Vétéran respecté de la Guerre d’indépendance et figure du mouvement populaire de contestation en cours en Algérie, Lakhdar Bouregaâ, 86 ans, a été remis en liberté jeudi après six mois de détention provisoire.
« Son procès, qui devait s’ouvrir ce jeudi matin a été reporté et le juge a décidé de le libérer », a expliqué son avocat maître Abdelghani Badi. Il a précisé que Lakhdar Bouregaâ, qui a été opéré d’urgence d’une hernie durant sa détention en novembre, comparaîtrait libre lors de son procès, renvoyé au 12 mars.
Symbole du « Hirak »
Haut responsable militaire de l’Armée de libération nationale (ALN) durant la guerre contre le pouvoir colonial français (1954-1962), Lakhdar Bouregaâ est inculpé d’« outrage à corps constitué » et « de participation à une entreprise de démoralisation de l’armée ayant pour objet de nuire à la Défense nationale ».
L’arrestation à son domicile puis son placement en détention préventive, le 30 juin, ont suscité l’indignation en Algérie, notamment dans les rangs du mouvement « Hirak » de contestation du régime né le 22 février, aux manifestations hebdomadaires duquel il participait régulièrement.
Son portrait était depuis brandi dans les cortèges et il était le symbole de tous les « détenus politiques et d’opinion » incarcérés depuis juin en lien avec le « Hirak ».
180 manifestants en détention provisoire
Lakhdar Bouregaâ avait été arrêté après avoir sévèrement critiqué le puissant chef d’état-major de l’armée de l’époque, le général Ahmed Gaïd Salah, qui apparaissait alors comme l’homme fort de l’Algérie depuis la démission le 2 avril du président Abdelaziz Bouteflika, sous la pression du « Hirak ».
Depuis le début de ces mouvements de contestations en Algérie, quelque 180 manifestants, militants ou journalistes ont été placés en détention provisoire, essentiellement pour avoir brandi des drapeaux berbères ou pour des écrits sur les réseaux sociaux, et certains condamnés.
Quelques-uns ont été acquittés, parfois après quelques mois de détention préventive. Une trentaine d’autres, condamnés pour « atteinte à l’intégrité du territoire », ont été successivement libérés ces derniers jours après avoir intégralement purgé leur peine de six mois de prison ferme. Environ 140 personnes restent incarcérés, condamnées ou en attente de jugement.
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