Les leaders de Bennoo Siggil Senegaal ne doutent plus de la volonté du pouvoir de préparer un hold-up électoral ‘inédit, sans commune mesure avec ce qui s'est passé le 25 février 2007’. Amath Dansokho et ses camarades qui faisaient, hier, face à la presse ne manquent pas d’arguments pour justifier leur accusation. D'abord, la récente décision du Chef de l'Etat, Abdoulaye Wade, de fixer de ‘façon unilatérale’, à six mois la période de révision ordinaire des listes électorales. Une violation de l'esprit de consensus qui a guidé depuis 1992 l'élaboration et la révision du code électoral, selon Ousmane Badiane qui a porté la parole des leaders de cette coalition. Il s'agit, en même temps, poursuit-il, ‘d'une violation de ses engagements pris le 21 décembre 2009, face à la nation et à la communauté internationale, de choisir en concertation avec l'opposition, un modérateur pour conduire les concertations entre les acteurs politiques’. Les délais requis par la loi pour informer les partis politiques du démarrage des inscriptions sur les listes électorales le 1er février n'ont pas été respectés. Or, l'article L18 du code électoral dispose que, ‘au plus tard, vingt jours avant le début de la révision des listes électorales, les autorités administratives compétentes instituent, par arrêté, les commissions d'établissement et de révision des listes électorales, et précisent les horaires ainsi que les lieux ou elles doivent siéger... Elles informent les partis politiques de la date du démarrage de la révision en vue de leur représentation’, rappelle le chargé des questions électorales de la Ligue démocratique (Ld).
Autre constat qui inquiète les leaders de l'opposition, la coïncidence entre la période choisie pour la révision ordinaire des listes électorales, le lancement de la vente des cartes de membre du Pds/L et les opérations d'identification des groupements de promotion féminine, initiées par le ministère de la Famille, dans les préfectures et sous-préfectures. C'est là, accusent Amath Dansokho et Cie, ‘une source de confusion préjudiciable à un déroulement transparent du processus électoral et qui vise à instrumentaliser l'administration au profit des intérêts du camp libéral’.
Il s'y ajoute, informe le porte-parole du jour des leaders, l'organisation, depuis plusieurs mois, des audiences foraines, sans aucune publicité. Selon M. Badiane, les audiences foraines sont organisées par le pouvoir libéral dans la banlieue et les localités frontalières du pays. Et c'est pour ‘permettre à des non Sénégalais de disposer de nationalité sénégalaise’. Sous ce rapport, les opposants au régime d'Abdoulaye Wade de rappeler que l'audit du fichier électoral qui a été réalisé à la veille de l'élection présidentielle de février 2007, avait révélé que près d'un million de personnes étaient inscrites sur les listes électorales, sur la base d'un extrait de naissance. Ainsi si rien n'est fait, ‘l'inscription de non Sénégalais sur des listes électorales pour l'élection présidentielle de 2012, sera infiniment plus élevée qu'en 2007 et cela va peser négativement sur la sincérité du vote’, fait savoir le ‘jallarbiste’. Aussi n'est-il pas paradoxal, au moment où démarrent les opérations de révision des listes électorales, que les Sénégalais aient d'énormes difficultés pour se procurer la carte nationale d'identité numérisée. Et ‘jusqu'ici, constatent les leaders de Bennoo Siggil Senegaal, le ministère de l'Intérieur n'a fourni aucune explication officielle sur cette situation qui risque de porter un lourd préjudice à la jeunesse en âge de voter’.
Il se pose, également, note Ousmane Badiane, la question de la prise en charge des représentants des partis politiques dans les commissions. Laquelle devrait faire, selon lui, l'objet d'une large concertation entre acteurs politiques et l'Etat pour, dit-il, ‘proposer un début de réponse à la question du financement des partis politiques’. Mais, se désole M. Badiane, ‘la conséquence est que la quasi-totalité des partis ne sont pas représentés dans les commissions administratives et se voient ainsi exclus du processus’. Voilà, entre autres faits ‘troublants’, des signes qui jettent, aux yeux des leaders de ce cadre, la suspicion sur la volonté de transparence de l'élection présidentielle de 2012.
ANTIDOTE AU PLAN DE WADE : Les opposants annoncent un Front pour la transparence des élections
Pour faire face à Abdoulaye Wade qu'ils accusent d'être dans une logique d'organiser des élections ‘truquées’, les leaders de Bennoo Siggil Senegaal annoncent la mise en place, dans un bref délai, d'un Front pour la régularité et la transparence des élections. ‘Dans cette perspective, la mise en place, dans les meilleurs délais, d'un puissant et vaste front national pour la régularité et la transparence des élections, s'avère une nécessité impérieuse’, déclare Ousmane Badiane au nom des leaders de l'opposition.
En attendant de mettre sur pied ce front, Amath Dansokho, Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse etc.. appellent les forces vives à se mettre en ordre de bataille et ‘construire une force capable de faire face à Wade qui ne reculera devant rien pour faire aboutir son projet de monarchisation du pouvoir’. Et ordonnent aux militants des partis membres de leur coalition, de ‘prendre en charge les questions électorales par les structures décentralisées de Bennoo’. Dans toutes les commissions administratives de révision des listes électorales dans les 543 collectivités locales du pays, Bennoo doit être représenté durant toute la période de la révision. Ses représentants, poursuit M. Badiane, doivent signaler à la Cena les manquements et irrégularités constatés.
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