

L’attaque de janvier contre le complexe gazier algérien [d’In Amenas] a probablement été menée en représailles à l’offensive militaire française au Mali. Des soldats nigérians qui se dirigeaient vers le Mali pour prendre part à l’intervention africaine ont par ailleurs été attaqués par des militants liés au Boko Haram en janvier. 

 

Le 7 mai, Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) a posté sur Internet un message vidéo dans lequel l’un de ses chefs appelait à attaquer les intérêts français partout dans le monde en réponse à l’intervention de la France au Mali. 

 

Le Nigeria s’est allié à ses voisins pour mettre sur pied une force multinationale afin de lutter contre le Boko Haram. 

 

« Pour l’heure, la priorité au Sahel est d’aider à résoudre la crise malienne. Après la Côte d’Ivoire, le Liberia et la Sierra Leone, l’Afrique de l’Ouest n’a pas besoin d’une autre crise prolongée », a dit M. Ould-Abdallah. 



4 Commentaires

  1. Auteur

    Red....

    En Mai, 2013 (19:17 PM)
    ... IL Y A UN CERTAINE RACINE DE CETTE VIOLENCE DANS LE livre.... IL FAUT IDENTIFIER LE PROBLEME à SA BASE, à SA RECINE....



    ... :hun:  :hun:  :hun:  :hun:  :hun:  :hun:  :hun:  :hun:  :hun:  :hun:  :hun:  :hun:  :hun:  :hun: 
    Top Banner
  2. Auteur

    Ciaofficine

    En Mai, 2013 (09:47 AM)
    La Cia se cache maintenant derriere des Africains bon teint, bien sous tous les rapports, intellectuels et parfois anciens officiels de leurs pays ou des nations-unies pour creer des officines de debats sur les questions africaines. Attention a ne pas tomber dans leur piege. Ce sont les nouveaux espions. Ils se reconnaissent...Vendus hier, vendus toujours !
    {comment_ads}
    Auteur

    Un Sénégalais De L'extérieur

    En Mai, 2013 (14:17 PM)
    Au lieu de "Comprendre les causes de l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest", il fallait se pencher sur "Comprendre les causes de la rebellion casamançaise dans le sud du Sénégal".



    Merci



    {comment_ads}
    Auteur

    Article

    En Mai, 2013 (16:02 PM)
    L'article n'a fait qu'effleurer le sujet sans apporter le minimum de réponses espérées. Une des causes qui explique

    le risque extrémiste en AO est surtout la présence de plusieurs facteurs tous liés les uns aux autres et ont un dénominateur commun l'islam.

    La grande majorité des pays où sévissent les actes terroristes sont des pays musulmans qui ont à un moment donné favorisé l'enseignement religieux dans leurs écoles au détriment ou en même temps que l'enseignement laïc, or, c'est n'est pas conciliable. Un autre aspect de la question est la politique agressive de l'Arabie Séoudite et plus récemment du Quatar, qui grâce aux pétrodollars achétent la conscience des populations appauvries par les longues années de sécherresse et la mal-gouvernance des politiques. Et puis les "chefs religieux" ne croient qu'à une chose :l'argent et ça les arabes l'ont compris.
    {comment_ads}

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email