Après les législatives contestées de 2019 et les profondes réformes institutionnelles engagées par le chef de l’État, les communales du 17 mai constituent, à un an de la présidentielle, un test crucial pour la majorité comme pour l’opposition.
À la fin de mai 2019, au palais de la Marina. Patrice Talon reçoit les ambassadeurs étrangers. Il évoque devant eux les violences postélectorales qui ont endeuillé son pays, quelques jours auparavant, à l’issue des législatives.
Soudain, il se met en colère. « Arrêtez de parler du Bénin comme d’un “modèle de démocratie”?! Depuis trente ans, vous parlez de “modèle de démocratie”, alors qu’avec le temps nous avons perverti toutes les règles du jeu démocratique, lance-t-il en se tournant vers les diplomates occidentaux. Vos pays ont englouti des sommes colossales, des milliards, dans des projets qui n’ont jamais vu le jour, parce que les fonds ont été détournés par des politiciens. Si c’est cela que vous considérez comme un “modèle de démocratie”, si c’est cela que vous voulez pour nos peuples, alors nous, nous n’en voulons pas?! »
Cet épisode souligne combien le président béninois fait fi des procès en autoritarisme qui lui sont intentés. Après avoir engagé dès le début de son mandat une réforme structurelle de l’économie à marche forcée à travers le Programme d’actions du gouvernement (PAG 2016-2021), Patrice Talon s’est attelé l’an dernier à lancer les réformes du système politique et institutionnel qu’il tentait de mettre en œuvre depuis 2016.
La charte des partis et le nouveau code électoral ont été amendés, et la révision de la Constitution a été adoptée par le Parlement le 1er novembre 2019. En quelques mois, le président béninois a mis la démocratie de son pays en chantier. Sans prendre de gants, comme pour les travaux menés actuellement dans les rues de la capitale pour faire place à la nouvelle route qu’il a décidé de tracer, où il n’a pas hésité à faire abattre quelques arbres centenaires, à préempter des terrains et à faire déguerpir les propriétaires récalcitrants manu militari.
« Un incident de parcours »
Seuls l’Union progressiste (UP) et le Bloc républicain (BR), deux partis se réclamant de la mouvance présidentielle, ont été autorisés à participer aux législatives du 28 avril 2019. Résultat, sur les 83 sièges de l’hémicycle, l’UP en a remporté 47 et le BR 36. Mais le taux de participation, de 27,12 %, a été l’un des plus bas de l’histoire du pays...
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