Les employés accusent le Ramadan et les patrons blâment leurs salariés. Baisse de rendement, lenteur du travail et mauvaise humeur sévissent durant le mois de jeûne musulman. Une simple observation du rythme de travail dans les différents services dakarois suffit pour se rendre compte que durant ce mois de privations, beaucoup se contentent d'assurer le service minimum.
C'est une de ces matinées à filer un coup de pied au pupitre et à s'étendre sur une natte pour roupiller d'une traite. En cette mi-journée ensoleillée du jeudi 04 juillet 2011, la capitale sénégalaise s'éveille groggy, les membres ankylosés après la soirée de pluies torrentielles de la veille. La ville, ceinturée de flaques d'eau, dégueule de saletés éparpillées ça et là. Après la pluie, Dakar offre sa face hideuse au public. Prostré à son poste de garde au rez-de-chaussée de l'immeuble Al Siyed au centre ville, E. Ndiaye, la mine défaite, somnole les yeux ouverts. Surpris dans sa posture, il mime le garde-à-vous, donnant l’impression d'être aux aguets. Gêné, il confesse dans un bâillement sourd : «Vraiment, ce n'est pas facile de rester toute une journée statique. Et avec ce ramadan, je crève la dalle. Dès que j'ai faim, je tombe automatiquement dans les bras de Morphée».
Un peu de mauvaise humeur, un peu de nonchalance et cela passe tant bien que mal. Mais quand il s'agit de l’employeur, la bonne et la mauvaise humeur pèsent sur l'ambiance générale dans le lieu du travail et peuvent avoir des incidences négatives sur le rendement des employés. Mbaye Seck, un entrepreneur privé qui emploie une cinquantaine de salariés, avoue que durant le mois de Ramadan, il devient «insupportable»» et «intolérant» à l'égard de ses employés, qui profitent de la journée de travail raccourcie pour fournir moins d'efforts. Ce qui affecte directement le rythme d'avancement des travaux dans les différents chantiers. Dans son caftan vert savamment amidonné, chéchia assorti vissé sur le crane, il fulmine de rage, la bave à la bouche. «Ces ouvriers sont trop fainéants. Durant le ramadan, il suffit que j'aie le dos tourné pour qu'ils en profitent pour se muscler les pouces. Cela est inadmissible. Je ne tolère pas la nonchalance», bougonne-t-il. A l'opposé, Rahmane Guissé ne voit aucune raison pour que son rendement baisse durant le mois de ramadan. Pour ce jeune technicien de maintenance au physique sahélien, fourré dans son uniforme bleu azur, ses rapports avec son patron s'arrêtent sitôt que les tâches dont il est responsable sont accomplies. «Malgré le jeûne, je fais mon possible pour m'acquitter convenablement de mon job, comme à l'accoutumée. Le ramadan n'est pas un prétexte pour me laisser aller à la paresse. Bien au contraire cela me dope», serine-t-il dans un sourire contrit. Une assertion que partage entièrement Mansour Bouna, 33 ans, fonctionnaire dans l'administration publique. «Le travail administratif durant le mois de jeûne devient un peu plus lent, mais ne diminue en rien mon rendement: Avec le ramadan, les journées dans l'administration sont plus légères et détendues et les gens deviennent plus calmes, y compris mon patron. La paresse, c'est inné à l'homme. On l'est ou on ne l'est pas», commente-t-il. L’humeur et l'attitude du patron au cours du mois de jeûne sont ainsi mesurées en fonction du rendement et de la productivité de ses salariés. Le ramadan pourrait y être pour quelque chose, mais sûrement pas pour tout. «Non, je ne stresse pas pendant le mois de Ramadan». D'un air calme, Sonia B., agent de contrôle dans un établissement financier, n'éprouve aucune difficulté à travailler durant le mois de jeûne. «Je profite toujours de cette période pour faire un bilan professionnel, personnel et, pourquoi pas, spirituel». Et la dame d'ajouter : «Il est évident que les gens ne sont pas disposés à travailler plus que d'habitude pour compenser la réduction des heures de travail. Pour ma part, je suis pour la journée continue. Cela me permet d'être plus productive. La journée de travail se déroule en effet avec une plus grande concentration et sans l'interruption de 12h à 14h, avec tous les inconvénients qu'elle comporte». Facile, mais pas pour tout le monde.
«Après 14 heures, je deviens inactif»
Certes, nécessité oblige, ceux qui sont tenus par des délais ne peuvent se permettre de lever le pied, mais, avec toute la bonne volonté du monde, il devient difficile à 14 heures d'être réellement efficace. « Le ramadan n'est pas un mois commode pour travailler. Certes, la journée continue permet d'être actif plus longtemps mais après 14 heures, je deviens moins productif ; je m'arrange donc pour terminer l'essentiel avant cette heure fatidique. Au-delà, ce sont plutôt les réunions, ou les problèmes à régler par téléphone qui prennent le pas ...et encore. Il faut dire que l'absence de café et de cigarette pèse lourd sur ma concentration. De plus, j'évite au maximum le contact des personnes pour éviter les conflits», confie Mamadou Gueye, cadre d'une entreprise industrielle. Mais la faim n'explique pas tout. Il est vrai que c'est une période de sevrage qui peut être mal vécue chez certaines personnes. Mais n'oublions pas que, à force de veiller chaque soir, on a du mal à garder suffisamment d'énergie pour tenir toute la journée le lendemain, même en temps normal. En revanche, selon Samba Niang, Dg d'une société de multiservice, «la baisse de régime relève beaucoup plus d'une impression subjective. Il y a une attitude sociale qui banalise et rend acceptable le fait que cette période est particulière et peut justifier un comportement particulier, qui va évidemment dans le sens d'un relâchement de l'effort». En effet, dans certains cas, la privation n'est qu'un prétexte pour lever le pied. En somme, la baisse de régime n'est pas une fatalité ; on peut jeûner et travailler correctement. Tout est question de conviction, mais aussi d'organisation. Pour Aminata Gueye, l'antidote pour garder le rythme consiste à adopter une hygiène de vie correcte. «Je m'interdis de prolonger la soirée au-delà de 23h 30. Du coup, comme le travail commence un peu plus tard que d'habitude, j'arrive à supporter la journée sans difficulté», explique la gérante de l'agence de voyage Arc-en ciel.
«Le mois de Ramadan nous ménageons nos salariés»
Dans d'autres secteurs d'activités, on n'a pas le temps de souffler. C'est le cas par exemple des pâtissiers et boulangers. Une augmentation du nombre des occasionnels est souvent constatée dans le réseau pour éviter les ruptures de stocks. Dans ce contexte particulier, il revient donc à l'entreprise de faire en sorte que le temps de travail soit optimisé. «Dans notre programme de production, nous tenons toujours compte du mois de Ramadan pour ménager nos salariés. Cependant, quand nous avons des délais à respecter il faut être plus rigoureux sur la cadence», explique Baye Sow, chef boulanger. Si pour les employés et le personnel de support en général, le temps de travail est délimité et connu de tous, il n'en est pas de même pour les cadres, souvent obligés de prolonger leurs journées. «Chez nous, les réunions sont organisées le matin, c'est-à-dire jamais après 12 heures», souligne Mohamed Mbow, ingénieur de réseau dans une société de services informatiques. «Pour le reste, étant donné que l'essentiel des interventions se fait chez le client, nous nous organisons individuellement en fonction des horaires de celui-là. Certains reviennent le soir au bureau pour éplucher quelques dossiers ou discuter plus sereinement avec un collaborateur», poursuit-il. Toutefois, le Ramadan ne présente pas que des contraintes. Beaucoup en profitent pour faire le point sur leurs activités, revoir leur plan de développement ou encore multiplier les contacts lors des soirées entre amis. Une manière d'élargir son réseau.
OUMAR SYLLA DIALLO, PHARMACIEN-NUTRITIONNISTE «La baisse de tonus est normale»
«Le jeûne est une longue journée d'abstinence. Et après le «kheud» de l'aurore et des heures de travail intellectuel, l'individu peut noter une baisse de son stock d'énergie. Il est très normal que l'organisme soit fatigué et que la personne en activité note une baisse de son tonus durant la journée du jeûne. Pour éviter fatigue diurne, il faut consommer des aliments riches en vitaminés et oligo-éléments. Le jeûne s'étale sur une période de 17 heures et le mental de la personne en activité, habituée à consommer des aliments à certaines heures de la journée, peut ressentir ce manque et transmettre cela au corps qui réagit par une baisse de tonus. Cependant, tout dépend aussi de la mentalité de la personne et de son stock en énergie. Certaines personnes se fatiguent plus rapidement que d'autres. En définitive, tout repose sur la conscience.»
SOURCE : L’OBS NDEYE FATOU SECK
10 Commentaires
Laay Njaaxum
En Août, 2011 (00:07 AM)FÉLICITATION A Y'EN A MARRE POUR SON REFUS DE SE RENDRE A TOUBA AVEC LE M23. DEPUIS BLAISE DIAGNE JUSQU’À WADE LES OLIGARCHIES CONFRÉRIQUES SONT TJRS DU CÔTÉ DES POUVOIRS POLITIQUES. CE QUE LES SÉNÉGALAIS IGNORENT C'EST QUE CES DYNASTIES SONT DES CRÉATURES DU POUVOIR COLONIAL. ILS ÉTAIENT DES SUPPLÉTIFS DES COLONS. FÉLICITATION A Y'EN A MARRE POUR SON REFUS DE SE RENDRE A TOUBA AVEC LE M23. DEPUIS BLAISE DIAGNE JUSQU’À WADE LES OLIGARCHIES CONFRÉRIQUES SONT TJRS DU CÔTÉ DES POUVOIRS POLITIQUES. CE QUE LES SÉNÉGALAIS IGNORENT C'EST QUE CES DYNASTIES SONT DES CRÉATURES DU POUVOIR COLONIAL. ILS ÉTAIENT DES SUPPLÉTIFS DES COLONS. FÉLICITATION A Y'EN A MARRE POUR SON REFUS DE SE RENDRE A TOUBA AVEC LE M23. DEPUIS BLAISE DIAGNE JUSQU’À WADE LES OLIGARCHIES CONFRÉRIQUES SONT TJRS DU CÔTÉ DES POUVOIRS POLITIQUES. CE QUE LES SÉNÉGALAIS IGNORENT C'EST QUE CES DYNASTIES SONT DES CRÉATURES DU POUVOIR COLONIAL. ILS ÉTAIENT DES SUPPLÉTIFS DES COLONS. 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Laay Njaxum
En Août, 2011 (00:08 AM)Laay Njaaxum
En Août, 2011 (00:09 AM)Lewwel
En Août, 2011 (00:56 AM)Tamagrou
En Août, 2011 (07:14 AM)C'est une lourde hypothèque sur le progrès économique du pays, mais aussi sur les budgets des familles avec le gaspillage durant le ramadan, suivi d'une série de fêtes de gaspillages telles que la korité et surtout la tabaski.
Lentement mais sûrement, le pays assiste ainsi à une descente aux enfers: l'économie déficitaire, plus d'argent pour vivre décemment et pour scolariser ses enfants, bref: le developpement mis en cause à tous les nouveaux
Et entre temps, responsables politiques et religieux se remplissent les poches sur le dos d'une population qui sombre dans le besoin.
Les coupures de courants de plusieurs jours seraient même un bienfait pour alléguer la facture de la sénélec.
Quand le peuple sénégalais va-t-il ouvrir enfin les yeux et arrêter de se faire exploiter et maltraiter par cette religion surannée qui favorise l'hypocrisie, le mensonge, le vol et le viol, etc...
Babacool
En Août, 2011 (09:28 AM)Patisco
En Août, 2011 (10:40 AM)Vive wade 75% au premier tour
Ndiaganiao
En Août, 2011 (10:42 AM)vive wade et ses alliés le peuple sénégalais est avec toi 75% au premier tour
Madieumbe
En Août, 2011 (16:35 PM)Neet...
En Août, 2011 (18:54 PM)...
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