La Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho) doute de la tenue de l’élection présidentielle, tire la sonnette d’alarme quant aux conséquences incalculables d’un report des élections législatives et demande au Président Wade d’organiser une concertation avec l’ensemble des acteurs politiques.
Source : Le Populaire
Le report des élections législatives va engendrer « des conséquences incalculables sur la crédibilité des institutions. Et la faute incombe juridiquement au président ». En sonnant ainsi l’alerte, le Secrétaire général de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho), Alioune Tine, qui animait hier une conférence de presse sur le thème : « Institutions républicaines, stabilité sociale », dénonce les calculs politiques qui ont cours actuellement. Le chargé des relations extérieures de la Raddho, Aboubacry Mbodj, enfonce le clou en soulignant son inquiétude par rapport à la tenue de l’élection présidentielle. Pour M. Mbodj, « rien ne présage, par rapport à la situation actuelle, la tenue de l’élection présidentielle ». Selon lui, des difficultés sont notées dans le retrait des cartes d’électeur, les résultats des audits ne sont pas encore publiés et rien ne garantit encore que le fichier électoral est fiable ou pas. « C’est pour dire qu’il y a beaucoup de doutes et de suspicions », avance-t-il. C’est la raison pour laquelle, conclut-il, l’Etat doit faire tout pour garantir des élections transparentes. Revenant sur le report des législatives, Alioune Tine se désole : « Si on a couplé à cause des inondations sur la base d’une décision unilatérale, on ne doit pas saisir le prétexte de la décision d’annulation du Conseil d’Etat pour reporter les élections. Nous saluons la décision du Conseil d’Etat, maintenant il ne faut pas répondre par des calculs politiques ». La seule solution, pour Alioune Tine, c’est d’« organiser un dialogue avec l’ensemble des acteurs politiques ». Affinant son analyse de la situation politique actuelle du Sénégal, le Secrétaire général de la Raddho s’est posé la question de savoir si « les institutions que nous avons sont adoptées à notre environnement ». Car, de son avis, « il y a une crise institutionnelle depuis 2000 et depuis lors, il n’y a pas eu de réflexion ». Il urge, indique-t-il, de réfléchir comment bâtir des institutions fortes et crédibles. Le chargé des relations extérieures de la Raddho, Aboubacry Mbodj, abonde dans le même sens et déclare que « l’Etat ne fonctionne pas selon les formes énumérées dans la Constitution ». Il en veut pour preuves le non-respect du processus électoral, le couplage des élections qui est fait sans concertation, la nomination des membres de la Céna qui a été faite sur contestation des partis de l’opposition. Sans oublier la répartition déséquilibrée des sièges des députés au niveau des différents départements sans le respect du critère démographique. « Dans plusieurs cas, le gouvernement n’a pas respecté les citoyens. C’est la raison pour laquelle nous considérons que les organisations de la Société civile doivent agir. Des actions préventives s’avèrent aussi indispensables, pour préserver les institutions », dit M. Mbodj, qui ajoute également : « Certaines attitudes de responsables du gouvernement sont déplorables. Il y a dans leurs discours un certain nombre de disfonctionnements qui font qu’aucun citoyen ne peut avoir confiance en eux, ce qui amène la banalisation des institutions ».
0 Commentaires
Participer à la Discussion