L'étiquette de gréviste de Knysna s'accroche comme une cible à son maillot bleu. A 32 ans et 54 sélections, Patrice Evra possède une histoire tourmentée de neuf ans avec l'équipe de France de football. De ses débuts en 2004, suivis de ses participations aux échecs de l'Euro 2008 et du Mondial 2010, à l'exploit réalisé par l'équipe de Didier Deschamps, mardi 19 novembre, face à l'Ukraine, l'enfant des Ulis, en banlieue parisienne, incarne la relation schizophrénique du pays à sa sélection nationale.
Vilipendé par la presse, critiqué pour son apport sportif au poste d'arrière latéral gauche, pour son caractère en dehors du terrain, le joueur devenu taulier à Manchester United a réussi à capitaliser le désir de revanche de ses coéquipiers face au désamour excessif qui les touche. Le 10 septembre, c'est d'abord lui qui, bien que remplaçant en Biélorussie, pousse le coup de gueule salvateur pour des Bleus mal engagés et apathiques en première période dans un match capital des éliminatoires au Mondial 2014 (victoire 4-2). Après la rencontre, les louanges de ses coéquipiers sont sans équivoques. "Un discours d'homme qui a fait du bien à tout le monde", raconte Franck Ribéry. Blaise Matuidi confirme : "Il a joué son rôle de cadre."
LEADER
Puis, le 20 octobre, lors de l'émission Télé-Foot sur TF1, sa diatribe, maladroite, à l'encontre des consultants médiatiques hégémoniques, qui règnent sans partage sur le football français, illustre à merveille son rôle de leader. Au cœur de la tourmente à la suite de cet interview musclée, Patrice Evra, qu'il ait raison ou tort, a cette capacité rare d'union et de cohésion au sein d'un groupe. Jamais il ne s'attaque à ses coéquipiers, au groupe si essentiel en sport collectif. D'ailleurs, la Fédération française de football ne s'y trompe pas et refuse de le sanctionner malgré la vox populi. "Aucune attaque n'a été formulée à l'encontre de la FFF, de l'Equipe de France, de son sélectionneur et de ses joueurs", édicte un communiqué de presse de la FFF.
Didier Deschamps posait clairement cette qualité début septembre : "Leader en équipe de France, ça ne s'improvise pas du jour au lendemain. Il faut de la légitimité, du vécu, de l'expérience, et forcément c'est ceux qui sont là depuis longtemps qui en ont le plus. Evra est un leader, ça fait six ans qu'il est titulaire à Manchester United et joue 60 matches par saison." Dans un entretien à France football, l'ancien international William Gallas apportait confirmation de l'importance du défenseur mancunien. "Patrice saura trouver les mots, il connaît le truc. C'est essentiel, car j'ai déjà vu des joueurs perdre leurs moyens quelques secondes avant le coup d'envoi", disait-il avant les barrages.
"LE PEUPLE DU FOOTBALL NE L'AIME PAS"
En demi-teinte, vendredi à Kiev, lors de la défaite du match aller, Patrice Evra a réussi un bon match au match retour, mettant sous l'éteignoir l'ailier Yarmolenko et apportant un soutien bienvenu à son homme de couloir, Franck Ribéry. Sur le troisième but, il est à la récupération d'un corner de Cabaye. Sa belle demi-volée, contrée, permet à Ribéry de reprendre et à Sakho de dévier le ballon dans les buts de Piatov.
Dimanche, deux jours avant un match capital, les attaques violentes des observateurs omniprésents ne respectent pas une trève. Les mêmes, qui dénoncent le mauvais timing des déclarations d'Evra à un mois des barrages, chargent encore un peu plus la barque. Sur le plateau du Canal Football Club de Canal+, Jean-Michel Larqué déclare : "Même s'il y a prescription, pensez-vous que la sortie d'Evra était dans le bon timing ? Ils sont comme ça, ils sont en désaccord complet avec la France et notamment la France du football. Le peuple du football ne l'aime pas."
Le sociologue Stéphane Beaud, auteur du livre "Traîtres à la nation", revient sur cette inimitié. "Evra va loin dans ses propos sur les consultants, mais la question qu'il soulève est importante : jusqu'où peuvent aller les gens qui font l'opinion dans la dévalorisation des joueurs de foot ? Quand Pierre Ménès répond à Evra, qui certes ne l'a pas ménagé ["il faut déjà qu'il apprenne à parler français"], c'est très violent symboliquement. On demande aux joueurs d'être à la hauteur à tous les niveaux, mais on ne demande pas aux journalistes sportifs de taper dans un ballon", explique-t-il.
Alors que face à l'Ukraine, la nouvelle génération des Mamadou Sakho, Raphaël Varane ou encore Paul Pobga est sortie du lot, l'équipe de France paraît devoir encore s'appuyer sur des cadres tels que Patrice Evra. Après le Mondial brésilien, il sera alors temps de passer la main.
7 Commentaires
Boy Virginia
En Novembre, 2013 (04:54 AM)Et dire qu'il voulait jouer pour le Sénégal lors des qualifications en 2001, son apport ainsi que celui de Sakho auraient été bon contre la Cote d ivoire.
Menes t'es trop con, vas faire du sport avec ton gros ventre de fat
Stress
En Novembre, 2013 (11:24 AM)Atypico
En Novembre, 2013 (12:57 PM)Issa
En Novembre, 2013 (13:13 PM)Mais Oui Issa
En Novembre, 2013 (13:57 PM)Bjk
En Novembre, 2013 (20:40 PM)5eyh
En Novembre, 2013 (13:59 PM)Participer à la Discussion